Partie 2 Galerie des portraits

Tête de Tibère couronné de chêne

0%
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Tête de Tibère couronné de chêne
Données biographiques
42 avant n. è. - 37
Empereur de 14 à 37
Date de création
Dernière décennie du règne (26/27-31 de n. è.) ?
Type
Inversion (des mèches de la frange) du type « Berlin-Naples-Sorrente »
Matériau
Marbre lychnites (île de Paros)
Dimensions
H. 34 x l. 18 x P. 22,2 (cm)
Numéro d’inventaire
Ra 90

Mentionnée dans un catalogue de 1912, où elle fut associée aux œuvres issues des fouilles de Chiragan des années 1826 et 1828, cette tête n’apparaissait nulle part auparavant ; Léon Joulin lui-même n’en fit pas mention, ni ne l’illustra, dans son ouvrage, publié en 1901. Par conséquent, et dans l’attente d’un témoignage probant, on ne peut que rester prudent quant au lien de ce portrait de Tibère avec la villa.

Né en 42 avant n. è., de l’union de Livie et Tiberius Claudius Nero, Tibère appartient à la gens Claudia, famille au lignage prestigieux. Il a trois ans lorsque sa mère se remarie à Octave, héritier de Jules César et membre du second Triumvirat, aux côtés de Marc Antoine et Lépide. Suite aux décès de tous ses successeurs présomptifs, celui qui, désormais, porte le nom d’Auguste, se voit contraint d’adopter le fils de Livie, associant donc le nom des Claudii à la gens des Iulii.

Les caractéristiques retenues pour représenter cet héritier, monté sur le trône à l’âge de 55 ans, semblent entrer en concordance avec ce qui pouvait, psychologiquement et politiquement, l’opposer à son beau-père. Les portraits restent en effet dominés par une description sans concession, objective et fort éloignée de l’idéal grec des effigies de son beau-père. Cependant, l’agencement des mèches frontales, dérivé du type « Prima Porta » d’Auguste, trahit le besoin de s’approprier certains détails des images du règne précédent, preuve du loyalisme du souverain envers ce régime et témoignage de la perpétuité dynastique. La tête toulousaine manifeste une réelle originalité en ce sens : si les mèches y reprennent exactement celles des principales effigies du type dit « Berlin-Naples-Sorrente », elles sont inversées sans que l’on ne puisse donner une réelle explication à cette disposition.

Le personnage, on le sait, est une personnalité complexe. Fuyant l’ambiance fielleuse de la capitale en 27, il s’exile, jusqu’à sa mort, sur l’île de Capri. La tête de Chiragan dépend d’un prototype créé très tardivement ; Tibère avait alors entre 65 et 75 ans et ne vivait donc plus à Rome depuis longtemps. Cependant, il ne s’était encore jamais fait représenter ainsi, couronné de chêne. Le prince aurait refusé que l’on accroche cette distinction dans le vestibule de son palais. L’emblème, qui évoque la clémence de l’empereur et le rapproche de Jupiter, est également associé au titre de « Père de la Patrie » (Pater Patriae), un honneur récusé par Tibère lui-même Tacite, Annales, 1st century, 2, 87 ; Suétone, « Tibère », Vies des douze Césars, beginning of the 2nd century, 26,4 et 67,2 ; D. Cassius, Histoire romaine, 2nd century, 57, 8, 1..

Une partie de la couronne de la tête du musée Saint-Raymond fut probablement brisée dès l’origine, peut-être lors de l’exécution des feuilles de chêne, opération très délicate pour le sculpteur. Ainsi s’explique la grande mortaise, située sur le côté droit, qui correspond à une réparation et à l’insertion d’une prothèse. C’est un pareil accident qui explique le creusement du Portrait de Tibère, Musée archéologique national de Tarragone, Francis Raher / Wikimedia Commons CC BYportrait de l’empereur découvert à Tarragone E.M. Koppel, « Retratos de Tiberio y de Nero Caesar en Tarragona », P. León Alonso, T. Nogales Basarrate, Reunión sobre escultura romana en Hispania (éd.), Actas de la III reunión sobre escultura romana en Hispania, Cordoue, 1997, Madrid, 2000, p. 81‑91, p. 81-83..

D’après J.-C. Balty 2005, Les portraits romains , 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse, p. 163-179.

Bibliographie

  • Balty, Cazes 2005 J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse
    .
    p. 164-179, no 6
  • Cazes et al. 1999 D. Cazes, E. Ugaglia, V. Geneviève, L. Mouysset, J.-C. Arramond, Q. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris
    .
    p. 118, fig. 120
  • Centro de Exposiciones Arte Canal 2007 Centro de Exposiciones Arte Canal, Roma S.P.Q.R : Senatus Populus Que Romanus. Exhibition Centro de Exposiciones Arte Canal, Madrid, 20 november 2007 - 2 march 2008, Madrid
    .
    p. 100-101, no 21
  • Espérandieu 1908 É. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 2. Aquitaine, Paris
    .
    p. 95-96, no 1012
  • Felletti Maj 1959 B.M. Felletti Maj, « Claudio »
    .
    p. 706
  • Fittschen, Zanker 1985 K. Fittschen, P. Zanker, Katalog der römischen Porträts in den Capitolinischen Museen und den anderen kommunalen Sammlungen der Stadt Rom, Mainz
    .
    p. 15, no 13
  • Fittschen, Zanker 1983 K. Fittschen, P. Zanker, Katalog der römischen Porträts in den Capitolinischen Museen und den anderen kommunalen Sammlungen der Stadt Rom (Beiträge zur Erschliessung hellenistischer und kaiserzeitlicher Skulptur und Architektur), Mayence
    .
  • Gascou, Terrer 1996 J. Gascou, D. Terrer, « La présence de Tibère en Narbonnaise : les portraits et les inscriptions », Revue archéologique de Narbonnaise, 29, 1, p. 31‑67
    .
    p. 47-49, fig. 28-30
  • Hausmann 1985 U. Hausmann, « Bemerkungen zum " dritten » Portrat- Typus des Tiberius », Quaderni ticinesi, 14, p. 211‑225
    .
    p. 222 exemplaire "u"
  • Hausmann 1988 U. Hausmann, « « Redeat Narratio » : zu einem Kaiserporträt in Ancona », Ritratto ufficiale e ritratto privato, Rome, p. 331‑334
    .
    p. 332 exemplaire "q"
  • Koppel 2000 E.M. Koppel, « Retratos de Tiberio y de Nero Caesar en Tarragona », P. León Alonso, T. Nogales Basarrate, Reunión sobre escultura romana en Hispania (éd.), Actas de la III reunión sobre escultura romana en Hispania, Cordoue, 1997, Madrid, p. 81‑91
    .
  • Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse
    .
    p. 53, no 90
  • Rosso 2006 E. Rosso, L’image de l’empereur en Gaule romaine : portraits et inscriptions (Archéologie et histoire de l’art), Paris
    .
    p. 443-445, no 211
  • Salviat, Terrer 1980 F. Salviat, D. Terrer, « À la découverte des empereurs romains et de leur famille, à travers les historiens et les portraits de Gaule Narbonnaise », Les dossiers de l’archéologie, 41, p. 6‑87
    .
    p. 28, 30, fig. p. 27
  • Terrer, Lauxerois, Robert 2003 D. Terrer, R. Lauxerois, R. Robert, Nouvel Espérandieu : recueil général des sculptures sur pierre de la Gaule. Tome I : Vienne (Isère), Paris
    .
    p. 72 (à propos du no 143)

Pour citer cette notice

Capus P., "Tête de Tibère couronné de chêne", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_90>.