Ra 178
Piédouche d’un buste disparu
IIIe siècle
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 19,5 x l. 23 x P. 20 (cm)
De même que pour l’essentiel des villae, le problème de l’iden-tité des maîtres de Chiragan semble inextricable. En outre, on ne peut réduire un tel domaine, dont l’activité s’échelonne sur plusieurs siècles, à un seul type de propriétaire. Davantage que les remaniements, agrandissements et restructurations archi-tecturales, c’est surtout l’impressionnante quantité de portraits, dont une série notable de probables hauts fonctionnaires, qui a permis d’avancer l’hypothèse d’une résidence de gouverneur de province. En outre, et en raison même de la somptueuse parure de marbre qui fut associée à cette architecture imposante, une fonction de résidence impériale a toujours été plus ou moins soupçonnée.
À qui appartenait cette extraordinaire collection de
sculptures ? Les liens avec l’Italie sont bien entendu très puissamment inscrits dans ce
rassemblement, en particulier les portraits. La majorité, impériaux comme anonymes, peuvent être directement
reliés à des ateliers romains. Aujourd’hui mêlée aux effigies
impériales, l’importante série des anonymes remonte pour sa part aux époques antonine et sévérienne. Elle concerne très probablement des
personnages qui dépendaient de l’ordre équestre et repré-sentaient d’importants acteurs de la vie fiscale et
administrative romaine. Parmi ces inconnus, certains faciès sembleraient avoir été reproduits ailleurs, dans
l’Occident romain. La présence simultanée de portraits similaires en
différents points de l’Empire pourrait ainsi témoigner des charges de procurateur endossées par un
même individu au service de plusieurs provinces M.
Bergmann, op. cit., p. 30, p. 42-43 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, E. Rosso, Les portraits romains, 1 : Le siècle des Antonins,
1.2 (Sculptures antiques de Chiragan
(Martres-Tolosane)), Toulouse, 2012,
p. 268-269..
Bien malheureusement, nous devons nous contenter, pour la villa de Chiragan, d’une seule
inscription, celle qui fut gravée sur ce piédouche (base), aujourd’hui privé de son buste, découvert à l’ouest
de la grande cour méridionale, au niveau d’une série de pièces bordées par un cryptoportique. On y lit GENIO
C. ACONI TAURI VET., ainsi traduit : « Au génie d’Aconius Taurus » O. Hirschfeld, CIL
Corpus inscriptionum latinarum, XIII, Inscriptiones trium Galliarum et Germaniarum
latinae, I-1, Inscriptiones Aquitaniae et Lugdunensis, Berlin, 1899, 11007.. Le
nom propre d’Aconius (gentilice) est placé, comme il se doit, entre le prénom (praenomen)
Gaius, abrégé en C., et le surnom (cognomen), Taurus H. Graillot, « La villa romaine de
Martres-Tolosane, villa Aconiana », Annales du Midi,
20, 1908, p. 20‑77, p. 17,
en partic. p. 14-15.. Si ce document épigraphique est loin de répondre à toutes les
interrogations relatives aux propriétaires ou aux gestionnaires du domaine foncier, il représente cependant
un expédient non négligeable en ouvrant la voie à quelques hypothèses. L’inscription, incomplète, dont la
forme des lettres ne serait pas antérieure au IIe siècle W. Eck, « Sugli Aconii e sul loro legame
con Roma », S. Ensoli, E. La
Rocca (éd.), op. cit.,
p. 172‑173, p. 172 ;
M. Bergmann, op. cit., p. 43., est donc dédiée au genius (le double surnaturel)
de Gaius Aconius Taurus. On connaît deux familles différentes d’Aconii, à la fin du
IIIe siècle, en Italie. L’une d’entre elles était installée à Pérouse, où fut retrouvé un portrait
privé, rapproché de l’une des effigies de Chiragan L.
M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and
Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005, p. 63.. Un sénateur nommé
Aco Catullinus est également attesté à Rome au début du IVe siècle.
Le nom d’Aconius réapparaît à Rome à la fin du IVe – début du Ve siècle ; l’un des membres parmi les plus connus de la famille est Aconia, femme de Vettius Agorius Praetextatus. L’attache-ment des époux au paganisme était notoire, comme leur fidélité à de nombreux cultes à mystères Ibidem, p. 62.. Mais les preuves seraient insuffisantes pour relier une dédicace de statue de Gaule méridionale, peut-être datable du IIe siècle de n. è., à des noms, certes identiques, mais répertoriés bien plus tardivement, à Rome et en Italie W. Eck, op. cit., p. 172-173.. On ne doit cependant pas oublier qu’au XVIIe siècle, le site des ruines de Chiragan était localement appelé Angonia, du nom de la villa Aconiaca, éventuel souvenir de l’un des propriétaires du domaine. Ce portrait, dont ne subsi-ste que la base inscrite, était-il donc celui de l’un de ces hauts fonctionnaires, propriétaires ou gestionnaires du domaine ?
P. Capus
Partie 2
Les portraits
Un ensemble spectaculaire
Partie 2
Les portraits
Un ensemble spectaculaire
Dès la plus haute Antiquité, l’image officielle a servi l’exercice du pouvoir. Rome, pour sa part, fut à l’origine d’un exceptionnel développement de l’effigie impériale : monnaies et sculptures, en premier lieu, permirent la fixation des traits et leur diffusion. La mise en place d’une grammaire formelle du régime le fut à travers le portrait officiel et l’initiative en revient à Auguste. Dès le début de son règne, l’image du souverain fut soumise à une codification, mise en œuvre par l’atelier du Palais, qui ne négligea rien, et ce jusqu’à la moindre boucle frontale.
Sous l’Empire, l’apparence physique de l’empereur fut donc subtilement élaborée sous l’égide du prince lui-même et concerna également les membres de la famille impériale, impératrice et héritiers appelés à la succession. La statuaire impériale, issue des ateliers les plus compétents de la capitale, conserva l’exclusivité des espaces publics telle la grande aire à ciel ouvert du forum et ses annexes (basilique, curie et portiques qui y sont associés), les établissements thermaux, les théâtres voire, notamment en Grèce orientale, les grands nymphées monumentaux où elle envahit les niches. Des séries de portraits pouvaient également se déployer au sein des grands camps militaires romains (castra). Ce sont, enfin, de très riches demeures privées qui ont parfois livré, à travers tout l’Empire, des représentations officielles, distribuées dans des espaces appropriés.
La diffusion du portrait, élaboré selon des paramètres instaurés par son commanditaire, dépendait d’artisans qualifiés dont le nom n’apparaît généralement pas, à l’image du monde anonyme des artisans de la Rome antique, de quelque talent que ce soit. Le sculpteur, comme tout fabricant d’images, appartient en effet au monde des esclaves et pratique une activité qui n’est pas digne d’un homme libre. Il demeure que l’auteur du prototype d’un portrait officiel œuvrait à Rome et évoluait dans les sphères mêmes du pouvoir, obéissant donc aux sommations impériales en matière d’esthétique et de conception. Ce prototype était destiné à être reproduit en de nombreux exemplaires et diffusé à Rome même, comme dans les provinces. Mais un portrait pouvait reprendre certaines caractéristiques capillaires voire même physiques d’un empereur tout en ne repré-sentant pas celui-ci. Princes héritiers présomptifs ou directs, individus proches du pouvoir ou tentant peut-être de l’être, s’approprient parfois les traits du souverain, en général le dessin des mèches de cheveux de la frange. C’est bien là une caracté-ristique du portrait romain et de ces « visages de l’époque » qui, se référant à une effigie impériale, n’hésitent pas à en copier la coiffure, l’attitude, voire l’expression. Cette recherche du mimétisme de la part de personnages qui demeurent en général anonymes pour nous, trouve un écho jusque dans les parties les plus reculées de l’Empire en raison de la diffusion à très grande échelle du portrait impérial. Aux confins de la Narbonnaise et de l’Aquitaine, ce sont les gisements de marbres découverts à Chiragan qui prouvent magistralement, et même au-delà de toute mesure, le rayonnement, dans les provinces, du portrait impérial et des images d’individus proches du pouvoir. La moitié des bustes découverts dans l’ensemble de la Gaule provient, en effet, de ce seul site E. Rosso, L’image de l’empereur en Gaule romaine : portraits et inscriptions (Archéologie et histoire de l’art), Paris, 2006, p. 179..
Certes, l’histoire complexe des collections du musée de Toulouse fut parfois marquée par le chaos des inventaires, qui, par manque de rigueur ou tout simplement par leur absence, incitèrent à attribuer erronément certains exemplaires à la villa, ainsi que le fit, malgré tout le sérieux de son travail, Léon Joulin. Ces portraits inopportuns ont été depuis dissociés de l’ensemble grâce à la reprise scrupuleuse du dossier par Daniel Cazes, voilà une vingtaine d’années J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2005, p. 19-21.. Si certaines de ces sculptures ne sont donc plus exposées aujourd’hui, le doute est encore permis pour quelques autres, dans l’attente de la découverte de nouvel-les sources écrites qui permettraient de corroborer ou d’infirmer leur lien avec Chiragan.
Les portraits dont les origines martraises semblent aujourd’hui
assurées, sont chronologiquement circonscrits entre les deux premières décennies du Ier siècle
de n. è. Ibidem, p. 140. et la fin
du IIIe siècle. Quant à l’intrigante et très rare tête féminine voilée, datée de l’époque
de l’empereur Théodose, qui clôt la longue séquence de têtes au musée, sa provenance demeure incertaine.
Ainsi, durant au moins trois cents ans, les grandes salles de réception, les atria, les portiques,
voire même les cryptoportiques,
furent-ils autant d’espaces idoines pour l’exposition des visages impériaux,
comme des successeurs putatifs, des princesses et des anonymes. Les nombreux inconnus qui, nous l’avons
dit, alternent avec les effigies impériales, remontent prioritairement à la seconde moitié du IIe
siècle et au siècle suivant et ne peuvent que se référer à d’éminents protagonistes de la haute adminis-tration
impériale. Portant la cuirasse ou dénudant héroïquement leur torse, ces portraits masculins, qui purent parfois
être le produit d’une retaille, ou si l’on veut, d’une « réadaptation », à partir d’une
effigie antérieure, ont été respectivement inter-prétés comme des militaires ou des philosophes. Léon Joulin,
dès 1901, et aujourd’hui Jean-Charles Balty, préfèrent cependant voir dans ces images de présumés
procurateurs L. Joulin,
Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris,
1901, p.
187-188 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, E.
Rosso, Les portraits romains, 1 : Le siècle des Antonins,
1.2 (Sculptures antiques de Chiragan
(Martres-Tolosane)), Toulouse, 2012,
p.
263-265.. Ces derniers, en tant qu’intendants désignés par le pouvoir central, géraient
et administraient directement ce domaine impérial, composante du fisc de l’empereur.
La série des quelques soixante représentations, impériales et anonymes, constitue un grand nombre de types, distingués dans le cadre des études sur le portrait par des générations de spécialistes. Certes, les typologies de ces visages marmoréens aident à fixer un cadre chronologique, fluide et relativement déchiffrable ; cependant, la question de l’accumulation des œuvres au sein de la résidence est toujours posée. La galerie aujourd’hui artificiellement recomposée au sein du musée, a autorisé, en matière de périodisation, la construction d’hypo-thèses. Ainsi peut-on déterminer la présence, dans les grandes salles de représentation de la villa, d’au moins trois groupes principaux, remontant successivement aux époques julio-claudienne, antonine et sévérienne, auxquels se joignent quelques exemplaires légèrement postérieurs à 235. Quant à la très belle tête féminine voilée, déjà citée et datée de la période théodo-sienne, si tant est qu’elle ne soit même légèrement postérieure, son apparent isolement chronologique n’exclut pas de spéculer sur une occupation encore très tardive. Par ailleurs, une importante série de sculptures mythologiques confirme cette permanence de la vie dans le domaine, ainsi que de commandes répétées, au moins durant le IVe siècle, d’œuvres de très haute qualité ; nous y reviendrons dans la partie 4 de ce catalogue.
Peut-on, enfin, tenter d’expliquer l’absence de certains empereurs et même de certaines dynasties, dans le dévelop-pement chronologique de cette longue chaîne d’images ? Parce que la quantité des effigies mises au jour sur cette terrasse alluvionnaire de la Garonne ne cesse d’étonner, les lacunes prêtent inévitablement le flanc à diverses conjectures. Si l’on peut aisément admettre et comprendre une césure à partir du règne de Caligula, admissible à nouveau sous Néron ou encore Domitien, que penser de l’absence de Vespasien, de Titus voire des impératrices et princesses flaviennes ? Doit-il être alors question de l’interruption des importations de portraits ? De la cessation d’activité du domaine ? De la destruction de ces représentations durant les siècles postérieurs ?… Tant de questions se poseront toujours en l’absence d’une documen-tation épigraphique qui, ici encore, fait cruellement défaut. Ces interrogations demeureront également en suspens sans de nouvelles fouilles qui, peut-être, nous permettraient de préciser l’évolution du domaine et d’établir un parallèle entre la chronologie de l’occupation et l’importation de portraits officiels.
P. Capus
Ra 57
Buste d'Auguste couronné de chêne
63 avant n. è. - 14 de n. è.
Empereur de 27 avant n. è. à 14 de n. è.
Première moitié du Ier siècle
dit « Prima Porta »
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 51 x l. 34 x P. 25 (cm)
Petit-neveu de Jules César, Octave est le sauveur de la République et le fondateur de la dynastie des Julio-Claudiens. Le titre d’Auguste (épithète renvoyant à la sphère religieuse et qui l’élève au-dessus des autres hommes) lui fut décerné le 16 janvier 27 avant n. è. par le Sénat. Augustus devint rapi-dement son prénom et celui de tous ses successeurs.
Le schéma des mèches frontales est identique à celui de la tête, associée à un corps cuirassé et aux pieds nus, de la statue découverte à Prima Porta, aux portes de Rome, dans la villa de Livie, épouse d’Auguste. Cette œuvre, aujourd’hui conservée dans les Musées du Vatican, montre un visage qui, loin de la physionomie de l’empereur, s’inspirait de celui du Doryphore (« Porteur de lance »), sculpture en bronze, connue par quelques répliques romaines en marbre, exécutée vers 440 avant n. è. par Polyclète, l’un des grands maîtres de l’époque classique. L’art de la Grèce du Ve siècle avant n. è. est en effet une référence constante dans l’art augustéen. L’idéal grec permet notamment de donner une image immuable de l’empereur, éternellement jeune, reflet de la stabilité de l’Empire. Le type iconographique de la tête de la statue de Prima Porta est associé à un type statuaire dont la portée symbolique était lourde de sens : des pieds nus, qui renvoyaient sans doute à un contexte religieux, ou encore d’héroïsation, et un décor sur la cuirasse montrant la restitution, en 20 avant n. è., des enseignes prises par les Parthes aux légions romaines de Crassus, lors de la bataille de Carrhes (actuelle Turquie), en 53 avant n. è. Un seul type de portrait, récurrent et stable, pouvait, on le sait, être associé à des types de statues différents : cuirassée, en toge (tête nue ou voilée), torse nu avec manteau enroulé à la taille, équestre ou encore assise. Le portrait d’Auguste, identique, donc, à celui de la statue de Prima Porta conservée au Vatican, montre une organisation des mèches, en particulier au-dessus du front, qui rompt avec le schéma qui avait été adopté pour les représentations antérieures de l’Empereur. On y distingue un agencement, strictement suivi durant tout le règne, déterminé par de grandes mèches qui, depuis la droite, dessinent une fourche et deux « pinces de crabe ». La coiffure s’est aplatie et s’éloigne du gonflement caractéristique visible dans les portraits de jeunesse, conçus durant la guerre civile. Désormais, le visage, marqué du sceau de l’équilibre et de la plénitude de l’art grec classique, répond à la chevelure disciplinée, l’ensemble formant une métaphore de la pacification de Rome par le vengeur de la mort de César. Le type, appelé à devenir immuable, permet d’identifier sans réelle ambigüité le primus inter pares (premier parmi ses égaux). C’est à partir de l’attribution du titre d’Augustus et de sa prise de pouvoir sur la République (sans qu’il ne soit réellement question d’un régime de type monarchique), en 27 avant n. è., que ce portrait de l’imperator fut créé et put s’imposer. Partout dans l’Empire, jusqu’à ses confins, cette image idéale fut rapidement diffusée.
Le portrait de Chiragan arbore la corona civica (« couronne civique »), composée de
feuilles de chêne, symbole de Jupiter. Cet emblème honorifique fut
décerné par le Sénat, en 27
avant n. è., lors de la cérémonie d’investiture de celui qui avait
mis fin aux guerres civiles, rétabli la paix et assurait préserver les valeurs de la République
oligarchique. Deux autres portraits, de même type et couronnés de chêne, conservés au musée du Louvre
et à la Glyptothèque de Munich, ont été rapprochés de l’effigie de Chiragan. On notera, notamment,
sur ces trois œuvres, comme sur bien d’autres, le crâne aplati à l’arrière il semble bien que
ce trait récurrent sur les effigies en marbre de l’empereur représente l’une de ses caractéristiques
physiques, à l’image, peut-être, de la bosse nasale, conforme à ce que rapporte Suétone Suétone,
« Auguste », Vies Des Douze Césars, début IIe siècle. dans sa
description détaillée d’Auguste.
D’après J.-C. Balty, 2005 J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 73-98.
Ra 73 a
Buste de jeune homme
Vers 120
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 63 x l. 43 x P. 26 (cm)
Ce buste est l’un des plus beaux portraits d’inconnus de la collection du musée Saint-Raymond. Le type de coiffure s’inspire de celui des représentations de Trajan ; mais les cheveux ont plus de volume et leurs mèches un mouvement plus ondoyant et animé, qui annonce déjà les portraits d’Hadrien.
Quelques éléments permettent d’affiner la datation. Au nombre de ceux-ci, l’absence d’indication de l’iris sur le globe de l’œil, comme de la pupille, précision à l’origine apportée par la polychromie, aujourd’hui disparue. Ce n’est qu’à partir de 130 environ que l’on incisera et que l’on forera ces détails oculaires. Ici, les yeux demeurent lisses. On ne peut donc descendre la date de l’œuvre au-delà de cette limite. Un critère supplémentaire est celui de la forme même du buste : toute représentation du haut de l’abdomen est absente, comme sur un buste d’Hadrien du British Museum, datable d’entre 118 et 121, voire de 119 très exactement (troisième consulat de l’empereur). Par conséquent, une date proche de 120 semble bien s’imposer.
On ne peut rattacher un nom à ce portrait de qualité ; cependant, une tête, malheureusement très dégradée, du Palais du Quirinal, à Rome, pourrait représenter le même personnage. Ce jeune garçon n’était donc pas n’importe qui. Bien entendu ce type de portrait héroïsé (car son torse est dénudé) et l’âge de l’individu ne permettent guère d’y voir un haut fonctionnaire impérial, comme ce sera le cas à la fin du IIe et au IIIe siècle pour plusieurs portraits « privés » de Chiragan. Cependant l’existence même d’une réplique à Rome montre bien les relations étroites existant entre la villa et le « centre du pouvoir ».
D’après J.-C. Balty, 2012 J.-C. Balty, D. Cazes, E. Rosso, op. cit., p. 119-130.
Ra 70
Portrait d'un inconnu en philosophe
Fin du IIe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 55,5 x l. 43 x P. 23 (cm)
On a anciennement vu ici la représentation de l’empereur Pupien, qui ne régna que trois mois, au printemps 238. L’œuvre est sans doute bien antérieure. Ce portrait possède toutes les caractéris-tiques du portrait de philosophe, issu de la tradition hellénis-tique orientale. Se faire représenter sous les traits d’un penseur devint une mode, amplement adoptée par les militaires proches du pouvoir, en particulier à partir de l’époque antonine.
Le visage ridé, les sillons palpébraux et naso-géniens marqués, l’affaissement des joues caractérisent la veine réaliste empruntée par le sculpteur. Cependant, à l’image des marques gravées par le temps sur la peau de cet homme, la sensibilité accordée au regard, associée au pivotement de la tête vers la droite, semble retranscrire une vie intérieure riche et une grande vitalité intellectuelle. K. Fittschen a souligné la ressemblance entre cette œuvre et un portrait, mais dont le buste est vêtu, conservé au musée Bardini de Florence K. Fittschen, « Ein Bildnis in Privatbesitz. Zum Realismus Römischer Porträts Der Mittleren Und Späteren Prinzipatszeit », Eikones. Studien zum griechischen und römischen Bildnis. Hans Jucker zum sechzigsten Geburtstag gewidmet, 12, 1980, p. 108‑114, en partic. p. 113..
Dès la fin de l’époque antonine, des hommes d’âge mûr sont ainsi représentés mais cette image constitue l’un des plus beaux exemples conservés, avec celui de Florence, de cette fidélité au réel, crue et poétique à la fois. Ce buste héroïsé doit donc appartenir à la fin de l’époque antonine ou au début de celle des Sévères.
P. Capus
Ra 74
Portrait d'Etruscilla (?)
Milieu du IIIe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 64,5 x l. 64 x P. 29 (cm)
Il s’agit ici de l’un des plus grands portraits féminins connus de l’art romain. La main droite retient un pan du grand manteau qui passe sur l’épaule. À l’arrière de la tête, une natte plate remonte vers le sommet du crâne mais la partie basse de ce chignon était sculptée à part et fixée par collage. Le type est nommé, selon la terminologie allemande, « Halbkörperbüste » soit « buste demi-corps », par conséquent coupé au niveau de la taille. Ce procédé demeure rare dans la sculpture romaine et n’apparaît pas avant le règne de Gordien III (238-244), empereur dont une effigie du musée du Louvre présente le même type de découpe.
La tête pourrait être rapprochée d’un portrait conservé à Rome, au palais des Conservateurs (inv. 2689), qui semble représenter le même personnage, sans aucun doute membre de la famille impériale. Coiffure et profil se retrouvent sur les monnaies de l’impératrice Etruscilla, femme de Trajan Dèce (249-251), candidate aujourd’hui privilégiée pour ce portrait, au détriment de Salonine, épouse de Gallien, ou de Plautille, mariée à Caracalla, antérieurement proposées.
D’après E. Rosso, 2006 E. Rosso, op. cit., p. 484-486.
Partie 3
L’art grec revisité
Une passion romaine pour les œuvres grecques
Partie 3
L’art grec revisité
Une passion romaine pour les œuvres grecques
L’art grec classique et hellénistique (du Ve au Ier siècle avant n. è.) apparaît dans toute sa splendeur et sa diversité aux généraux de Rome, conquérants de la Grande Grèce (Italie méridionale) à la fin du IIIe siècle avant n. è., puis de Corinthe, de l’Asie Mineure et d’Athènes elle-même, au début du Ier siècle avant n. è. Le pillage des merveilles artistiques par les triomphateurs permet l’arrivée à Rome de milliers de sculptures et de peintures qui inondent les portiques, sanctuaires et jardins publics de l’Urbs. Inévitablement, mais de manière plus discrète, un marché de l’art particulièrement dynamique permet d’abreuver les désirs d’ostentation d’une élite cultivée dont le faste des demeures déroge amplement aux valeurs communes d’austérité prescrites par la tradition républicaine.
Une passion pour l’esthétique grecque
Ce déferlement d’images marquera durablement la production figurative de Rome et sera à l’origine de l’éclosion d’ateliers de copistes, d’origine et de culture grecques. Ces derniers répondent à une demande forte, notamment dans le domaine de la sculpture, dès le début du Ier siècle avant n. è. A. Dardenay, « Rome, les Romains et l’art grec : translatio, interpretatio, imitatio, aemulatio… », C. Bonnet, F. Bouchet (éd.), Translatio : traduire et adapter les Anciens (Rencontres), Paris, 2013, p. 212.. Les sculpteurs ont alors pu former des artisans italiens. Ces derniers seront eux-mêmes à l’origine d’ateliers qui, dans les provinces de l’Empire, diffuseront à leur tour des séries de sculptures, copies, variantes voire nouvelles créations à partir de modèles conservés ou produits à Rome. Ces modèles, déployés dans l’espace public romain et parfaitement visibles de tous, ne faisaient, parfois, que s’inspirer de l’esthétique grecque et ne doivent pas être systé-matiquement perçus comme de véritables copies d’œuvres des époques sévère, classique et hellénistique.
Ce commerce d’œuvres d’inspiration grecque est un phéno-mène de grande envergure dont les traces nous permettent parfois, mais avec beaucoup de difficultés, de reconstituer certains originaux (pas plus d’une centaine de types, récurrents, sélectionnés parmi les multiples exemplaires créés en Grèce durant plus de cinq siècles). Les sculptures grecques en bronze, largement majoritaires dans l’ensemble de la production, ont été dramatiquement fondues en masse, à partir de l’Antiquité tardive, pour répondre aux besoins en métal, et ont ainsi presque toutes disparu. Les descriptions des auteurs Pline l’Ancien, encyclo-pédiste du Ier siècle de n. è. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 77 (circa). ou de Pausanias Pausanias, Périégèse, IIe siècle. au siècle suivant, viennent compléter l’état de nos connaissances sur les œuvres perdues et c’est en combinant ces écrits aux statues romaines conservées que les originaux grecs peuvent parfois être reconstitués.
Au Ier siècle avant n. è., à Rome, Pasitélès, dont les origines sont helléniques (il vient d'Italie méridionale, terre grecque), représente la nouvelle génération d'artistes spécialisés dans la copie. Il est l’auteur d’un traité, Mirabilia Opera in toto orbe, dont Pline se fait l’écho Pline l’Ancien, op. cit., XLV.. Son atelier devient l’un des principaux centres de la reproduction des incontournables de la statuaire grecque et un probable aimant pour le Romain aisé vivant dans la capitale. L’engouement des Romains pour les formes helléni-ques détourne alors les sculptures de leurs fonctions premières : originellement conçues à destination des sanctuaires, elles vien-nent désormais, pour la plupart, agrémenter les riches demeures. Ce nouveau contexte entraîne des modifications formelles de l’œuvre : les dimensions peuvent différer tout autant que certaines attitudes ou accessoires afin de mieux intégrer la statue dans son nouvel espace. Les sculpteurs romains sont donc à l’origine d’une multitude de variations artistiques rassemblées sous le terme de « copies », terme dont les composantes sont plus complexes qu’il n’y paraît.
Copier et réadapter
Depuis les reproductions fidèles jusqu’aux libres créations romaines, plusieurs typologies de copies s’offrent à nous, définies selon leur degré d’éloignement de l’original. La série de statues extraites des décombres de la villa de Chiragan permet de mieux comprendre ces différents types.
Les « reproductions exactes », par conséquent les statues les plus fidèles vis-à-vis de l’original, résultent souvent de procédés mécaniques bien précis comme le moulage ou encore la prise de repères par points au compas C. Rolley, La sculpture grecque, 2 : La période classique (Les manuels d’art et d’archéologie antique), Paris, 1999, p. 26.. Plus libre que la reproduction exacte, un deuxième type de création, qualifié de « variante », reprend l’idée et le style d’une statue originale mais en modifie certains détails (par exemple les plis du drapé). C’est le cas de la grande statue d’Athéna, provenant de Velletri, conservée au Louvre, mentionnée par Pausanias Pausanias, op. cit., 1.28.2., dont l’original fut créé vers 420 avant n. è. Les fouilles d’un atelier spécialisé dans la copie d’œuvres grecques, à Baïes, sur le golfe de Naples, ont livré des fragments de moules obtenus à partir du modèle initial. Ces éléments permettent de connaître la taille de l’œuvre grecque, attribuée à Crésilas, à partir de laquelle fut exécuté le moulage C. Landwehr, W.-H. Schuchhardt, C. Landwehr, « Die antiken Gipsabgüsse aus Baiae: griechische Bronzestatuen in Abgüssen römischer Zeit », Ärchäologische Forschungen, 14, 1985, en partic. p. 76-88.. Une variante de cette œuvre, aux dimensions plus modestes, fut découverte à Chiragan. Cette statuette de type Velletri répond aujourd’hui, dans les salles du musée, à l’image d’une autre Athéna, issue du même site, bien plus grande, réplique d’un modèle original de Myron. Toutes deux présen-teraient, par rapport aux originaux supposés, quelques infléchis-sements, perceptibles dans les plis du drapé ou le cordon de la ceinture. Si le copiste romain reprend bien un type connu, il peut donc également s’autoriser des modifications de dimensions, l’œuvre demeurant soumise à l’espace d’exposition dans le cadre privé de la demeure, ajouter une petite touche personnelle, à l’image du dessin des drapés, ou encore se conformer à quelques traditions d’atelier. On distingue par conséquent un relatif affranchissement des sculpteurs vis-à-vis des œuvres du passé, une certaine liberté dans l’interprétation de l’original. Si un grand nombre de copies demeurent fidèles aux originaux, détails et accessoires sont délibérément modifiés afin de répondre au goût contemporain. Comme l’a montré G. Lippold, la plupart des copies (nommées « Umbildungen » par l’archéologue) correspondent à des adaptations, des contaminations ou des pastiches G. Lippold, Kopien und Umbildungen Griechischer Statuen, Munich, 1923.. Un bel exemple, à Chiragan, est celui de la réplique en marbre noir turc, connue sous le nom de Vieux pêcheur.
Une autre démarche, la « combinaison », consiste pour le sculpteur d’époque romaine à former
un type nouveau en s’inspirant de deux modèles statuaires grecs, souvent d’époques différentes C. Rolley, op. cit.,
p. 138.. Cet éclectisme aboutit à des créations romaines libres qui interprètent sans barrières
les figures du passé. Ces créations constituent le dernier échelon des œuvres conçues à l’époque
romaine en relation avec des originaux grecs, reprenant le style d’un artiste ou d’une période tout en créant
une forme nouvelle. À Chiragan, l’exemple le plus parlant est le Bacchus
adolescent C. Vorster et al., Idealskulptur der römischen Kaiserzeit,
1 (Katalog der antiken Bildwerke), Munich, 2011, p. 418., proche de deux
sculptures représentant Apollon et Narcisse, conservées respectivement à Dresde et à Berlin C. Vorster,
« Spätantike Bildhauerwerkstätten in Rom », Jahrbuch des Deutschen Ärchäologischen
Instituts, 127/128, 2012, p. 393‑497, en partic. ill. 7a et b p. 407
et
ill. 18 p. 419.. Ces pastiches romains sont souvent difficiles à distinguer et sont
particulièrement trompeurs. En témoigne une statuette mutilée d’Éros, du type dit
« Centocelle » ou encore celle d’Esculape, toutes deux mises au jour à
Chiragan.
Cet éventail de répliques romaines, graduellement définies par rapport aux originaux grecs, témoigne de l’engouement des collectionneurs romains pour l’art grec des siècles passés. Mais il démontre également des besoins de commanditaires cherchant à pallier la pénurie de bronzes anciens qui affectait cruellement le marché de l’art à l’époque impériale. C’est ainsi que la production figurative romaine, dans les pas de la culture grecque, prit peu à peu son autonomie ; elle s’exprima en définitive relativement librement, dans le cadre d’un style éclectique où l’artiste cherchait davantage à rivaliser avec son modèle qu’à l’imiter.
Antiquité tardive
et survivance de la
sculpture mythologique
Les travaux menés sur la sculpture d’Asie Mineure, depuis les années trente du XXe siècle, ont
prouvé l’existence d’ateliers féconds sur le sol de l’Asie Mineure, de Constantinople à Aphrodisias
(Carie) L.M. Stirling,
The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul,
Ann Arbor, 2005, p. 136.. Florissants durant la période tardive, ils furent à l’origine
d’une statuaire mythologique abondante. Si certains sculpteurs privilégient une emphase musculaire et une
lourdeur certaine des corps L.M. Stirling, « Gods, Heroes, and Ancestors : Scuptural Decoration in
Late-Antique Aquitania », La Civilisation urbaine dans l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest de
la Gaule. Actes du IIIe colloque Aquitania et des XVIe journées d’archéologie
mérovingienne, Toulouse 23-24 Juin 1995, Bordeaux, 1996 (2), p. 209‑230, p. 216., d’autres
témoignent d’un attrait pour des proportions longues et minces et des visages au relief atténué. Des
rapprochements convaincants ont pu être entrepris entre ces productions orientales et les statuettes de Vénus et
de Diane, découvertes au sein de la villa de l’Antiquité tardive du Petit-Corbin, à
Saint-Georges-de-Montagne (Gironde). D’autres exemples, aujourd’hui rattachés à la même période, renforcent
davantage encore les discordances dans les proportions et les élongations corporelles, tels certains groupes
statuaires, conservés à Dresde ou Toulouse (voir en particulier la statuette de Vénus) L.M. Stirling, The Learned Collector, op. cit., p. 31..
Étirement et aplatissement de ces sculptures pourraient s’apparenter, selon L. Stirling, à l’art des
sarcophages, « domaine où les sculpteurs étaient requis pour travailler à partir de minces dalles de
pierre » Ibidem, p. 31.
. Suivant ce
postulat, si la frontalité des figures et leur faible épaisseur semblent en effet parfaitement s’harmoniser aux
cuves des tombeaux, on privilégiera cependant davantage, concernant la ronde-bosse, des pratiques d’atelier
qui surent s’adapter à de nouveaux modes d’exposition. Ainsi, niches et alcôves se prêtaient-elles
parfaitement à ces moyens et petits formats, fortement en vogue durant l’Antiquité tardive (IVe et
Ve siècles).
Outre ces interrogations sur les caractéristiques stylistiques de ces productions, il faut surtout noter le
dynamisme de la production de figures mythologiques au sein des ateliers. Qu’ils soient implantés à
Rome ou ailleurs, les sculpteurs répondent encore largement, durant tout le IVe siècle, et encore
très probablement jusqu’au milieu du Ve siècle, à une forte demande des milieux conservateurs
romains, parallèlement à des commandes émanant du milieu chrétien. Ces derniers évoluent encore, au sein de
leurs espaces privés, parmi les dieux et déesses d’un polythéisme résistant et revendicateur de l’histoire et
des racines de Rome. Et c’est désormais à travers une sculpture passée par le filtre esthétique de l’Orient
romain que ces riches propriétaires affichent leurs valeurs, à Rome, dans le Sud-Ouest des Gaules et la
péninsule Ibérique J. Beltrán Fortes, « La función de la escultura
en los programas decorativos de las villae romanas », El Efebo de Antequera,
Antequera, 2011, p. 14‑27.. Les ateliers ont donc, jusque dans les villae de ces provinces,
abondamment alimenté l’Empire en marbres et figures. Simplification des formes, tendance à une légère
abstraction des visages et des corps symbolisent les choix de cette période durant laquelle des
revendications religieuses opposées s’accommodent d’une même esthétique dont le fondement demeure encore
puissamment, indéniablement, d’ascen-
dance grecque.
P. Capus et C. Damay
Ra 52
Tête de Vénus
Ier - IIe siècle
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 40 x l. 24 x P. 31 (cm)
Les fouilles de 1826 exhumèrent cette remarquable tête d’Aphrodite-Vénus. La limite inférieure s’arrête en
haut du sternum, au niveau du manubrium, et comprend le départ de l’épaule gauche. Malgré le nettoyage,
souvent trop radical, effectué au XIXe siècle, quelques concrétions calcaires subsistent sur le
côté gauche, surtout dans la chevelure, conformément à ce qu’avait décrit le comte de Clarac,
conservateur des Antiquités du Louvre, qui avait vu la tête peu après sa mise au jour F. Clarac, Musée de sculpture
antique et moderne ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties : des
statues, bustes, bas-reliefs et inscriptions du Musée royal des Antiques et des Tuileries, et de plus de
2500 statues antiques…
tirées des principaux musées et des diverses collections de l’Europe… accompagnée
d’une iconographie égyptienne, grecque et romaine…. Tome II, Paris, 1841, p. 588.. La partie
postérieure forme un renflement piqueté, caractéristique d’un bouchon d’encastrement qui permet
de supposer l’insertion de la tête dans le corps d’une statue. Aucun fragment de celle-ci n’a pu,
néanmoins, être identifié dans les réserves du musée, malgré la mention, par Alexandre Du Mège, de
« portions de bras qui paraissent avoir fait partie de cette statue » A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, 1835,
p. 79, no 140.. On peut également penser à un encas-trement sur un buste voire une
association de la tête à un hermès (pilier).
La renommée de l’œuvre fut telle qu’elle bénéficia d’une dénomination, « Vénus de Martres », qui la distinguait
donc et témoignait du prestige qui lui avait été accordé. Le comte de Clarac, de son œil expert et avisé,
en fit une Vénus « des plus belles qui existent, si même elle ne leur est pas supérieure »,
la comparant aux Vénus Médicis, d’Arles et de Milo, références suprêmes en cette première moitié du
XIXe siècle néo-classique. Exposée à Paris en 1867, elle fut attribuée au grec Praxitèle F. Pagès, « La Vénus de
Martres », Revue archéologique du Midi de la France, 2,
1867, p. 50‑52. avant de
devenir, plus raisonnablement, l’une des répliques de l’Aphrodite de Cnide, ville côtière de Carie
(sud-ouest de l’actuelle Turquie). Si l’œuvre originale, créée vers 360 avant n. è., a disparu, elle fut
amplement copiée. Sa réputation doit beaucoup au témoignage de Pline l’Ancien, qui écrit, au sujet
du sculpteur : « Sa Vénus est à la tête, je ne dis pas seulement de toute sa production,
mais de celle de tous les artistes du monde » Pline l’Ancien, op. cit., XXXVI, 20.. Le même Pline rapporte que s’il avait
été donné à Praxitèle la possibilité de privilégier l’une de ses œuvres, l’artiste aurait sans hésitation
porté son choix sur celles qui avaient été peintes par Nicias. Ce dernier était effectivement passé
maître dans l’application de couleurs sur le marbre poli des sculptures, en premier lieu celles de son
confrère Praxitèle.
Les études comparatives qui ont porté sur les dizaines de répliques répertoriées de la statue, considérée comme l’un des sommets de la sculpture du deuxième classicisme grec, ont à la fois semé le doute sur l’aspect réel du chef-d’œuvre de Praxitèle et affiné l’appréciation de ses différentes copies ou variantes. Ainsi, informations descriptives, rapportées par quelques auteurs de l’Antiquité, et reproduction de la sculpture sur les monnaies de Cnide doivent-elles être comparées et évaluées en rapport avec toutes les répliques, d’époque hellénistique ou romaine, susceptibles de nous en donner une copie plus ou moins fidèle.
On sait que le corps nu de la déesse avait surpris, sinon choqué, dans un premier temps, à tel point que les gens de Cos, voisins et rivaux de ceux de Cnide, refusèrent la statue, dont ils avaient passé commande pour leur temple. Ils la cédèrent aux Cnidiens, peut-être plus audacieux, mais qui, surtout, semblent l’avoir substituée à une effigie cultuelle déjà nue, de tradition orientale, où dominait le concept de fécondité. Du reste, ce corps pétrifié était d’autant moins caché qu’il fut installé dans une chapelle largement ouverte, petit temple circulaire élevé dans une enceinte sacrée plantée de myrtes, de cyprès, de platanes et de vigne. De son bras droit, Aphrodite ramenait sa main en direction de son pubis, un geste qui fut interprété de pudeur, tel un être surpris dans son intimité, mais qui permettait, à la déesse de la fécondité, de désigner l’appareil génital reproducteur. La main gauche maintenait quant à elle une étoffe, au-dessus d’une hydrie en bronze. La présence de ce récipient indique sans ambiguïté la toilette d’Aphrodite, dont le buste, légèrement penché, se reflétait peut-être dans une vasque. La composition, qui dépassait une simple scène de genre montrant Aphrodite surprise au bain, renvoyait probablement au caractère rituel des ablutions.
Une part du mystère de ce visage, de ce corps et de cette attitude imprègne encore les plus belles répliques parvenues jusqu’à nous. La tête de Martres, projetée vers l’avant, vient nous rappeler la douce inclinaison de la Vénus cnidienne. Son haut chignon dégage la gracieuse ligne arrière d’un cou que poursui-vait la rondeur du dos. De longues mèches ondulées sont divisées par une raie médiane et maintenues par une double bandelette lisse qui entoure le crâne. Cette bandelette fait-elle allusion au kestos himas (« ceinture enroulée »), brodé, d’Aphrodite ? Ce cestus veneris rendait la déesse irrésistible et objet de l’amour de quiconque s’en approchait. Les traits du visage sont réguliers hormis la légère dissymétrie des yeux. Mais au contraire de la froideur de certaines répliques, à l’exemple de la tête Borghèse du Louvre ou de la Vénus Colonna du Vatican, pourtant jugées par la plupart des historiens de l’art plus proches du travail de Praxitèle, les traits de la Vénus de Martres ou ceux de la tête Kaufmann du Louvre, paraissent moins froids et plus subtilement estompés. Un épiderme animé et des lèvres charnues la rendent plus sensuelle. Elle paraît plus humaine, mais ne l’est point tout à fait : le sacré est toujours présent, même si l’expression distante glisse vers la rêverie et la tendresse.
Si la tête Kaufmann, découverte à Tralles, en Turquie, datée du IIe siècle avant n. è., pourrait être considérée comme une réinterprétation de l’époque hellénistique A. Pasquier, La Vénus de Milo et les Aphrodites du Louvre (Albums), Paris, 1985, p. 58-59., la Vénus de Martres ne peut être datée avec autant de précision. Son marbre, analysé en 2011, est bien grec ; il provient de Paros. On ne saurait en faire un argument pour dater l’œuvre, les marbres de l’île égéenne ayant été employés, encore, tout au long du Haut-Empire romain. Tout au plus pourrait-on avancer une datation avant la seconde moitié du IIe siècle de n. è. Le milieu du Ier siècle de n. è. et l’attribution à un atelier oriental ont, en l’occurrence, été proposés F. Slavazzi, Italia verius quam provincia : diffusione e funzioni delle copie di sculture greche nella Gallia Narbonensis (Aucnus), Naples, 1996, p. 186-187.. On sait combien, en effet, les grands classiques de l’art grec connurent, durant les deux premiers siècles de n. è., un nouvel engouement dans le milieu impérial comme dans quelques luxueux domaines, italiens ou provinciaux. Chiragan ne dérogea apparemment pas à cette mode ; en témoignent notamment les tableautins de marbre, connexes au courant artistique dit néo-attique, les deux figures d’Athéna mais également toute une série de petits formats qui sont autant de répliques, ou bien de variantes, d’originaux grecs.
P. Capus
Ra 152
L'enlèvement de Perséphone
Ier siècle
Marbre
H. 43 x l. 46 x P. 4,5 (cm)
Les tableaux de marbre sont très rares. Ils s’inspirent des œuvres peintes à fresque ou à l’encaustique, sur support de bois, et trans-portables : les pinakes grecs, que l’on nomme tabulae en latin, si fréquents dans les belles demeures. Entre 1897 et 1899, Léon Joulin eut le bonheur de découvrir celui-ci, remarquable petit relief néo-attique, brisé en plusieurs morceaux. Daté du Haut-Empire, il met en scène le rapt de Perséphone, ou Korè, par Hadès, dieu des Enfers (Proserpine et Pluton à Rome). Hermès, messager des dieux, indique la route à emprunter. Athéna, armée, et une des compagnes de la captive tentent d’arrêter le char.
Il s’agit de l’un des grands mythes grecs, sur lequel se fon-daient les fameux mystères d’Éleusis, dont les liturgies étaient encore bien vivantes sous l’Empire romain. La jeune Perséphone, fille de Déméter et de Zeus, cueillait un narcisse dans la cam-pagne sicilienne lorsque d’une grande crevasse surgit un quadrige mené à vive allure par Hadès. Épris de Perséphone, le dieu des Enfers s’empare d’elle. Informée de ce malheur, désespérée, Déméter part à la recherche de sa fille. Elle apprend du soleil, seul témoin du drame, que le maître des puissances souterraines est le ravisseur. Aphrodite lui a inspiré cet amour coupable, Zeus a donné son consentement et Hermès lui-même a apporté son aide. Afin de se venger des quatre dieux complices, Déméter abandonne l’Olympe et empêche toute plante de pousser, rendant ainsi la terre stérile. Afin que le sol retrouve sa fertilité, Perséphone est contrainte de partager son existence entre Hadès et Déméter : elle doit résider la première partie de l’année aux Enfers et la suivante sur Terre. Le retour annuel de la jeune fille se traduit par la renaissance de la végétation, tout particulièrement la germination des céréales, semées par Triptolème, héros d’Éleusis, protégé de Déméter. Si la prospérité des champs garantit la bonne alimentation et la vie, l’enlève-ment de la jeune fille et son séjour aux Enfers sont, au contraire, une allégorie de la mort.
Le tableau de Chiragan montre le quadrige conduit par un Amour ailé qui, responsable des sentiments d’Hadès, l’est aussi de toute l’action qui en découle. Deux autres Amours volent dans les airs, l’un d’eux tenant une couronne de victoire au-dessus d’Hadès. Ce dernier, se retournant brusquement, tient d’une main l’Amour cocher et porte Perséphone sur ses épaules. Celle-ci se débat vigoureusement, vêtement et chevelure au vent, pous-sant un grand cri qui alerte l’univers. L’une de ses compagnes, peut-être sa demi-sœur Artémis, est surprise, accroupie devant un vase. Son autre demi-sœur, Athéna, portant casque, lance et bouclier, affronte Hermès, qui indique la route des Enfers. Une troisième femme, nymphe, déesse ou simple amie de Perséphone, tente de trancher de son glaive les rênes de l’at-telage. À ce moment précis, la course est perturbée par l’attaque d’un grand serpent, symbole chtonien, autrement dit des forces matricielles du sous-sol. Le reptile effraie et fait se cabrer les noirs et immortels chevaux. À travers cette image, aux multiples actions simultanées, les forces de la nature et les dieux sont en conflit. Le mouvement des draperies, tantôt moulées sur le corps, tantôt flottantes ainsi que les rythmes saccadés concourent à l’animation extrême d’un relief dont les détails accentuent aussi la qualité.
Un second tableau, moins complet que celui-ci, fut également retrouvé dans les vestiges de la villa (inv. Ra 32). On y a longtemps reconnu des Faunes, petits génies champêtres qui évoquent la nature sauvage, au même titre que les satyres, les nymphes ou les sylvains.
P. Capus
Ra 134-Ra 137
Bacchus
IIIe - IVe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 49 x l. 30 x P. 21 (cm)
Le dieu Bacchus (le Dionysos grec) est intimement associé à la nature non civilisée et aux puissances du monde sauvage. Dieu du vin et du théâtre, il est ici représenté couronné et plein de langueur, appuyé contre un cep de vigne, auquel il est également relié par de nombreux étais et ponts. Ses cheveux bouclés sont caractérisés par des sillons, exécutés au ciseau droit, et des creusements, conçus au foret (ou trépan), une technique commune à de nombreuses autres figures de la villa, qu’elles soient de petit ou moyen format. La figure devait être accompagnée au moins d’une autre, peut-être une panthère ou encore un satyre. Son corps est celui d’un pré-adolescent et relève d’une esthétique de type éphébique, appréciée dans le monde grec au IVe siècle avant n. è. Pondération du corps, sinuosité des formes et androgynie semblent conformes à celles de l’Apollon Sauroctone et plus généralement à l’art du sculpteur grec Praxitèle, ici « pastiché » A. Pasquier, J.-L. Martinez, Praxitèle. Exposition, Musée du Louvre, Paris, 23 mars-18 juin 2007, Paris, 2007, p. 340..
Ces caractères, propres au second classicisme grec, semble-raient être encore revisités huit siècles plus tard. Il apparaît, quoi qu’il en soit, que des sculptures relevant de l’art classique envahissent toujours le cadre domestique des élites, en quête de signes esthétiques identitaires. Le Bacchus de Chiragan pourrait en témoigner. On y perçoit une sensibilité esthétique proche d’une série de sculptures produites par des ateliers orientaux. Ainsi, poli du marbre, division au ciseau et empla-cement des coups de trépan dans les longues boucles sinueuses, schématisme des arcades sourcilières et creusement des pupilles rapprochent par exemple notre dieu juvénile d’une célèbre statuette de Carthage datée du Ve siècle, représentant Ganymède et l’aigle. Si la base du Bacchus a malheureusement disparu, celle de la figure mythologique carthaginoise, formée de deux bandeaux séparés par une gorge, renvoie typologiquement à certains supports de figures mythologiques provenant de Chiragan comme, également, à la base de la statue de Diane, découverte dans la villa de Saint-Georges-de-Montagne (Gironde). Autant d’œuvres qui peuvent s’apparenter à une série de figures plus ou moins fragmentaires, dont une statue de Sol (Apollon), mises au jour dans une villa de Silahtarağa, à Constantinople N. de Chaisemartin, E. Örgen, Les documents sculptés de Silahtaraḡa (Recherche sur les civilisations. Mémoire), Paris, 1984, Pl. 4-5..
Dionysos/Bacchus et son cercle constituent le groupe le plus important dans la villa de Chiragan,
environ la moitié de la sta-tuaire indépendante : figures de l’entourage du dieu, à l’image des satyres,
des silènes et des ménades ou encore Ariane. Mais la popularité pour ces divinités est, il faut bien
l’avouer, commune à l’ensemble des grands domaines et luxueuses demeures à travers tout l’Empire. Dans le
contexte des villae tardo-antiques du Sud-Ouest des Gaules ou de la péninsule Ibérique, l’évident
succès de Bacchus pourrait être la consé-quence du renforcement de son rôle de sauveur tout autant que de soutien à la bonne
fortune des hommes L.M. Stirling, The Learned
Collector, op. cit., p. 87 ; E.M. Koppel, « Die Skulpturenausstattung römischer Villen auf der Iberischen
Halbinsel », A. Nünnerich-Asmus (éd.), Denkmäler der
Römerzeit (Hispania Antiqua), Mayence, 1993, p. 193‑203, p. 201 ;
F. Arasa i Gil, « La decoración escultórica de
las villae en el País Valenciano », T. Nogales Basarrate, L.J. Gonçalves (éd.), Actas de la
IV Reunión sobre Escultura Romana en Hispania, Lisbonne, 2002, Madrid, 2004, p. 229‑253,
p. 233..
En dépit de ces préoccupations spirituelles, la simple fonction décorative ne prendrait-elle pas le pas, ici, sur la fonction symbolique ? On a notamment vu dans cette séduisante figure, et la composition dont elle devait dépendre, un simple, mais indéniablement somptueux, pied de table A. Pasquier, J.-L. Martinez, op. cit., p. 340.. Aucun élément ne peut cependant prouver une telle utilisation. Cep de vigne, branches et frondaisons, malheureusement lacunaires, qui encadraient et servaient d’arrière-plan à cette figure de type éphébique, renverraient au contraire au type de composition qui caractérise la Diane de Saint-Georges-de-Montagne, sertie dans une véritable couronne végétale. De nombreux fragments, dans les réserves du musée, entre autres une tête « barbare », prouvent la récurrence d’une telle mise en scène. Il s’agirait bien là, en l’occurrence, de formules attribuées à des ateliers orien-taux qui, encore tardivement, produisirent une surprenante quantité de sculptures en ronde-bosse, destinées aux niches des grandes demeures aristocratiques à travers tout l’Empire.
P. Capus
Partie 4
L’Antiquité tardive
Une époque faste
Partie 4
L’Antiquité tardive
Une époque faste
Comment retracer l’histoire d’un tel ensemble de constructions ? De son évolution ? De son
aspect ? Si notre seule source docu-mentaire demeure bien l’inestimable somme publiée en 1901 par Léon
Joulin, dernier fouilleur du site, la sculpture qui fut extraite de la villa représente le seul
témoignage matériel, hors quelques rares objets, dont il faut bien se contenter jusqu’à présent. Une
éclatante preuve, cependant, du prestige du lieu. Si un tel assemblage de marbres, en un même lieu, ne peut
qu’être très difficilement interprété, les typologies et les styles, parfois même une certaine prédisposition
pour certains thèmes, aident toutefois à percevoir différentes périodes d’occupation. En raison de
l’apparent isolement chronologique d’une belle et rare tête féminine, datée de la fin du IVe ou
du début du Ve siècle, on ne pouvait que spéculer, par manque de matériel archéologique
supplémentaire, sur une occupation, voire une
ré-occupation, très tardive du site. Il paraissait par
ailleurs difficile d’aller plus avant tant que les datations les plus basses n’excédaient pas le IIIe siècle D. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée
des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris, 1999,
p. 83-117 et 147.. Les études de
Marianne Bergmann M. Bergmann, Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel : zur mythologischen
Skulptur der Spätantike (Palilia), Wiesbaden, 1999., Niels Hannestad N. Hannestad,
Tradition in Late Antique Sculpture : Conservation, Modernization, Production (Acta
Jutlandica. Humanities Series), Aarhus, 1994, p. 294-295 ; N. Hannestad, « Late Antique Mythological Sculpture - In Search of a
Chronology », F.A. Bauer, C. Witschel, Ludwig-Maximilians Universität (éd.), Statuen in Der
Spätantike, Wiesbaden, Allemagne, 2007, p. 273‑305 ; N. Hannestad, « The Classical Tradition in Late Roman Sculpture »,
Akten Des XIII Internationalen Kongresses Für Klassische Archäologie, Berlin, 1988, Mayence,
1990. et Lea Stirling L.M. Stirling, « Gods, Heroes, and Ancestors : Scuptural Decoration in
Late-Antique Aquitania », La Civilisation urbaine dans l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest
de la Gaule. Actes du IIIe colloque Aquitania et des XVIe journées d’archéologie
mérovin-gienne, Toulouse 23-24 Juin 1995, Bordeaux, 1996 (2), p.
209-230 ;
L.M. Stirling, The Learned Collector :
Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005. sur la
sculpture romaine de l’Antiquité tardive ont notamment permis de réviser certaines données chronologiques.
Il faut le répéter, les différents états proposés par Léon Joulin au sujet de la villa pourront être confirmés dans le seul cas d’une reprise consciencieuse des fouilles, programmées et de grande ampleur. En attendant, un impressionnant ensemble de sculp-tures en marbre de Saint-Béat, qui équivaut à un pourcentage élevé de la statuaire extraite de la villa, permet aujourd’hui d’établir un point de repère chronologique plus affiné dans le cadre de l’histoire du décor.
Les marbres des Pyrénées
Parmi les hypothèses échafaudées au sujet de l’ensemble sculpté de la villa, certaines peuvent aujourd’hui être étayées grâce à une connaissance des marbres employés D. Attanasio, M. Bruno, W. Prochaska, « The Marbles of the Roman Villa of Chiragan at Martres-Tolosane (Gallia Narbonensis) », Archäologischer Anzeiger, 1, 2016, p. 169‑200.. Les analyses ont ainsi conduit à des résultats édifiants quant à la constitution de la longue série des portraits, exécutés à 80 % dans des marbres orientaux. Ces études ont également permis de confirmer ce que Léon Joulin déjà supposait concernant certaines œuvres mytho-logiques plus tardives, et certains portraits probablement contemporains, soit l’utilisation de marbres locaux, provenant des carrières de Saint-Béat.
Il revient en effet à l’archéologue d’avoir distingué les caractéristiques communes qui, d’un point de vue
stylistique, pouvaient unir le cycle des Travaux d’Hercule aux bustes des dieux sur bouclier (imagines
clipeatae) L. Joulin,
Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris, 1901,
p. 91-92.. Ces rapprochements ont été, plus récemment, approuvés et développés et le groupe s’est
même considérablement élargi avec l’incorporation de la série des masques de théâtre, celle des masques
bachiques et des saisons et l’assemblée de philosophes avec Socrate M. Bergmann, op. cit., p.
198-200 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1
(Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2005, p. 126-137..
Faut-il y ajouter les représentations d’Isis acéphale et
Harpocrate ? Le rapprochement entre ces deux dernières sculptures, en ronde-bosse, et le grand
haut-relief de Sarapis pose davantage de problème. L’absence de tête pour la statue d’Isis, d’une
part, et les différences dans la manière de concevoir la chevelure d’Harpocrate de l’autre, n’engagent pas
à faire de cette triade isiaque un groupe homogène. Le grand dieu
d’Alexandrie, Sarapis, en raison d’une chevelure dont les spécificités formelles peuvent être
rapprochées des œuvres postérieures au Haut-Empire, se détache sur
une plaque dont le double bandeau d’encadrement rappelle fortement celui des reliefs d’Hercule et
de l’Assemblée de philosophes. L’intervention d’un même atelier n’a donc pas lieu d’être écartée.
Un groupe dynastique et un décor exceptionnels
Plusieurs œuvres, plus ou moins altérées, ont été rattachées par J.-C. Balty à l’époque tétrarchique, plus précisément aux années 290. On distingue, dans cette série, quatre têtes complètes et une cinquième, très lacunaire. Elles doivent être associées à quelques éléments d’un relief, récemment restitué, représen-tant un homme debout, vêtu d’une tunique à manches longues et d’une toge M. Bergmann, op. cit., p. 32. ; l’avant-bras droit de cette effigie, frontale et hiératique, avec sa main tenant la mappa (étoffe), n’est pas perdu, contrairement à ce qui fut parfois écrit L.M. Stirling, op. cit., p. 61..
Une rigoureuse démonstration, puissamment étayée, a autorisé J.-C. Balty à reconnaître dans ces très
rares images l’empereur Maximien Hercule, son épouse, Eutropia, leur fils, Maxence, et leur belle-fille, Valeria
Maximilla. Plusieurs points communs permettent d’agréger ces portraits dynastiques à d’autres sculptures
dont les thèmes d’ascendance hellénique se conjuguent à des caractères formels qui entrent en
résonance avec l’art de l’Antiquité tardive. On relève, en effet, des simili-tudes notables, précédemment
évoquées, entre les têtes du cycle herculéen, les médaillons des dieux, le
Sarapis, certains masques ou enfin, le relief au Socrate : la stylisation des physionomies
est associée, sur ces œuvres, à d’épaisses boucles, au niveau des chevelures comme dans les
barbes, dont les terminaisons effilées forment des séries de fourches bifides ou trifides, relevées par de
profonds percements circulaires au foret M. Bergmann, « Un ensemble de sculptures de la villa romaine
de Chiragan, œuvre de sculpteurs d’Asie Mineure, en marbre de Saint-Béat ? », J. Cabanot, R. Sablayrolles,
J.-L. Schenck (éd.), Les marbres blancs des Pyrénées :
approches scientifiques et historiques. Colloque, 14-16 octobre 1993, Saint-Bertrand-de-Comminges,
Saint-Bertrand-de-Comminges, 1995,
p. 197‑205, p. 198 ; D. Cazes, op. cit., p. 85 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p.
126-127..
Le décor, hypothétiquement mis en place à partir des années 280, et dont la conception a pu s’étendre jusqu’au
changement de siècle, doit probablement être associé à la création et à l’installation des
statues-portraits monumentales représentant les membres de la famille de l’auguste Maximien M. Bergmann, « Un
ensemble de sculptures de la villa romaine de Chiragan, œuvre de sculpteurs d’Asie Mineure,
en marbre de Saint-Béat ? », op. cit., p. 197‑205, p. 198-200 ; J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains,
1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan
(Martres-Tolosane)), Toulouse, 2008, p. 126-129.. Ces années correspondent, en premier lieu, à la
campagne, menée durant l’année 286, en Gaule, par l’Empereur contre les Bagaudes. Ces populations
révoltées, issues des campagnes, « pâtres et brigands », selon Aurelius Victor, qui furent
« rassemblées par deux chefs, Elianus et Amandus, et qui avaient ravagé les campagnes avant de
décider de pénétrer dans les villes »
(« …Helianum Amandum que per Galliam excita manu
agrestium ac latronum, quos Bagaudas incolae vocant, populatis late agris plerasque urbium
tentare… ») A. Victor, Liber de Caesaribus, 360 (circa), XXXIX, 17.. Dans son
discours à la gloire de Maximien, le rhéteur Mamertin assimile ces populations rurales à des Géants
qu’aurait combattu Jupiter Mamertin, Panégyrique, IIIe siècle, X (2), 4, 2.. La
campagne contre les Bagaudes, événement qui aurait permis à Maximien de recevoir le titre d’Auguste, pourrait
donc fort bien avoir participé à la genèse du grand cycle.
On sait aussi que, depuis Trèves, Maximien partit par la suite combattre en Espagne, au printemps 296, afin de
mettre fin aux exactions des Francs qui pratiquaient, depuis au moins le début de la décennie, de nombreux actes
de piraterie sur toutes les côtes de la péninsule Ibérique. Cette action lui aurait valu l’épithète d’« Arès
ibérique » (Iberikos Arès). L’Afrique sera l’étape suivante, à la fin de l’hiver 297 P. Maymó i Capdevila, « Maximiano en campaña : matizaciones cronológicas a las
campañas hispanas y africanas del Augusto Hercúleo », 12, 2000, p. 229‑257, en partic.
p. 230 ;
J.-C. Balty, D. Cazes,
Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de
Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit., p. 130.. Au-delà du Détroit de Gibraltar, Maximien devait notamment affronter le peuple maure des
Quinquegentanei, tribu semi-nomade qui avait attaqué les territoires romains. Défaits une première fois
par le gouverneur de la Césarienne, Aurelius Litua, durant l’hiver
292-293, ils repri-rent leur action belliqueuse, source de la nouvelle campagne engagée par
Maximien en 297 J.-C. Balty, D.
Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie,
1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit.,
p. 130..
Les reliefs d’Hercule le rappellent bien : le fils de Jupiter est un héros civilisateur, victorieux de la barbarie et des monstres. Maximien ne participe-t-il pas, lui aussi, au sauvetage de l’univers, sous l’égide des dieux ? C’est ce que soulignent, notamment, les deux panégyriques, prononcés en son honneur, qui rappellent les invasions des barbares germains, les usurpateurs, les pillages des paysans révoltés et, enfin, les pirates. Les monnaies ne font qu’entériner cette mission. L’empereur Maximien incarne ainsi, sans conteste, un héros ; il est le nouvel Hercule. Il faut certai-nement voir dans la représentation de l’homme barbu, aux dimensions impressionnantes et à l’expression impérieuse, une effigie du souverain, issue du même atelier de sculpture que les reliefs des médaillons et des Travaux d’Hercule.
Sources archéologiques et chronologie
Selon le recensement de Léon Joulin, 151 monnaies proviendraient de Chiragan. Si 25 de ces exemplaires demeuraient illisibles, 22 furent attribuées au Ier siècle et 23 au siècle suivant. 23 autres frappes remontaient au IIIe siècle et pas moins de 58 furent at-tribuées au seul IVe siècle. Seules 18 de ces monnaies sont encore présentes dans le médaillier du musée Saint-Raymond V. Geneviève, « Les monnaies des établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane. 2 : Les monnaies des sites de Chiragan, Bordier, Sana, Coulieu, Saint-Cizy et du Tuc-de-Mourlan », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, LXVIII, 2008, p. 95‑140, en partic. p. 98-100..
Parmi les découvertes des environs immédiats, figurait notamment un lot mis au jour au Tuc-de-Mourlan. Le site,
localisé à trois kilomètres et demi à l’est de la villa, aux confins des actuelles communes de
Martres-Tolosane et de Boussens, avait été reconnu comme un vicus par Léon Joulin. Cette modeste
agglomération de plaine était constituée de bâtiments majori-tairement rectangulaires, alignés de part et
d’autre de la voie qui menait de Tolosa à Aquae
Tarbellicae (Dax) L. Joulin, op. cit., p. 179 ;
P. Sillières, « Les campagnes », J.-M. Pailler (éd.), Tolosa : nouvelles recherches sur Toulouse et son
territoire dans l’Antiquité, Rome, 2002,
p. 373‑402, p. 385.. L’établissement
appartenait donc à la série des nombreuses implantations répertoriées dans ce secteur, très majoritairement
réparties sur la rive gauche de la Garonne, la plus propice à la circulation et aux échanges. Le long
des deux voies, routière et fluviale, ces « établissements » comprenaient aussi bien
des villae (Chiragan, Bordier, Sana et Coulieu) que des regroupements de bâtiments à vocation
agricole ou commerciale (Saint-Cizy, le Tuc-de-Mourlan) L.
Joulin, op. cit., p. 162-184..
De la série monétaire issue du site du Tuc-de-Mourlan, à quelques encablures des bâtiments de la célèbre
villa, provient en particulier un denier, qui a attiré l’attention de Vincent Geneviève. Cette émission,
récemment examinée par l’œil avisé du numismate, est attribuable à l’atelier de Lyon et compte parmi les
premières frappes du pouvoir impérial à deux têtes, formé par Dioclétien et son co-empereur, Maximien Hercule.
Le revers à la légende IOVI CONSERVATORI (« à Jupiter Conservateur ») est donc un hommage
au datif qui accompagne l’image du dieu protecteur omnipotent et défenseur de l’empereur Dioclétien, debout à
gauche, accompagné de l’aigle, le foudre tenu par la main droite abaissée, un sceptre dans la gauche. Comme
le rappelle le chercheur, deniers et quinaires sont pour l’époque des « monnaies exceptionnelles,
qui n’ont pas pour vocation première de circuler mais plus spécifiquement de marquer et de célébrer un
événement » V. Geneviève, « Un denier inédit de Dioclétien frappé à Lyon à la fin de
l’année 286, découvert au XIXe siècle sur le site du
Tuc-de-Mourlan (Martres-Tolosane,
Haute-Garonne) », Cahiers Numismatiques, 180, 2009, p. 31‑39, en partic. p. 37..
La modestie apparente de cet indice ne saurait donc en évincer la portée car il est permis de voir
en lui un probable indicateur de la présence d’un protagoniste
en lien direct avec les décisions et les initiatives impériales.
À ce document numismatique, il est possible d’ajouter d’autres témoignages. Il nous faut, pour cela, quitter
Chiragan et son environnement. Car c’est en Espagne et au Portugal que plusieurs sources archéologiques,
dans le domaine de l’épigra-phie, de la sculpture et de l’architecture, peuvent indéniablement nous aider à
mieux comprendre les transformations et le dyna-misme de la villa
des bords de Garonne à l’époque des Tétrarques. Ces témoignages furent, en effet, replacés dans un
contexte historique similaire à celui du denier de Dioclétien. Il s’agit là de divers milliaires, qui
démontrent la restauration des voies de circulation, dans la péninsule Ibérique, durant la première moitié des
années 290, d’un bas-relief triomphal de Mérida (Augusto Emerita) ou encore du palais romain de
Cercadilla, à Cordoue, lui aussi daté de la première Tétrarchie et dont la construction, attribuée à
l’action impériale elle-même, aurait été menée très rapidement Z. Mráv, « Maniakion – The Golden Torc in
Late Roman and Early Byzantine Army. Preliminary Research Report », T. Vida (éd.), Romana Gothica II, The Frontier World, Romans, Barbarians and
Military Culture, Budapest 1-2 Octobre 2010, Budapest, 2015, p. 287‑303, p. 289‑290,
fig. 4 ;
J. Arce Martínez, « Un relieve triunfal de
Maxi-miano Herculeo en Mérida y el P. Stras. 480 », Cuadernos emeritenses, 22, 2003, p.
47‑70 ;
R. Hidalgo Prieto, Espacio público y espacio privado en el conjunto palatino de
Cercadilla (Córdoba) : el aula central y las termas (Arqueología. Serie Monografías.
Cercadilla), Séville, 1996, p. 149-156 ;
J.-C. Balty, D.
Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie,
1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit.,
p. 130-131, no 51, fig. 110.. Tous seraient tributaires de l’œuvre militaire
de Maximien Hercule.
De cet empereur, Chiragan nous a livré deux portraits, une tête colossale, probable vestige d’une statue en pied selon J.-C. Balty, et l’exceptionnel, même si lacunaire, bas-relief, mentionné plus avant. L’apparence originale de cette effigie devient plus compréhensible lorsqu’on la rapproche de deux célèbres sculp-tures en ronde-bosse, conservées dans les musées du Capitole et exposées à la Centrale Montemartini. Ces portraits en pied, dits «magistrats», datés de la fin du IVe siècle, furent découverts à Rome dans les «jardins de Licinius» (Horti Liciniani) M. Cima, « Statua di Magistrato anziano », S. Ensoli, E. La Rocca (éd.), Aurea Roma : dalla città pagana alla città cristiana. Mostra, Palazzo delle esposizioni, Roma, 22 dicembre 2000-20 aprile 2001, Rome, 2000, p. 432-433, no 12.. Leurs vêtements sont assurément identiques à celui de Maximien Hercule à Chiragan. Par-dessus la tunique à manches longues, la toge est dite à contabulatio, en raison du large repli oblique, barrant la poitrine, qui forme un étagement de froncements plats, comprimés ; une technique du drapé connue depuis l’époque sévérienne. La mappa est un autre élément qui réunit, iconographiquement, les magistrats romains du bas-relief lacunaire des bords de Garonne. Cette étoffe blanche, jetée dans l’arène afin de donner le départ des courses de chars, faisait allusion à l’inauguration des jeux dans le cadre de l’un des consulats. Une magistrature que Maximien endossa huit fois, entre 287 et 304.
P. Capus
Ra 34 b
Tête quasi colossale de Maximien Hercule
Vers 240/250-310, empereur de 286 à 305 et de 306 à 310.
Après 293
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
H. 43 x l. 26 x P. 30,5 (cm)
À la fin de l’année 284, Dioclétien devient empereur (Auguste). Confronté aux menaces de peuples étrangers sur le limes (frontière) ainsi qu’aux velléités d’usurpation du pouvoir de certains généraux, le souverain s’adjoint un co-empereur, Maximien, auquel est octroyé le titre de césar. Les deux gou-vernants sont originaires d’Europe centrale : Maximien naquit en Pannonie, entre cinq et huit ans avant Dioclétien, originaire de Dalmatie.
En 286, Dioclétien élève Maximien au rang d’Auguste, titre qui en fait un empereur à part entière. Cette dyarchie, pouvoir à deux têtes, qui pouvait rappeler celle de Marc Aurèle et de Lucius Verus durant le siècle précédent, était cependant appelée à évoluer. Ainsi, le 1er mars 293, fait nouveau dans l’histoire institutionnelle impériale, fut institué un mode de gou-vernement bien plus innovant encore : la Tétrarchie. Aux deux augustes, Dioclétien et Maximien, sont en effet associés deux césars. Maximien, auguste d’Occident, est alors épaulé par Constance Chlore tandis que Dioclétien, auguste d’Orient, est assisté de Galère. Maximien choisit pour protecteur Hercule, héros devenu immortel, et administre l’Italie, la Rhétie (province comprise entre le Danube et la Vénétie), l’Afrique et l’Espagne. Son césar, Constance Chlore, père du futur Constantin le Grand, se consacre, de son côté, aux provinces de Gaule et de Bretagne (actuels Pays de Galles et Angleterre).
Comme nous l’avons développé dans l’introduction de cette partie, l’ensemble du décor exécuté dans du marbre de Saint-Béat ainsi que ces quatre portraits dépendent certainement de l’époque de cette première Tétrarchie et témoigneraient d’une restauration fastueuse de la villa de Chiragan sous Maximien. La statue à laquelle appartenait cette tête devait atteindre deux mètres soixante-quinze de hauteur ; elle était donc plus grande que la seconde représentation, très fragmentaire, de cet empe-reur, qui correspond à un relief particulièrement impressionnant dont les lacunes sont aujourd’hui restituées graphiquement dans le musée.
L’Empereur, non content de considérer Hercule, devenu im-mortel, comme
son dieu tutélaire personnel, légitimait également son pouvoir au moyen de liens familiaux directs
avec lui. Il en fit le patron de sa famille, devenue herculéenne à son tour A. Eppinger, Hercules in der
Spätantike : die Rolle des Heros im Spannungsfeld von Heidentum und Christentum
(Philippika), Wiesbaden, 2015, p. 158..
Il faut enfin noter, sur ce portrait, le
dessin des mèches de la frange, des tempes et de la barbe qui rappellent sans équi-voque la tête de
l’Hercule combattant Diomède du grand cycle sculpté, non loin duquel cette statue de Maximien devait
avoir été élevée.
D’après J.-C. Balty, 2008 J.-C. Balty, Les portraits romains, La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit., p. 33-53.
Ra 28 j
Hercule et les écuries d’Augias
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
H. 138 x l. 85 x P. 20 (cm)
Cinquième des douze Travaux, l’épisode des écuries se déroule dans le royaume d’Élide, à l’ouest du Péloponnèse. Le roi Augias, fils du Soleil (Hélios), possédait d’immenses troupeaux. Mais il négligeait de faire entretenir ses écuries au point que l’accumulation du fumier rendait les terres environnantes stériles. Eurysthée voulut humilier Héraclès/Hercule en lui confiant cette tâche, habituellement réservée aux esclaves. Pour nettoyer ces écuries, le héros entreprit le détournement de deux cours d’eau, l’Alphée et le Pénée. La convergence de leurs eaux engendra le courant nécessaire à l’assainissement des locaux.
Sur le relief de Chiragan, seul le héros est représenté ; pied droit posé sur un panier renversé,
inutilisé, il contemple le courant faire l’humiliant travail à sa place. Encore une fois, son attitude
rappelle certaines figurations de dieux grecs, au moins depuis l’époque du sculpteur Lysippe, au
IVe siècle avant n. è. C. Rolley, La sculpture grecque, 2 : La période classique
(Les manuels d’art et d’archéologie antique), Paris, 1999, p. 333-334., dont l’art romain se
souvint. La pose avait été, entre-temps, reprise durant l’époque hellénistique, dans la statuaire comme sur
les frappes monétaires, afin de figurer des dieux, tutélaires ou encore fondateurs. On se souviendra également
de la célèbre série des tétradrachmes sur lesquels Démétrios Poliorcète, roi de Macédoine, se fit ainsi représenter, reprenant
probablement une statue-portrait d’Alexandre le Grand SNG (Sylloge Nummorum Graecorum), Copenhague, s. d.. Dans
le monde romain, cette même composition, associant nudité, un pied reposant sur un rocher ou un quelconque
symbole guerrier ou allégorique et corps penché en avant, fut acclimatée au contexte politique de la fin des
guerres civiles et adaptée à l’univers du portrait par l’héritier de César, Octave, figuré de la sorte
afin de suggérer sa nouvelle position de maître du monde C.H.V. Sutherland, The Roman Imperial
Coinage. Volume I, From 31 BC to AD 69, éd. révisée, Londres, 1984, p. 256 ;
J.-B. Giard, Bibliothèque nationale. Catalogue des monnaies de l’Empire
romain, Paris, 1976, p. Pl. 13-14.. La posture fut également adoptée par des
personnalités qui, sans bénéficier d’une telle aura militaire ou politique, recevaient cependant l’hommage
sous forme d’un portrait ; ainsi en est-il pour la statue du duumvir Cartilius Poplicola,
découverte au niveau de l’escalier du temple d’Hercule d’Ostie, élevée durant l’époque triumvirale, celle des
années 40-30 avant n. è.
À l’image de la statue de moyen format, provenant, elle aussi, de la villa de Chiragan, et représentant Hercule appuyé sur sa massue (inv. Ra 115), la main du héros est ramenée dans le dos, soulignant le repos après l’action, en l’occurrence le creusement des dérivations de l’Alphée et du Pénée. Enfin peut-on remarquer le changement de physionomie d’Hercule ; contrairement au visage glabre retenu pour les premiers Travaux, une barbe abondante est ici présente, en tant qu’illustration de la maturité. Au fur et à mesure de ses succès, le fils de Jupiter acquiert la sagesse. Parallèlement à la voie qui le conduira vers la divinisation, débute le changement d’apparence qui lie l’image du héros à celles de dieux gréco-romains : Jupiter, Pluton ou encore Esculape.
P. Capus
Ra 35
Masques de théâtre
Fin du IIIe siècle
Marbre
Cet ensemble est proche des petits tableaux (pinakes) ou des frises en marbre qui évoquaient, dans l’art gréco-romain, plus ou moins directement le dieu du théâtre, Dionysos (le Bacchus des Romains). Le dieu de Thèbes a souvent été figuré, dans le monde grec, sous la forme d’un simple masque barbu accroché à un pilier habillé. Il est donc le dieu-masque et l’une des rares divinités dont le culte promet l’éternité. Ainsi, les mas-ques représentés dans les décors peuvent-ils se lire comme une allégorie de la transformation, celle de l’acteur comme du fidèle qui recherche un au-delà radieux.
Des reproductions de masques de théâtre ne sont pas rares dans le monde grec, en Attique, en Italie méridionale (en parti-culier sur l’île de Lipari, où les masques de terre cuite retrouvés dans les tombes illustrent remarquablement les différents genres théâtraux) ou encore en Asie Mineure. L’Empire romain a également légué quelques œuvres de même type, en marbre, en terre cuite ou encore en bronze. Ces éléments, qu’ils soient décors ou œuvres votives déposées dans les sanctuaires, rappelaient les véritables masques, en cuir voire en bois, portés par les acteurs (histriones) de la tragédie, de la comédie et du drame satyrique.
Le nombre des acteurs présents sur la scène étant réduit, le masque autorisait un même individu à incarner plusieurs rôles dans une même pièce : femme, esclave, vieillard… L’accessoire (désigné en latin par le mot persona) identifiait le personnage dès son entrée en scène et servait également de porte-voix. Dans un célèbre recueil du IIe siècle, l’Onomastikon, Pollux de Naucratis établit notamment un catalogue des différents types de masques utilisés lors des représentations théâtrales. Y sont recensés soixante-seize modèles de masques, tragiques, satyriques ou comiques. Cette liste nous permet, plus ou moins, de reconnaître les personnages, bien connus du public et immédiatement identifiables grâce à la couleur de leur peau, de leurs cheveux et à la typologie de leur coiffure (notamment l’onkos, amoncellement ostentatoire des cheveux).
L’association de nombreuses sculptures dionysiaques, de petit et moyen formats, et de masques de théâtre composant le décor tardif de la villa est, sans nul doute, loin d’être exceptionnelle. Elle prend cependant à Chiragan une connotation particulière, en raison de l’exceptionnelle survie d’un si grand nombre d’œuvres. Ainsi, la mise en scène des reliefs, des rondes-bosses, et fort probablement des mosaïques (aujourd’hui perdues), relevait-elle certainement d’un discours riche en métaphores. Une telle syntaxe iconographique se retrouve ailleurs, au sein de quelques rares résidences de l’Empire, à l’exemple de la villa tardo-antique de Noheda (Villar de Domingo García, Cuenca) dont les spectaculaires mosaïques, récemment mises au jour, mêlent des thèmes identiques aux décors marmoréens de Chiragan ; à l’image de la résidence des bords de Garonne, mythologie, dionysisme et théâtre y sont en effet intimement liés.
P. Capus
Partie 2 Les portraits
Époque Julio-Claudienne
Ra 57
Buste d’Auguste
couronné de chêne
63 avant n. è. - 14 de n. è.
Empereur de 27 avant n. è.
à 14 de n. è.
Première moitié du Ier siècle
Type dit « Prima Porta »
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 51 x l. 34 x P.25 (cm)
Ra 165
Buste d’un inconnu
Premier quart du Ier siècle
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 43,5 x l. 25 x P. 22 (cm)
Ra 31
Tête d’Antonia Minor
36 avant notre ère - 37
Fille de Marc Antoine et d’Octavie (sœur d’Auguste),
épouse de Drusus l’Ancien (frère de Tibère), mère de Germanicus et de l’empereur Claude
Entre 37 et 54
Type dit « Schläfenlöckchen » (« aux boucles sur les tempes »)
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 27 x l. 21,2 x P. 21 (cm)
Ra 90
Tête de Tibère couronné de chêne
42 avant n. è. - 37
Empereur de 14 à 37
Dernière décennie du règne
(26/27-31 de n. è.) ?
Inversion (des mèches de la frange) du type
« Berlin-Naples-Sorrente »
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 34 x l. 18 x P. 22,2 (cm)
Ra 122
Tête d’adolescent
(Tiberius Gemellus ?)
19 - 37/38
Petit-fils de Tibère
Années 30 du Ier siècle
Type « Capitole-Toulouse »
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 26 x l. 19,5 x P. 17 (cm)
Partie 2
Époque Antonine
Ra 58 b
Buste de Trajan
53 - 117
Empereur de 98 à 117
Vers 108
Type dit « des Decennalia »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 41 x l. 26,5 x P. 24 (cm)
Ra 117
Buste de Trajan
53 - 117
Empereur de 98 à 117
Entre 108 et 113
Type dit « du sacrifice »
Marbre de Carrare
H. 56 x l. 36 x P. 25 (cm)
Ra 73 a
Buste de jeune homme
Vers 120
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 63 x l. 43 x P. 26 (cm)
Ra 73 b
Buste de jeune homme
Entre 120 et 130
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 66 x l. 45 x P. 28 (cm)
Ra 73 e
Buste d’homme cuirassé
Vers 130
Marbre
H. 78 x l. 54,5 x P. 29 (cm)
Ra 77
Buste d’une inconnue
Vers 125 - 135
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 47 x l. 36 x P. 32 (cm)
Ra 76
Buste de Sabine
85/87 ? - 136/137
Entre 128 et 137
Type principal ou « Vatican,
Busti 359 »
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 44 x l. 34,5 x P. 40,5 (cm)
Ra 124
Buste d’enfant
Vers 130 - 140
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 31 x l. 18 x P. 17 (cm)
Ra 60 (1)
Tête d’Antonin le Pieux
86 - 161
Empereur de 138 à 161
Vers 138 - 140
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 42 x l. 25,5 x P. 26,5 (cm)
Ra 126
Portrait d’enfant
Vers 150 - 160
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 20 x l. 17,5 x P. 18 (cm)
Ra 61 a
Buste de Marc Aurèle césar
121 - 180
Empereur de 161 à 180
Entre 144 et 147
Type « Offices - Toulouse »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 78,5 x l. 56,5 x P. 32,5 (cm)
Ra 61 b
Buste cuirassé
de Marc Aurèle âgé
121 - 180
Empereur de 161 à 180
Entre 170 et 180
Type IV (variante A)
Marbre d’Afyon (Turquie)
H. 76,5 x l. 53,5 x P. 29 (cm)
Ra 63
Tête de Lucius Verus
130 - 169
Co-empereur avec Marc Aurèle de 161 à 169
Entre 161 et 169
Type IV (« Samtherrschaftstypus », type du
règne conjoint
avec Marc Aurèle)
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 35,5 x l. 26,5 x P. 27 (cm)
Ra 118
Buste de Commode
161 - 192
Empereur de 180 à 192
Fin de l’année 180
Type III ou « Vatican, Busti 368 »
Marbre de Paros II,
vallée de Marathi
H. 44 x l. 39 x P. 23,5 (cm)
Époque Sévérienne
Ra 70
Portrait d’un inconnu en philosophe
Fin du IIe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 55,5 x l. 43 x P. 23 (cm)
Ra 120 a
Tête de Septime Sévère
145 - 211
Empereur de 193 à 211
Entre 193 et 195
Type dit « de l’avènement »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 34 x l. 24 x P. 24 (cm)
Ra 66 a
Buste cuirassé de Septime Sévère
145 - 211
Empereur de 193 à 211
Entre 195 et 203
Type II dit « de l’adoption »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 73,5 x l. 66 x P. 36 (cm)
Ra 66 b
Buste cuirassé de Septime Sévère
145 - 211
Empereur de 193 à 211
Entre 203 et 211 ;
peut-être déjà dès 199/200
Type « Sérapis »
Marbre d’Afyon (Turquie)
H. 78 x l. 64 x P. 33 (cm)
Ra 62
Buste de Géta enfant
198 - 211
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Caracalla
Entre 202 et 205
Type « Munich-Toulouse »
Marbre de Göktepe (Turquie) pour la tête et marbre d’Altintaş (Turquie) pour le buste
H. 58 x l. 45 x P. 27 (cm)
Ra 119 - Ra 58 c
Buste cuirassé de Caracalla enfant
188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur
de 211 à 217
Entre 195/196 et 205
Type « de l’arc des Argentarii »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 48 x l. 49 x P. 26 (cm)
Ra 168
Portrait de Caracalla enfant
188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur
de 211 à 217
200 - 205
Type « de l’arc des Argentarii »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 25 x l. 17,5 x P. 19 (cm)
2000.32.1
Portrait fragmentaire de Caracalla
188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur
de 211 à 217
211 - 217
Type « Alleinherrscher »
Marbre
H. 16 x l. 19 x P. 22 (cm)
Ra 121
Buste militaire
complété d’une tête
195 - 205 (buste un peu plus tardif)
Marbre phrygien de Synnada
dit pavonazzetto (Docimium,
Turquie) pour le buste et marbre de Göktepe (Turquie) pour la tête
H. 92 x l. 64 x P. 32 (cm)
Ra 68 (1)
Tête de jeune garçon
(C. Fulvius Plautus Hortensianus ?)
Entre 202 et 205
Marbre
H. 21 x l. 18 x P. 21 (cm)
Ra 73 g
Tête d’homme
Entre 195 et 205
Type « Pérouse – Toulouse »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 37 x l. 24,5 x P. 25 (cm)
Ra 65
Buste d’un inconnu
Vers 195 - 205
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 62,5 x l. 58 x P. 30 (cm)
Ra 72
Buste d’un inconnu
Fin du IIe - début du IIIe siècle
Type dit « Palazzo
Corsini – Toulouse »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 82 x l. 58 x P. 34 (cm)
Ra 59
Buste d’un inconnu
Vers 210 - 220
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 84 x l. 58 x P. 33 (cm)
Ra 73 f
Portrait d’un inconnu
195 - 205
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 29 x l. 23,1 x P. 23,7 (cm)
Ra 69
Portrait d’homme anciennement
dit Sévère Alexandre
Vers 220 - 235
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 30 x l. 19 x P. 22 (cm)
L’anarchie militaire
Ra 123
Buste d’homme héroïsé
Vers 230 - 240
Marbre
H. 61,5 x l. 53 x P. 29 (cm)
Ra 73 d
Portrait d’un inconnu
Vers 215 - 220
Marbre d’Afyon (Turquie)
H. 34 x l. 22 x P. 24 (cm)
Ra 73 i
Portrait d’homme
Vers 225 - 250
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 34,5 x l. 18,5 x P. 23 (cm)
Ra 125
Buste de jeune garçon
Deuxième tiers du IIIe siècle
Marbre d’Afyon (Turquie)
H. 36,5 x l. 25 x P. 17 (cm)
Ra 71
Portrait d’un inconnu
215 - 235 (ou peu après)
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 80 x l. 67 x P. 38 (cm)
Ra 166
Portrait de Tranquillina (?)
Vers 241 - 244
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 50 x l. 34 x P. 21,5 (cm)
Ra 167
Portrait d’enfant
Années 240
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 28 x l. 21 x P. 15 (cm)
Ra 74
Portrait d’Etruscilla (?)
Milieu du IIIe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 64,5 x l. 64 x P. 29 (cm)
Ra 73 h
Portrait de Philippe le Jeune
237 - 249
Co-empereur de 247 à 249. Fils de Philippe l’Arabe et d’Otacilia Severa
Entre 247 et 249
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 24,5 x l. 17 x P. 19 (cm)
Époque théodosienne
Ra 82
Tête de femme
Époque théodosienne. Vers 375 - 425
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
H. 33,5 x l. 30 x P. 30 (cm)
Partie 3 L’art grec revisité
Ra 52
Tête de Vénus
Ier-IIe siècle
Marbre lychnites (île de Paros)
H. 40 x l. 24 x P. 31 (cm)
Ra 54 bis
Tête de divinité (Isis ?)
IIe-IIIe siècle
Marbre
H. 45 x l. 28 x P. 25 (cm)
Ra 152
L’enlèvement de Perséphone
Ier siècle
Marbre
H. 43 x l. 46 x P. 4,5 (cm)
Ra 32
Repos de deux faunes
dans un paysage
Ier– IIe siècle
Marbre
H. 35 x l. 35 x P. 8 (cm)
Ra 184
Statuette du type de l’Éros de Centocelle
IIe siècle (?)
Marbre
H. 30 x l. 15,5 x P. 12 (cm)
Ra 41
Esculape
IIe siècle
Marbre d’Afyon (Turquie)
H. 69 x l. 43 x P. 19,5 (cm)
Ra 112
Athéna
IIe siècle
Marbre
H. 14,5 x l. 52 x P. 32 (cm)
Ra 113
Statuette d’Athéna
Milieu du IIe siècle (?), d’après un original créé vers 430 avant n. è.
Type « Velletri »
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 61 x l. 23 x P. 16 (cm)
Ra 154
Tête de Minerve
IIe siècle ?
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 27 x l. 10,7 x P. 13,8 (cm)
Ra 115
Hercule au repos
IIe-IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 62 x l. 45 x P. 21 (cm)
Ra 134-Ra 137
Bacchus
IIIe - IVe siècle
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 49 x l. 30 x P. 21 (cm)
Ra 46
Le vieux pêcheur
IIIe-premier tiers du IVe siècle (?)
Marbre de Göktepe (Turquie)
H. 52 x l. 27 x P. 16 (cm)
Ra 38 (1)
Isis
IIIe- premier tiers du IVe siècle (?)
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 186 x l. 74 x P. 40 (cm)
Ra 29
Sarapis-Pluton
IIIe siècle – premier tiers
du IVe siècle (?)
Marbre
H. 142 x l. 42 x P. 17 (cm)
Ra 40
Harpocrate
IIIe-premier tiers du IVe siècle (?)
Marbre
H. 111,5 x l. 43,8 x P. 28 (cm)
Ra 151-Ra 114
Vénus
IVe siècle ?
Marbre
H. 77,5 x l. 28,5 x P. 20 (cm)
Partie 4 L’antiquité tardive
Portraits dynastiques de l’époque tétrarchique
Ra 34 b
Tête quasi colossale
de Maximien Hercule
Vers 240/250-310, empereur de 286 à 305 et de 306 à 310.
Après 293
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 43 x l. 26 x P. 30,5 (cm)
Ra 38 (2)
Portrait de Galeria Valeria Eutropia (?)
Épouse de Maximien Hercule, mère de Maxence et de Fausta.
Années cinquante du
IIIe siècle – 330
Fin IIIe – premières années du IVe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 31 x l. 28 x P. 25 (cm)
Ra 93 ter
Tête juvénile de Maxence (?)
Fils de Maximien et d’Eutropia, vers 278-312
Empereur de 306 à 312
Après 293
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 33 x l. 22 x P. 23 (cm)
Ra 127
Portrait de Valeria Maximilla (?)
Fille de l’empereur Galère (César puis Auguste), épouse de l’empereur Maxence
Vers 280 – après
312
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 32,5 x l. 26,5 x P. 24,5 (cm)
Ra 50 bis, Ra 97 et Ra 98
Maximien Hercule (?) donnant le signal d’ouverture des jeux
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 30 (tête) - 51 (bras) -
35 (main gauche) x l. 22,5 (tête)
- 23,5 (bras) - 19 (main gauche)
x P. 16,5 (tête) - 17,5 (bras)
- 14,5 (main gauche) (cm)
Partie 4
Le décor figuré
Ra 28 a
Tête nue d’Hercule
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 31 x l. 22 x P. 20 (cm)
Ra 28 b
Hercule et l’Hydre de Lerne
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 141 x l. 88 x P. 22 (cm)
Ra 28 d
Hercule et le sanglier d’Érymanthe
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 144 x l. 88,5 x P. 20 (cm)
Ra 28 j
Hercule et les écuries d’Augias
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 138 x l. 85 x P. 20 (cm)
Ra 28 g
Hercule et les oiseaux du lac Stymphale
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 130 x l. 90,5 x P. 16 (cm)
Ra 28 l
Hercule et les bœufs de Géryon
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 155 x l. 103 x P. 23 (cm)
Ra 28 c
Hercule et le taureau de Crète
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 49 x l. 48 x P. 20 (cm)
Ra 28 i
Hercule et le roi Diomède
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 38 (jument) – 105 (Hercule)
– 31 (Diomède)
x l. 49 (jument) – 54 (Hercule) – 30 (Diomède)
x P. 13 (jument) – 15 (Hercule)
– 16 (Diomède) (cm)
Ra 28 h
Hercule et la reine des Amazones
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 146 x l. 66 x P. 19 (cm)
Ra 28 f
Hercule et les Pommes d’or des Hespérides
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 148 x l. 63 x P. 21 (cm)
Ra 28 e
Hercule et Cerbère
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 143 x l. 85,5 x P. 19 (cm)
Ra 28 k
Tête d’Hercule barbu
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 29,5 x l. 23,5 x P. 22 (cm)
Ra 34 l
Attis
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 95 x l. 79 x P. 43 (cm)
Ra 34 i
Cybèle
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
H. 91 x l. 72 x P. 40 (cm)
Ra 34 m
Esculape
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
H. 78 x l. 75 x P. 38 (cm)
Ra 34 k
Hygie
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 76 x l. 73 x P. 35 (cm)
Ra 34 h
Diane (?)
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 86 x l. 74 x P. 38 (cm)
Ra 51bis
Junon (?)
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 36,5 x l. 33 x P. 24 (cm)
Ra 34 d
Vulcain
Fin du IIIe-premier tiers du IVe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 47 x l. 31 x P. 30 (cm)
Ra 34 f
Vénus (?)
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 45 x l. 32 x P. 31 (cm)
Ra 116-Ra 95
Assemblée de philosophes (?)
Type Fin IIIe-IVe siècle
Marbre
H. 70 (Ra 116) – 26 (Ra 95)
x l. 30 (Ra 116) – 35 (Ra 95)
x P. 17,5 (Ra 116) – 14 (Ra 95) (cm)
Ra 35
Masques de théâtre
Fin du IIIe siècle
Marbre
Ra 36 - Ra 37
Masques bachiques
Marbre
Ra 30
Minerve/Athéna
Fin du IIIe siècle
Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)
H. 42 x l. 40 x P. 12,5 (cm)
Partie 4
Le décor architectural
2000.411.1
Chapiteau corinthien
à tête de feuillage
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 49,5 x l. 76 x P. 17,2 (cm)
Ra 25
Chapiteau de pilastre
IVe siècle
Marbre
H. 35,8 x l. 44 x P. 9,3 (cm)
2000.180.1
Chapiteau de pilastre
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 20 x l. 30 x P. 8,5 (cm)
Ra 23 f
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 93 x l. 98 x P. 14,5 (cm)
Ra 23 b
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 134 x l. 65 x P. 13 (cm)
Ra 23 a
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 197 x l. 64 x P. 12 (cm)
Ra 23 h
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 79 x l. 44 x P. 8 (cm)
2000.173.5
Corniche
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 8 x l. 42 x P. 5,5 (cm)
Ra 23 d
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 178 x l. 60 x P. 10 (cm)
2000.179.3
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 25,5 x l. 28 x P. 3 (cm)
2000.175.1.1
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 30 x l. 63 x P. 4 (cm)
2000.176.1
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
"Marbre griotte" de Campan
H. 24 x l. 29 x P. 3 (cm)
2000.176.2
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 18 x l. 28,5 x P. 3,5 (cm)
2000.176.3
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 25,5 x l. 28 x P. 3 (cm)
2000.176.4
Plaque de décor
IIIe-IVe siècle
Marbre des Pyrénées
H. 18 x l. 20,5 x P. 4 (cm)
Ra 23 e
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 87 x l. 64,5 x P. 11 (cm)
Ra 23 c
Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte
Fin du IIIe siècle
Marbre
H. 105 x l. 42 x P. 7,5 (cm)
Colophon
Directrice de la publication Laure Barthet,
conservateur du Patrimoine,
directrice
du musée Saint-Raymond
Coordination éditoriale Christelle Molinié,
responsable des ressources documentaires
Auteurs des textes Pascal Capus, chargé des collections
de sculptures romaines
et numismatiques.
Texte d’introduction de la partie 3 écrit en collaboration
avec Chloé Damay, doctorante
en archéologie.
Les notices relatives aux portraits ont été rédigées
à partir des travaux de Jean-Charles Balty,
Daniel Cazes et Emmanuelle Rosso.
Développement du système de publication Antoine Fauchié
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Crédits photographiquees Daniel Martin, CC BY-SA
Emilie Cazin (intérieur de 4e de couverture), CC BY-SA
Félix Régnault, documentation du MSR (p. 17), domaine public
Infographie du plan de la villa de Chiragan Pierre Pisani (Service archéologique
de Toulouse Métropole)
et Emanuelle Guillemot, CC BY-SA
Typographies Orkney par Hanken Design Co.
Bellaza par Eduardo Tunni
Impression Ménard Imprimerie, Labège (France)
Citer cet ouvrage:
Capus P., Les sculptures de la villa romaine de Chiragan,
Toulouse, 2020.
ISBN : 978-2-909454-44-3.