Les sculptures
de la villa romaine
de Chiragan

Les sculptures de la villa romaine de Chiragan

Musée Saint-Raymond

Musée d’Archéologie de Toulouse

2020

À propos

Il revient aujourd’hui au musée Saint-Raymond, en tant que lieu de conservation de l'ensemble des sculptures en marbre de la villa romaine de Chiragan, de répondre aux interrogations d’un public toujours plus nombreux mais souvent dérouté face à ces austères visages impériaux ou à ces dieux qui lui sont plus ou moins familiers. Deux démarches concomitantes ont été entreprises à ce sujet par l’institution toulousaine depuis la restructuration globale du bâtiment et la modernisation des espaces d’exposition à la fin du siècle dernier. D’une part, Daniel Cazes, alors conservateur en chef et directeur, accorda, en 1999, une place importante aux sculptures de la villa dans son ouvrage général du musée, destiné à une large audience. De l’autre, un travail d’ordre scientifique fut engagé par
Jean-Charles Balty, dès 1995, auquel se joignit Emmanuelle 
Rosso, à partir de 2011. La rigueur qui caractérise ces études, enrichies par l’abondance des images, permirent d’apporter un éclairage édifiant sur la série des portraits de Chiragan. Il s’agissait là d’un substantiel outil pour les chercheurs, étudiants et passionnés.

Livrer aujourd’hui une synthèse de ces différentes sources devenait fondamental. Elle s’appuie, en grande partie, sur les études précédemment citées auxquelles s’ajoutent les travaux d’universitaires et de chercheurs internationaux, régulièrement référencés dans ce catalogue. La pertinence de leurs analyses a largement contribué, depuis une quarantaine d’années, au renouvellement de notre regard sur la sculpture romaine. La démarche est bien entendu amplement complétée par le travail de recherche au sein même du musée et la réalisation d’une campagne photographique de l’ensemble des sculptures exposées.

Afin de faciliter l’accès à ces ressources et leur offrir l’opportunité de nourrir d’autres travaux d’étude ou d’être réexploitées dans des contextes et domaines divers, les
contenus sont publiés sous licence ouverte en conformité avec la politique d’open data de la mairie de Toulouse. La chaîne d’édition inspirée de celle des publications du Getty Museum, est constituée de modules indépendants et basée sur l’utilisation d’outils open source et collaboratifs à partir desquels est par ailleurs générée la version imprimée. Cette réalisation innovante réinvente la forme traditionnelle du catalogue de collection muséale.

Christelle Molinié et Pascal Capus

Table des matières

Partie 1

Chiragan

Une villa hors du commun

Légende

Évolution de l’architecture de la villa (d’après le plan de Léon Joulin)

  • 1er état : Époque d’Auguste (?)
  • 2e état : Fin Ier – début IIe siècle (?)
  • 3e état : Deuxième moitié du IIe siècle (?)
  • 4e état : IIIe – IVe siècle (?)

Lieux de la villa

  • Portique
  • Grande esplanade avec fontaine
  • « Cour-jardin » et salles de réception
  • Appartements d’été (?)
  • Péristyle (40 m de côté)
  • Salle monumentale (25 m de longueur)
  • Ensemble thermal
  • Belvédère
  • Locaux artisanaux et agricoles
  • Temple (?)

lieu-sculpture Lieux de découverte des sculptures

Partie 1

Chiragan

Une villa hors du commun

Le nom de Chiragan, lieu-dit situé aux portes de la ville de Martres-Tolosane, à soixante kilomètres au sud-ouest de Toulouse, est aujourd’hui internationalement connu par tous les amateurs d’archéologie romaine et de sculpture antique en particulier. De ce site provient en effet le plus impressionnant rassemblement, jamais découvert en France, de portraits, figures mythologiques en ronde-bosse et reliefs de très grande qualité, taillés dans des marbres divers, majoritairement d’Asie Mineure et des Pyrénées. Ces productions ne peuvent en aucun cas être imputées à des sculpteurs issus d’un contexte provincial. Elles sont au contraire les produits d’officines qui, si diverses soient-elles, entretinrent toujours un lien direct avec la com-mande aristocratique et probablement au-delà, jusqu’aux hautes sphères du pouvoir. Ainsi, nombre d’œuvres du Haut-Empire furent-elles directement importées depuis Rome. On distingue également une production statuaire de petit et moyen format, inscrite dans un courant esthétique privilégié durant l’Antiquité tardive. À cette série, s’ajoute un décor figuré et des éléments architecturaux, hors du commun en Gaule, spécialement créés sur place par des sculpteurs rompus aux techniques de la grande statuaire en marbre.

Probablement rehaussées de couleurs éclatantes, dont il ne reste rien, les sculptures furent mises en place dans des niches, sur des piédestaux, au cœur des parterres et des cours, le long des portiques et dans les thermes d’un complexe architectural dont seul le plan est aujourd’hui connu. C’est bien celui d’une villa, une résidence rurale, associant d’un point de vue structurel et planimétrique, une partie résidentielle (pars urbana) à de nombreux locaux dédiés aux activités agri-coles et artisanales (pars rustica) Columelle, De l’agriculture, Ier siècle, I, VI.. Cependant, sa configuration connaît une telle dilatation, que la résidence rurale canonique cède assurément le pas à une autre catégorie d’implantation. En effet, le domaine, qui resta actif du début à la fin de l’Empire romain d’Occident, prit, à partir d’une certaine époque, des allures de palais aux dimensions exceptionnelles dans le contexte de la Gaule et des provinces occidentales.

Le cadre

À l’époque antique, le territoire sur lequel est implantée la villa correspond à l’extrémité occidentale de la province de Narbonnaise, aux portes de l’Aquitaine L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris, 1901,
p. 3-5.
. En aval de la cluse de Boussens et de la confluence du Salat et de la Garonne, le lieu est situé sur une terrasse alluviale, en rive gauche du fleuve, et dominé par les chaînons des pré-Pyrénées.

Le corridor garonnais y a longtemps représenté un axe de pénétration important, depuis la plaine toulousaine vers le massif pyrénéen, tout autant qu’une voie de communication majeure entre montagne et plaine et, ainsi, vers l’important centre économique et point de rupture de charge que représentait la cité gauloise, puis romaine de Tolosa. Le fleuve devenait flottable, pour les radeaux, en amont même des carrières de marbre de Saint-Béat, malgré toutes les difficultés et dangers rencontrés, sans aucun doute, par les bateliers. Il devenait ensuite parfaitement navigable en amont de Martres-Tolosane, à Roquefort-sur-Garonne et, en particulier, à partir de Boussens J.-M. Minovez, « Grandeur et décadence de la navigation fluviale : l’exemple du bassin supérieur de la Garonne du milieu du XVIIe au milieu du XIXe siècle », Histoire, économie et société, 18e année, 3, 1999, p. 569‑592, en partic. p. 125.. Outre les marbres de Saint-Béat, les besoins en bois et l’exploitation forestière des vallées de la Neste, du Salat ou de la Barousse rendaient sans doute nécessaires les nombreux petits ports qui devaient s’égrener le long du fleuve. Ainsi les appontements de la villa de Chiragan devaient-ils prendre toute leur importance, en raison de l’activité débordante, inhérente à un tel domaine.

Au grand couloir fluvial s’ajoutait la voie romaine qui traversait le territoire et passait au nord de l’enceinte. Cet axe important, probablement connecté au grand complexe au moyen d’un embranchement, reliait Tolosa à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) et, au-delà, à la Civitas Aquensium (Dax) R. Sablayrolles, « De Pyrenaeis iugis : les voies des Convènes », Pallas, 82, 2010, p. 199‑221, en partic. p. 202-203.. Il faut enfin rappeler que la villa, proba-blement au cœur des échanges économiques et de la circulation des biens, était en relation étroite avec un certain nombre d’agglomérations secondaires qui devaient constituer autant de marchés et de lieux de rencontre et formaient un maillage important dans le cadre agricole et commercial de l’époque.

La découverte, les fouilles

Au Moyen Âge et à la Renaissance, la villa de Chiragan servit, de manière régulière, de carrière et de lieu d’approvisionnement en briques, calcaires et marbres, à l’image de tous les grands ensembles monumentaux antiques dont les matériaux furent abondamment remployés. À la fin du XVIIe siècle, le chanoine Lebret rapporte qu’au début de ce même siècle avaient été découvertes plusieurs sculptures en marbre dont sept masques et une tête féminine, immédiatement destinés à enrichir l’orangerie du palais de l’évêque de Rieux, situé à une vingtaine de kilomètres A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, 1835, p. 62.. Ainsi en fut-il pour d’autres œuvres, issues du site antique, qui abreuvèrent les collections aristocratiques de quelques grands protagonistes de la vie religieuse et politique régionale. Loin de se tarir, les découvertes ponctuelles se poursuivirent, de toute évidence, durant le XVIIIe siècle.

Mais c’est en 1826 que l’histoire officielle de la découverte de Chiragan débute. Dans cette France de Charles X, l’étude des civilisations anciennes connaît un véritable engouement. Les récupérations d’œuvres antiques, sur des terrains avoisinant le village de Martres-Tolosane, ne pouvaient qu’interpeler le jeune « antiquaire » Alexandre Du Mège, membre de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse et auteur d’un ouvrage sur les « Antiquités des peuples celti-ques » régionaux A. Du Mège, Monumens religieux des Volces-Tectosages, des Garumni et des Convenae, ou Fragmens de l’archaeologie pyrénéenne et recherches sur les antiquités du département de la Haute-Garonne, Toulouse, 1814, p. 230.. C’est en particulier un phénomène naturel qui vient alors prêter main-forte à l’archéologue : un orage, qui s’abat sur la plaine de Martres-Tolosane. Si les éléments semblent catastrophiques pour les récoltes, ils sont conjointe-ment à l’origine de l’apparition de maçonneries et, bien plus impressionnant encore, de l’affleurement de nombreux marbres. En ce mois de mai 1826, les aléas météorologiques deviennent donc, de manière insolite, d’inopinés alliés aux amateurs d’antiques. Des antiques qui devenaient autant d’obstacles au sillage de la charrue de Bernard Saboulard, cultivateur du champ J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains,
1 : Époque julio-claudienne, 1.1
(Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2005, p. 31.
.

À cette époque, Alexandre Du Mège est inspecteur des Antiquités et secrétaire de la Direction du musée de Toulouse ; c’est à ce titre que le maire de Martres-Tolosane, Joseph de Roquemaurel, lui écrit au cœur de l’été, afin de l’informer des spectaculaires mises au jour qui ont lieu sur place et de l’urgence d’une fouille Ibidem, p. 30.. Du Mège entreprend donc des investi-gations, largement motivées par la découverte des marbres sculptés. Le succès est indéniable car le sous-sol se révèle plus que fertile, répondant, au-delà de toute espérance, à l’appétence, caractéristique de l’époque, pour l’art des Anciens ; une démarche archéologique bien entendu encore étrangère à la lecture du terrain et à l’analyse des contextes et de la strati-graphie. Quant aux proportions impressionnantes des bâtiments dont témoignent les fondations, elles persuadent l’Inspecteur des Antiquités qu’il exhume là une station routière d’époque romaine connue sous le nom de Calagurris. Si le lieu avait été mentionné à l’époque paléochrétienne par saint Jérôme, dans sa diatribe contre l’hérésiarque Vigilantius, qui y serait né W.S. Gilly, Vigilantius and His Times, Londres, 1844, p. 125 ; Jérôme de Stridon, Contre Vigilance, Ve siècle., c’est le village de Saint-Martory, situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Chiragan, qui est aujourd’hui reconnu comme l’antique Calagurris ou Calagorris. Par ailleurs, une fois révélés les grands reliefs consacrés au cycle des Travaux d’Hercule, l’« antiquaire » est convaincu de la présence d’un temple qui, au cœur de la petite agglomération qu’il pense identifier, aurait été consacré au héros. On peut alors lire dans la presse locale du mois d’août 1826 le compte rendu suivant :

Reconstitution des fouilles d'Albert Lebègue, un dimanche d'hiver 1891. Les ouvriers, bien habillés pour l’occasion, prennent la pose, immobiles. Seul Abel Ferré, chef du chantier, regarde l’objectif.

« Cet archéologue [Du Mège] vient de visiter les ruines de Calagurris, et ses soins ont arraché à l’oubli une foule d’objets précieux parmi lesquels on compte des statues presque de grandeur naturelle et en marbre blanc, de Sérapis et d’Hercule, des frises de la plus grande beauté, des bustes d’empereurs et d’impératrices d’une proportion colossale, etc. M. Du Mège a fait l’acquisition de tous ces restes précieux qui seront sans doute transportés bientôt à Toulouse, pour être placés ensuite dans la galerie d’antiquités, créée par ce savant… On assure que M. Du Mège fait continuer les fouilles, et l’on doit espérer que, dirigées par lui, sur le vaste espace qui offre des traces de temples et d’anciennes habitations, elles produiront d’importantes décou-vertes. » « Toulouse, le 31 août 1826 », Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, 1826, p. 3 ; J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 32.. Et le découvreur de s’écrier, avec fierté et emphase : « j’ai recueilli une partie des marques de son antique splendeur, et, en contemplant les lieux où elle fut ensevelie, j’ai pu m’écrier avec Lucien : « Les villes meurent comme les hommes ! » « Antiquités de Calagurris des Convènes », Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, 1826, p. 3‑4.. Il est facile de s’imaginer combien l’émotion de l’archéologue dut atteindre une sorte d’acmé lors de la mise au jour, entre la fin du mois de septembre et le début du mois de décembre 1826, de la plus grande quantité de fragments, portraits et éléments architectoniques que ces fouilles auront permis de découvrir J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 41..

Le comte de Montbel, maire de Toulouse, est dès lors vive-ment sollicité par l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, elle-même informée par Du Mège de la qualité et de la quantité des marbres découverts à Martres-Tolosane. Ainsi la capitale régionale engage-t-elle d’importants crédits, versés au propriétaire du terrain, Gabriel Saboulard, afin de débuter la collecte des sculptures J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 31.. Ce financement de la municipalité toulousaine sera poursuivi sous le mandat suivant, celui du marquis de Rességuier A. d’Aldéguier, « Éloge de M. A. Du Mège, fondateur et secrétaire général de la Société archéologique du Midi de la France », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, VIII, 1863, en partic. p. 263-264.. Du Mège peut alors poursuivre sa campagne de récupération des antiques de Martres, jusqu’à la révolution de juillet 1830.

Si l’on ne peut oublier que son nom sera entaché par quelques affaires compromettantes, l’archéologue n’ayant pas hésité, durant sa longue carrière, à tromper son entourage en concevant de faux antiques, on ne peut pourtant qu’estimer l’action et le dynamisme de l’homme dans le cadre de ce chantier martrais. Un doute cependant s’impose quant à l’authenticité d’une inscription fragmentaire G.-J. Andrieu, Bibliographie générale de l’Agenais et des parties du Condomois et du Bazadais incorporées dans le département de Lot-et-Garonne, Paris-Agen, 1886, p. 170-172 ; H. Delpont, Maximilien-Théodore Chrétin et l’Empire de Tétricus, Narrosse, 2006., une découverte attribuée à l’Inspecteur des antiques, qui mentionne que les habitants de Calagurris souhaitent une bonne santé à l’empereur J. Massendari, La Haute-Garonne :
hormis le Comminges et Toulouse 31/1

(Carte archéologique de la Gaule), Paris,
2006, p. 236.
. Il en est de même pour un étrange vase en céramique, men-tionné par Du Mège dès 1814 A. Du Mège, op. cit., p. 230.. On entreverra davantage dans l’épigraphe la malice de l’antiquaire qui tentait de conforter sa théorie selon laquelle le site de Chiragan correspondrait à l’agglomération antique, aujourd’hui associée, comme nous l’avons dit, au village de Saint-Martory. Quoi qu’il en soit, et si l’érudit se méprend donc quant à l’interprétation de l’impres-sionnant ensemble architectural, le site découvert n’en demeure pas moins exceptionnel.

Outre de nouvelles découvertes fortuites, mentionnées durant la seconde moitié du siècle, plusieurs autres campagnes de fouilles officielles furent par la suite programmées : de 1840 à 1848, à l’initiative de la Société archéologique du Midi de la France, ou encore en 1890 et 1891, sous la direction du professeur Albert Lebègue. C’est enfin Léon Joulin, au crépuscule du siècle, qui entreprend une cinquième, et ultime, grande campagne. Scientifique, polytechnicien, ce passionné d’archéo-logie identifie alors le site comme une seule et même résidence. Bien plus, il élargit avec pertinence son étude d’un point de vue géographique à travers un projet qui lui permet d’intégrer pas moins de cinq autres établissements, deux vici et trois villae. Toutes ces implantations sont situées sur un territoire corres-pondant au rayon d’un demi-cercle qui n’excède pas huit kilomètres à partir du domaine auquel ils furent probablement liés, sinon assujettis. À l’origine d’un travail minutieux et d’une analyse scrupuleuse de toute la documentation archéologique, méticuleusement consignée dans ses carnets, dont il disposait au fur et à mesure de ses fouilles, Léon Joulin décida d’en publier les résultats. Son ouvrage, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, demeure encore aujourd’hui une référence scientifique unique pour comprendre les vestiges de la villa. Bien plus que la quête exclusive d’œuvres en marbre, qui avait polarisé l’esprit d’Alexandre Du Mège et à nouveau celui d’Albert Lebègue, effectivement à l’origine de spectaculaires découvertes, Léon Joulin s’attache priori-tairement à comprendre structures et planimétrie des bâtiments qui composent l’ensemble d’un site dont il tente également d’appréhender les limites physiques, ainsi que la topographie. Preuve de sa compétence, le plan dont il exécute le relevé a été confirmé par des prospections géophysiques et quelques sondages récents Direction régionale des Affaires culturelles
(Midi-Pyrénées) et al. (éd.), Bilan scientifique
de la région Midi-Pyrénées : 2001
, Paris,
2005, p. 74.
.

Une villa d’exception

La villa fouillée et étudiée par Léon Joulin L. Joulin, op. cit., p. 23-49. se déployait sur environ seize hectares, circonscrits par un enclos matérialisé par des murs. Elle comportait une partie résidentielle (pars urbana) et une partie dévolue aux activités agricoles (pars rustica), selon un modèle canonique mais singularisé en ce lieu par une amplification hors norme. À ce dernier point, s’ajoute l’impressionnante série de portraits d’anonymes, interprétés comme des membres de l’ordre équestre, un rang qui représentait, avec l’ordre sénatorial, l’un des deux groupes aristocratiques dominants. Ces caractéristiques ont autorisé L. Joulin à entrevoir dans cet ensemble une propriété dirigée, « à l’origine du moins », par des procurateurs, responsables du domaine impérial régional ou bien par un sénateur, administrateur de la province de Narbonnaise. Il faut aujourd’hui souligner, à la suite d’un certain nombre de travaux récents, la présence et l’importance de l’élite, en particulier les magistrats municipaux, dans ce contexte rural romain que représentaient les territoires des cités P.-A. Février, « Villes et campagnes des Gaules sous l’Empire », Ktema, 6, 1981, p. 359‑372, en partic. p. 362-363..

Pars rustica

Durant l’Antiquité romaine, cet environnement rural et l’agri-culture qui y était pratiquée firent l’objet de plusieurs traités, demeurés célèbres. Ils permettent de mieux concevoir la nature même de ce que l’on nomme villa. Ainsi Caton Caton, De l’agriculture, Ier siècle, IV, 4., au IIe siècle avant n. è., Varron Varron, La Langue latine, IIe-Ier siècle av. J.-C., VI, 35 ; Columelle, op. cit., I, 13., au siècle suivant, Columelle Columelle, op. cit., 1, VI, 1. et Pline l’Ancien Pline lAncien, Histoire naturelle, 77 (circa),
XVIII, 7.
, au Ier siècle de n. è., ou plus tardivement, Palladius et son calendrier des activités fermières et agricoles Palladius, Traité d’agriculture, Ve siècle, I, 8., au Ve siècle, décrivent ce type d’implantation ou font allusion à ces établissements en tant que lieux dévolus à l’exploitation rationnelle des cultures et de l’élevage, pouvant faire commerce de leurs productions M.-P. Zannier, Paysages du grand domaine et normes agronomiques de Caton à Pline l’Ancien : représentations de l’espace et “bonne mesure”, Thèse de doctorat, soutenue à Le Mans Université, 2007, p. 91-96.. Car la villa régit un domaine, plus ou moins important : le fundusL. Capogrossi Colognesi, « Dalla villa al saltus : continuità e transformazioni », Centre national de la recherche scientifique (éd.), Du latifundium au latifondo : un héritage de Rome, une création médiévale ou moderne ? Table ronde internationale du CNRS, Université Michel de Montaigne, Bordeaux III,
17-19 décembre 1992
, Paris, 1995, p. 191-211.
. Un cours d’eau et une route, de préférence très fréquentée, formaient d’autre part un envi-ronnement déjà préconisé, en Italie, à l’époque républicaine, notamment par Varron Varron, La Langue latine, IIe-Ier siècle av.  J.-C., 11 et I, 16..

À Chiragan, l’espace dévolu aux locaux de conservation des denrées, de stockage et de vie du personnel, entre dans la catégorie dite « à pavillons multiples alignés » A. Ferdière et al., « Les grandes villae “à pavillons multiples alignés” dans les provinces des Gaules et des Germanies : répartition, origine et fonctions », Revue archéologique de l’Est, 59-2, 182,
Fasc. 2, 2010, p. 357‑446, en partic. p. 384.
. On recen-se cependant dans ce secteur, consacré au labeur, un si grand nombre de structures, déployées sur une telle surface, que la villa s’affranchit, encore une fois, de toute comparaison. En effet, ce ne sont pas moins de trois lignes de bâtiments, parfaitement parallèles, qui suivent l’axe est-ouest des murs d’enceinte nord et sud. Une quatrième batterie de pavillons, proche de la Garonne, adopte une direction déjetée en comparaison des précédentes, prolongeant le second mur méridional et formant un angle de trente degrés par rapport à l’axe de son prédécesseur,
lui-même probablement détruit par les crues. De grands bâti-ments, originellement alignés contre le mur d’enceinte oriental, pouvaient faire fonction ici, entre autres, de grands entrepôts. Cette organisation témoigne de la rationalisation des activités de production. Mais un certain nombre de ces locaux, construits en bois et torchis selon toute vraisemblance, auraient également pu servir de lieux d’habitat à une population de travailleurs dont le statut, libre ou servile, demeure impossible à connaître. À la fonction agricole s’ajoute, dans les grands domaines, une fréquente production artisanale, marquée par la présence d’ateliers (figlinae), ces deux domaines d’activité pouvant être légitimement liés. Selon Léon Joulin, dernier fouilleur de la villa et, nous l’avons déjà souligné, auteur rigoureux de son plan et de sa description, si ces locaux devaient être construits en matériaux périssables durant le Haut-Empire, ceux du dernier état sont caractérisés par une plus grande ampleur et des élévations maçonnées.

S’appuyant sur les écrits de Caton, et du postulat de l’auteur selon lequel neuf personnes étaient recommandées pour vingt-cinq hectares de cultures, ainsi que des estimations de Léon Joulin, qui supposait que quatre cents personnes (une centaine de familles) auraient pu loger dans les constructions de la pars rustica de Chiragan, Albert Grenier avance, mais avec prudence, que le domaine exploité (fundus) aurait pu atteindre mille hectares A. Grenier, Manuel d’archéologie gallo-romaine, 6 : L’archéologie du sol, 2, Paris, 1934, p. 889.. Il paraît légitime de considérer que la couronne que constituaient villae et agglomérations rurales (vici) étudiées par Léon Joulin dépendait probablement de la grande demeure et participait pleinement à son activité. Cette organisation, reposant sur un tel réseau économique, élaboré dans un rayon proche, soutient la fonction même de la villa romaine : optimiser les rendements et, corollairement, les profits du dominusP. Leveau, « Introduction : les incertitudes du terme villa et la question du vicus en Gaule Narbonnaise », Revue archéologique de Narbonnaise, 35, 1, 2002, p. 5‑26..

Pars urbana

Si le revenu (fructus) y est essentiel et dépend étroitement de la pars rustica, le plaisir (delectatio et otium), intellectuel et physique, y demeure également important et relève de l’espace résidentiel P. Ouzoulias, « Les campagnes gallo-romaines : quelle place pour la villa ? », Comment les Gaules devinrent romaines, Paris, 2010,
p. 189‑211, p. 190.
. À la fonction de production, la villa romaine ajoute donc, on le sait bien, depuis la première moitié du IIe siècle avant n. è., une fonction de résidence privilégiée, un lieu de luxe, où opulence et culture pouvaient être exprimées au moyen d’une architecture remarquable, complétée de peintures, mosaïques et sculptures ; un décor chatoyant plus ou moins régulièrement renouvelé. Ainsi la richesse de la domus urbaine, caractérisée par la présence de cours intérieures (atrium et péristyle) distri-buant les différents espaces, était-elle transposée à la campagne. En raison, précisément, de cette extension inédite, peut-être faut-il nuancer l’attribution stricte de fonction résidentielle qui fut attribuée à la partie centrale de l’ensemble et ne pas faire de Chiragan un lieu qui obéirait de manière aussi conventionnelle aux écrits théoriques agricoles de l’Antiquité dont les spécificités ne peuvent s’appliquer aussi catégoriquement dans ce contexte. Il apparaît néanmoins que les vestiges révélés par les campagnes de fouilles du XIXe siècle correspondaient en grande partie à ceux d’une luxueuse résidence dont les séparations de fonctions, privée et publique, resteraient à définir.

La pars urbana, partie résidentielle de la villa, est en effet considérable, comme en témoigne le plan d’ensemble. Prenant possession, de manière originale, de l’angle sud-ouest de l’enclos, elle s’étend sur près de 20 000 m², plus du double de la superficie de la villa de Valentine, qui est elle-même la deuxième plus grande demeure rurale dans le Sud-Ouest des Gaules (8 400 m²). Une cour à péristyle, de trente mètres de côté, mais également des bains, semblent appartenir au premier état de la pars urbana, daté du Ier siècle. L’ensemble sera considérablement agrandi, peut-être à partir de la fin de ce même siècle et durant le suivant mais surtout durant l’Antiquité tardive. De grands thermes sont ajoutés ainsi qu’un nouvel ensemble, au sud, comprenant une vaste esplanade qui devait faire fonction de belvédère dominant le fleuve C. Balmelle, Les demeures aristocratiques d’Aquitaine : société et culture de l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest de la Gaule (Mémoires 5 – Aquitania, suppl. 10), Bordeaux-Paris, 2001, p. 101..

La galerie

À partir du mur arrière du bloc comportant les grands thermes, court, en direction du nord, une impressionnante galerie dont la longueur aurait atteint cent soixante-dix mètres L. Joulin, op. cit., p. 23.. Elle se conclut par une salle rectangulaire, qui se développe longitudinalement sur plus de treize mètres et fait saillie vers l’est. Ainsi toute la partie orientale était-elle puissamment structurée par cet impressionnant portique qui, telle une épine dorsale, prolonge une enfilade de pièces situées au cœur de la partie privée de la résidence. Par sa situation dans l’espace, au niveau du tiers occidental de l’enclos, le grand espace longitudinal agit donc comme une véritable ligne de force. À sa droite, se développent, du sud au nord, la grande cour, ouverte vers l’est, longue de soixante-cinq mètres, et les deux rangées, parfaitement parallèles, des locaux agricoles et industriels septentrionaux Ibidem, p. 37-39..

D. Cazes émit l’hypothèse que le portique, d’une longueur de quarante-cinq mètres et large de onze mètres, qui ferme la cour sur son côté occidental, aurait pu constituer un lieu idoine pour l’installation des grands reliefs représentant les travaux d’Hercule D. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris, 1999, p. 85.. On peut, en effet, parfaitement en convenir, si l’on tient compte de la monumentalité de l’espace. Un autre espace, cependant, aurait pu faire fonction de lieu d’accueil des panneaux composant le cycle herculéen ; il s’agit de la salle à terminaison hémicirculaire, longue de vingt-quatre mètres, implantée dans l’axe de la galerie, dont elle était mitoyenne ; elle n’est pas sans évoquer, en ce qui concerne le Sud-Ouest des Gaules, les deux salles à absides opposées de la villa de Nérac (Lot-et-Garonne) C. Balmelle, op. cit., p. 160, fig. b et p. 162..

Malgré toutes les incertitudes relatives aux élévations de cette impressionnante composition, plan et ampleur des espaces renvoient à une conception digne d’un palais. L’immense surface dévolue à la cour, notamment, a permis d’interpréter ce secteur comme l’entrée d’honneur de la demeure Ibidem, p. 147.. Seule une grande fontaine en forme de T, plaquée de marbres, de huit mètres sur sept, témoignait de la probable sophistication de cette vaste esplanade qui se détachait sur un décor de hautes colonnes. Cette arrivée majestueuse de l’eau demeure le seul témoignage des aménagements hydriques de la résidence, par ailleurs intrinsèques à toute résidence de haut rang.

Le quartier occidental

L’ensemble situé au sud-ouest de la grande galerie abrite la grande cour de trente mètres de côté, mentionnée plus haut, comprenant, au nord, une pièce débordante à hypocauste. Ce péristyle aurait été reconstruit à l’emplacement d’un premier, plus modeste, d’époque augustéenne. L’aile orientale comporte le quartier des cuisines, comprenant une cour à bassin circulaire L. Joulin, op. cit., p. 70., et deux grands atria. Des appartements entourant le péristyle ont été extraits des fragments de mosaïques et des dallages de marbre.

Depuis ces quartiers, luxueusement décorés, comme en attestent les fragments de marbres qui auraient été mis au jour, un grand escalier, au sud, permettait de descendre vers une très grande terrasse, impressionnant remblai qui permit d’aplanir la déclivité originelle, ouvrant sur la Garonne et encadrée, à l’ouest et à l’est, par deux cryptoportiques Ibidem, p. 26.. C’est en contrebas des marches, donc du soubassement du bloc résidentiel, que fut découvert l’un des trois grands « trous de décombres », soit les fosses remplies de très nombreuses sculptures. Rassemblés en ce lieu à une époque indéterminée, les marbres furent proba-blement jetés depuis la terrasse supérieure et successivement dégagés lors des fouilles d’Alexandre Du Mège, en 1826, puis du professeur Albert Lebègue et du martrais Abel Ferré, en 1890. Dans l’axe de l’escalier précédemment cité, en parfaite symétrie, s’élevait, au sud de l’espace sans doute paysager de l’esplanade, une construction hexagonale, probable pavillon d’agrément qui dominait le fleuve et permettait un point de vue sur les collines environnantes. Quant au cryptoportique oriental, son extrémité méridionale, par conséquent du côté de la Garonne, a été bouleversée, à une époque postérieure - celle que Léon Joulin identifiait comme le troisième état Ibidem, p. 156. - par la mise en place d’une série de salles qui se développait sur cinquante mètres de longueur et dix mètres de largeur. En raison de leur situation dominante par rapport au fleuve et surtout à la présence d’une baignoire, Joulin y vit de probables bains d’été Ibidem, p. 30..

À l’ouest de la grande cour méridionale, s’élevait une série de pièces, bordées par un nouveau cryptoportique Ibidem, p. 28.. On y dis-tingue, dans la partie centrale, une grande salle octogonale, entourée de pièces plus réduites, également à pans coupés. Ce groupe, proche de la rive du fleuve, semble correspondre à l’une des architectures parmi les plus complexes de la villa ; le raffinement de son plan, caractérisé par l’abattage des angles, associé à la multiplication des pavillons, n’est pas sans rappeler certaines formules sophistiquées de la villa d’Hadrien, à Tivoli, ou du palais, plus tardif, de Cercadilla, à Cordoue.

À l’opposé de cet ensemble, plus à l’est, de l’autre côté de la cour, il était possible d’emprunter un escalier qui, depuis le cryptoportique oriental, reliait un appartement, par consé-quent implanté nettement plus bas que l’ensemble architectural précédent. Comprenant douze pièces, il se développait, sur une superficie d’environ 300 m², autour d’une cour, au sol de marbres polychromes, rafraîchie par un grand bassin, ce dernier couvrant l’entière largeur du cryptoportique. Atrium à grand impluvium, salles de service, vestiges de canalisations et deux bassins accolés à la façade sur jardin, à l’est, ont été ici reconnus par le fouilleur Ibidem, p. 30-32..

La partie orientale

Poursuivant le parcours vers l’est, à partir du bloc évoqué précédemment et dans le prolongement de sa cour centrale, nous accédons à une galerie composée de deux salles longi-tudinales menant à un nouvel et vaste atrium quadrangulaire, pavé de marbres Ibidem, p. 32.. Son entrée, apparemment majestueuse, se situait du côté de la Garonne. Suivait un espace, peut-être découvert, qui se développait sur trente mètres, soit une longueur équivalente à la grande cour de la partie nord-ouest du complexe résidentiel. La partie orientale de ce secteur, hypothétique cour-jardin, s’élargit considérablement, formant un hémicycle de vingt mètres de diamètre. Cette extension évoque la configuration de certaines salles, aux superficies tout aussi imposantes, mises en valeur lors des fouilles du palais de Galère à Gamzigrad L. Mulvin, Late Roman Villas in the Danube-Balkan Region (British Archaeological Reports), Oxford, 2002, p. 81-83. et de la villa de Mediana Ibidem, p. 92-93., tous deux en Moésie Supérieure (Serbie), de Desenzano del Garda (Brescia) C. Sfameni, Ville residenziali nell’Italia tardoantica (Munera), Bari, 2006, p. 161-164. et de la villa de Centocelle ad duas lauros, à Rome R. Volpe, « Le ville del suburbio di Roma », S. Ensoli, E. La Rocca (éd.), Aurea Roma : dalla città pagana alla città cristiana. Mostra, Palazzo delle esposizioni, Roma, dicembre 2000 -
aprile 2001
, Rome, 2000, p. 161‑167.
. On pensera, de même, à la somptueuse salle à abside de la villa de Montcaret (Dordogne) F. Berthault, « Montcaret », M. Provost (éd.),
24-La Dordogne (Carte archéologique de la Gaule), Paris, 1993, p. 159‑166, p. 159-166 ; C. Balmelle, op. cit., p. 162 ; C. Landes, La villa gallo-romaine de Montcaret : Dordogne (Itinéraires du Patrimoine), Paris, 2017.
. Ces résidences, dont les constructions
furent datées entre la fin du IIIe et le premier tiers du IVe siècle, semblent entrer en résonance avec le goût pour la dilatation des espaces et la complexité des plans, typiques de l’Antiquité tardive, dont Chiragan, ou encore la villa de Montmaurin, toute proche, pourraient être de convaincants exemples pour le Sud-Ouest des Gaules. À Chiragan, au centre de la grande courbe, disposée sur l’axe central de l’espace, était greffée une rotonde, encadrée par deux petits espaces quadrangulaires, formant un plausible espace privilégié qui pourrait rappeler un nymphée. De part et d’autre de l’espace longitudinal de la « cour-jardin », avaient été aménagées des pièces supplémentaires. Les plus originales, situées au sud, disposées en croix, associaient des murs rectilignes et en quart de cercle, composant un plan sophistiqué qui n’est pas sans rappeler le groupe de pièces évoqué plus haut, situé en bordure de la Garonne, dans la partie occidentale du complexe. En l’occurrence, selon les descriptions de Léon Joulin, matériaux et techniques de construction de ces deux ensembles, géographiquement distincts au sein de la villa, dépendraient de la même période, ce qui conforte l’idée d’une impressionnante amplification de la demeure à une époque tardive.

Entre ce complexe, distingué par ses espaces ouverts, et le mur méridional du péristyle circonscrivant la grande cour plus au nord, se développaient les thermes L. Joulin, op. cit., p. 33-36 ; D. Krencker et al., Die Trierer Kaiserthermen (Trierer Grabungen und Forschungen), Augsburg, 1929, p. 250.. Il s’agit là du plus grand complexe balnéaire connu pour le Sud-Ouest des Gaules. Prenant en compte l’enfilade des pièces, considérées par Joulin comme des dépendances de ces bains, l’ensemble couvrait une superficie de 1360 m². C. Balmelle, excluant cependant ces nombreuses salles secondaires, en restreint la superficie à 760 m²C. Balmelle, op. cit., p. 179-181 ;
R. Monturet, H. Rivière, Les thermes sud de la villa gallo-romaine de Séviac (Fouilles archéologiques de Séviac, 1 ; Aquitania , 2), Paris-Bordeaux, 1986, p. 64.
. Ces annexes paraissent pourtant, sur le relevé de l’archéologue, entrer en cohérence avec la projection globale de l’ensemble. Il faut supposer que l’accès à ces thermes se trouvait du côté du noyau principal de la villa, à l’ouest. Depuis l’entrée, un premier espace correspondait à la salle d’eau froide (frigidarium). Dans la partie méridionale de cette dernière, un bassin absidé pouvait être chauffé depuis le sol, comme le prouve le système d’hypocauste qui y fut découvert (surélévation du sol au moyen de petites piles de briques). Symétriquement, du côté nord, une piscine de dix mètres de diamètre épouse la courbe formée par le mur. C’est par un déambulatoire, d’une largeur de deux mètres cinquante, compris dans cet espace hémicirculaire, que l’on accédait à l’eau moyennant trois marches. Un égout permettait la vidange depuis l’angle sud-ouest. Ce bassin aurait chronologiquement succédé à trois salles, dont deux en hémicycle L. Joulin, op. cit., p. 35.. Suivaient une étuve sèche (laconicum), associée à un four (praefurnium) et, enfin, une salle chaude (caldarium) agrémentée d’une niche, à l’est, qui accueillait une grande baignoire.

Durant une phase plus tardive, de nouveaux thermes sont édifiés, à l’est des précédents (le troisième état de Léon Joulin, qui correspondrait au dernier tiers du IIe siècle) A. Bouet, « Thermes et communs d’une maison suburbaine : l’exemple de La Brunette à Orange (Vaucluse) », Bulletin Archéologique de Provence, 25, 1996, p. 29‑41, en partic. I, p. 205, pl. 193.. Ces bains orientaux, apparemment indépendants des thermes mitoyens, communiquaient peut-être avec les bâtiments de la partie artisanale et agricole situés immédiatement à droite sur le plan. Léon Joulin y voyait un ensemble de salles chaudes L. Joulin, op. cit., p. 35., ce qui s’avère exact pour deux des pièces situées au sud de ce bâtiment, mais peu probable en ce qui concerne la salle principale.
Celle-ci, d’une superficie excédant les 80 m², comprend un grand bassin en hémicycle, encadré par deux autres, plus réduits, de forme quadrangulaire. Il s’agit bien, en l’absence d’un quel-conque système d’hypocauste, d’un espace froid A. Bouet, Les thermes privés et publics en Gaule narbonnaise (Collection de l’École française de Rome), Rome, 2003, II, p. 169.. Au centre, prenait place une pièce d’eau (labrum), octogonale, très peu profonde, qui rappelle un pédiluve. La fonction de ce bassin trouve des parallèles dans d’autres villae du Sud-Ouest,
à partir de la fin du IIIe siècle. Sa forme octogonale est très répandue durant tout le IVe siècle, en contexte privé ou bien encore dans les lieux de culte chrétiens où elle est privilégiée lors de la conception des cuves baptismales Ibidem, II, p. 169-170.. Séparés des précédents, ces bains déterminent donc un dédoublement du complexe thermal, chronologiquement successif et en lien avec une phase de réaménagement des infrastructures de la demeure. Quant à préméditer du statut - population servile et main-d’œuvre libre -, comme du sexe, des personnes qui les fréquentaient quotidiennement, on peut se perdre en conjectures en l’absence d’une documentation archéo-
logique précise.

À droite de ce dernier complexe thermal, et concluant l’ensem-ble résidentiel à l’est, un ensemble de bâtiments fut interprété par L. Joulin comme une « habitation complète » L. Joulin, op. cit., p. 37.. Les murs n’obéissent plus, ici, à l’axe adopté pour toutes les autres cons-tructions de la villa, qui avaient probablement été conditionnées par l’alignement du premier mur d’enceinte méridional. Hypothé-tiquement détruit en raison des eaux du fleuve qui sapaient la rive, ce mur de clôture fut donc reconstruit. Ainsi, la différence d’axe de l’ensemble des murs, alliée aux maçonneries moins soignées qu’ailleurs dans la villa, ont incité L. Joulin à dater ce groupe de la phase la plus tardive. L’archéologue vit un salon (œcus) dans la grande salle, longue de quinze mètres et large de six, dont le mur méridional forme un hémicycle. La partie absidée sur hypocauste ainsi que la présence de marbre au niveau du seuil témoignent, encore une fois, d’un espace raffiné, propice aux réunions. Quant aux salles les plus méridionales de ce secteur, le mobilier archéologique qui y fut mis au jour permit à L. Joulin de les interpréter comme des cuisines Ibidem, p. 70..

En guise de conclusion, soulignons encore les deux évidences qui singularisent cette villa : son ampleur et la richesse de son décor. Plus de soixante ans après les premières prospections, engagées antérieurement à la naissance de la recherche archéo-logique proprement dite, le travail conduit par Léon Joulin, bercé de scientisme et de rationalité, fut essentiellement fondé sur une lecture, alors pionnière, du bâti et de son contexte. Ainsi aura-t-il notamment remarqué que nombre de parties découvertes ou fouillées une nouvelle fois par ses soins, avaient fait l’objet de restructurations et de modifications de plan. Rien que de plus normal pour une résidence ayant traversé les siècles. Si aucun texte ne mentionne le nom de ses différents propriétaires, Chiragan n’en représente pas moins une villa dont les dimensions, l’implantation et la qualité du décor, en parti-culier celui qui fut mis en place à partir de la fin du IIIe siècle, demeurent toujours en dehors des champs catégoriels connus pour l’ensemble des Gaules. L’implantation peut ainsi être com-parée à des établissements de premier plan, élevés ou restructurés durant l’Antiquité tardive. En Gaule, la villa d’Orbe-Boscéaz (Suisse, canton de Vaud), pourrait s’en rapprocher, tout au moins concernant sa superficie, qui excédait les seize hectares. On songera également aux célèbres domaines «palatiaux» de Piazza Armerina (Sicile), Cercadilla (Cordoue) ou Mediana (Niš, Serbie).

La demeure des bords de Garonne est pourtant bien la seule à avoir livré une telle quantité de sculptures. Ce gisement marmoréen, le plus grand qui fut jamais extrait des décombres d’une villa sur l’ensemble des Gaules, s’inscrit dans une longue fourchette chronologique, comprise entre le Ier et le IVe siècle, et parfois même étendue au siècle suivant. Il semble bien, en effet, que l’Antiquité tardive ait été une période de production et de commercialisation de statuettes mythologiques aux formats adaptés pour les atria et les salles thermales de ces demeures tardivement réaménagées L.M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005, p. 51-53.. Ces figures venaient ainsi com-pléter le cortège des dieux, des héros et des nymphes qui composaient la collection des générations passées. Abaisser de la sorte la datation de toute une frange de la statuaire qui dépendraient d’un même « cercle artistique » (le « Kunstkreis » de M. Bergmann) M. Bergmann, Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel : zur mythologischen Skulptur der Spätantike (Palilia), Wiesbaden, 1999, p. 13. renforce l’impression de vitalité du domaine durant l’Antiquité tardive ; un dynamisme par ailleurs confirmé par une série de monnaies du IVe siècle mises au jour sur le site de la villa même comme dans son environnement immédiat, lors des fouilles du XIXe siècle V. Geneviève, « Les monnaies des établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane. 2 : Les monnaies des sites de Chiragan, Bordier, Sana, Coulieu, Saint-Cizy et du Tuc-de-Mourlan », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, LXVIII, 2008, p. 95‑140, en partic. p. 98-99..

P. Capus

Ra 178

Piédouche d’un buste disparu

IIIe siècle

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 19,5 x l. 23 x P. 20 (cm)

De même que pour l’essentiel des villae, le problème de l’iden-tité des maîtres de Chiragan semble inextricable. En outre, on ne peut réduire un tel domaine, dont l’activité s’échelonne sur plusieurs siècles, à un seul type de propriétaire. Davantage que les remaniements, agrandissements et restructurations archi-tecturales, c’est surtout l’impressionnante quantité de portraits, dont une série notable de probables hauts fonctionnaires, qui a permis d’avancer l’hypothèse d’une résidence de gouverneur de province. En outre, et en raison même de la somptueuse parure de marbre qui fut associée à cette architecture imposante, une fonction de résidence impériale a toujours été plus ou moins soupçonnée.

À qui appartenait cette extraordinaire collection de sculptures ? Les liens avec l’Italie sont bien entendu très puissamment inscrits dans ce rassemblement, en particulier les portraits. La majorité, impériaux comme anonymes, peuvent être directement reliés à des ateliers romains. Aujourd’hui mêlée aux effigies impériales, l’importante série des anonymes remonte pour sa part aux époques antonine et sévérienne. Elle concerne très probablement des personnages qui dépendaient de l’ordre équestre et repré-sentaient d’importants acteurs de la vie fiscale et administrative romaine. Parmi ces inconnus, certains faciès sembleraient avoir été reproduits ailleurs, dans l’Occident romain. La présence simultanée de portraits similaires en différents points de l’Empire pourrait ainsi témoigner des charges de procurateur endossées par un même individu au service de plusieurs provinces M. Bergmann, op. cit., p. 30, p. 42-43 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, E. Rosso, Les portraits romains, 1 : Le siècle des Antonins, 1.2 (Sculptures antiques de Chiragan
(Martres-Tolosane)
), Toulouse, 2012,
p. 268-269.
.

Bien malheureusement, nous devons nous contenter, pour la villa de Chiragan, d’une seule inscription, celle qui fut gravée sur ce piédouche (base), aujourd’hui privé de son buste, découvert à l’ouest de la grande cour méridionale, au niveau d’une série de pièces bordées par un cryptoportique. On y lit GENIO C. ACONI TAURI VET., ainsi traduit : « Au génie d’Aconius Taurus » O. Hirschfeld, CIL Corpus inscriptionum latinarum, XIII, Inscriptiones trium Galliarum et Germaniarum latinae, I-1, Inscriptiones Aquitaniae et Lugdunensis, Berlin, 1899, 11007.. Le nom propre d’Aconius (gentilice) est placé, comme il se doit, entre le prénom (praenomen) Gaius, abrégé en C., et le surnom (cognomen), TaurusH. Graillot, « La villa romaine de Martres-Tolosane, villa Aconiana », Annales du Midi,
20, 1908, p. 20‑77, p. 17, en partic. p. 14-15.
. Si ce document épigraphique est loin de répondre à toutes les interrogations relatives aux propriétaires ou aux gestionnaires du domaine foncier, il représente cependant un expédient non négligeable en ouvrant la voie à quelques hypothèses. L’inscription, incomplète, dont la forme des lettres ne serait pas antérieure au IIe siècle W. Eck, « Sugli Aconii e sul loro legame con Roma », S. Ensoli, E. La Rocca (éd.), op. cit.,
p. 172‑173, p. 172 ;
M. Bergmann, op. cit., p. 43.
, est donc dédiée au genius (le double surnaturel) de Gaius Aconius Taurus. On connaît deux familles différentes d’Aconii, à la fin du IIIe siècle, en Italie. L’une d’entre elles était installée à Pérouse, où fut retrouvé un portrait privé, rapproché de l’une des effigies de Chiragan L. M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005, p. 63.. Un sénateur nommé Aco Catullinus est également attesté à Rome au début du IVe siècle.

Le nom d’Aconius réapparaît à Rome à la fin du IVe – début du Ve siècle ; l’un des membres parmi les plus connus de la famille est Aconia, femme de Vettius Agorius Praetextatus. L’attache-ment des époux au paganisme était notoire, comme leur fidélité à de nombreux cultes à mystères Ibidem, p. 62.. Mais les preuves seraient insuffisantes pour relier une dédicace de statue de Gaule méridionale, peut-être datable du IIe siècle de n. è., à des noms, certes identiques, mais répertoriés bien plus tardivement, à Rome et en Italie W. Eck, op. cit., p. 172-173.. On ne doit cependant pas oublier qu’au XVIIe siècle, le site des ruines de Chiragan était localement appelé Angonia, du nom de la villa Aconiaca, éventuel souvenir de l’un des propriétaires du domaine. Ce portrait, dont ne subsi-ste que la base inscrite, était-il donc celui de l’un de ces hauts fonctionnaires, propriétaires ou gestionnaires du domaine ?

P. Capus

Partie 2

Les portraits

Un ensemble spectaculaire

Partie 2

Les portraits

Un ensemble spectaculaire

Dès la plus haute Antiquité, l’image officielle a servi l’exercice du pouvoir. Rome, pour sa part, fut à l’origine d’un exceptionnel développement de l’effigie impériale : monnaies et sculptures, en premier lieu, permirent la fixation des traits et leur diffusion. La mise en place d’une grammaire formelle du régime le fut à travers le portrait officiel et l’initiative en revient à Auguste. Dès le début de son règne, l’image du souverain fut soumise à une codification, mise en œuvre par l’atelier du Palais, qui ne négligea rien, et ce jusqu’à la moindre boucle frontale.

Sous l’Empire, l’apparence physique de l’empereur fut donc subtilement élaborée sous l’égide du prince lui-même et concerna également les membres de la famille impériale, impératrice et héritiers appelés à la succession. La statuaire impériale, issue des ateliers les plus compétents de la capitale, conserva l’exclusivité des espaces publics telle la grande aire à ciel ouvert du forum et ses annexes (basilique, curie et portiques qui y sont associés), les établissements thermaux, les théâtres voire, notamment en Grèce orientale, les grands nymphées monumentaux où elle envahit les niches. Des séries de portraits pouvaient également se déployer au sein des grands camps militaires romains (castra). Ce sont, enfin, de très riches demeures privées qui ont parfois livré, à travers tout l’Empire, des représentations officielles, distribuées dans des espaces appropriés.

La diffusion du portrait, élaboré selon des paramètres instaurés par son commanditaire, dépendait d’artisans qualifiés dont le nom n’apparaît généralement pas, à l’image du monde anonyme des artisans de la Rome antique, de quelque talent que ce soit. Le sculpteur, comme tout fabricant d’images, appartient en effet au monde des esclaves et pratique une activité qui n’est pas digne d’un homme libre. Il demeure que l’auteur du prototype d’un portrait officiel œuvrait à Rome et évoluait dans les sphères mêmes du pouvoir, obéissant donc aux sommations impériales en matière d’esthétique et de conception. Ce prototype était destiné à être reproduit en de nombreux exemplaires et diffusé à Rome même, comme dans les provinces. Mais un portrait pouvait reprendre certaines caractéristiques capillaires voire même physiques d’un empereur tout en ne repré-sentant pas celui-ci. Princes héritiers présomptifs ou directs, individus proches du pouvoir ou tentant peut-être de l’être, s’approprient parfois les traits du souverain, en général le dessin des mèches de cheveux de la frange. C’est bien là une caracté-ristique du portrait romain et de ces « visages de l’époque » qui, se référant à une effigie impériale, n’hésitent pas à en copier la coiffure, l’attitude, voire l’expression. Cette recherche du mimétisme de la part de personnages qui demeurent en général anonymes pour nous, trouve un écho jusque dans les parties les plus reculées de l’Empire en raison de la diffusion à très grande échelle du portrait impérial. Aux confins de la Narbonnaise et de l’Aquitaine, ce sont les gisements de marbres découverts à Chiragan qui prouvent magistralement, et même au-delà de toute mesure, le rayonnement, dans les provinces, du portrait impérial et des images d’individus proches du pouvoir. La moitié des bustes découverts dans l’ensemble de la Gaule provient, en effet, de ce seul site E. Rosso, L’image de l’empereur en Gaule romaine : portraits et inscriptions (Archéologie et histoire de l’art), Paris, 2006, p. 179..

Certes, l’histoire complexe des collections du musée de Toulouse fut parfois marquée par le chaos des inventaires, qui, par manque de rigueur ou tout simplement par leur absence, incitèrent à attribuer erronément certains exemplaires à la villa, ainsi que le fit, malgré tout le sérieux de son travail, Léon Joulin. Ces portraits inopportuns ont été depuis dissociés de l’ensemble grâce à la reprise scrupuleuse du dossier par Daniel Cazes, voilà une vingtaine d’années J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2005, p. 19-21.. Si certaines de ces sculptures ne sont donc plus exposées aujourd’hui, le doute est encore permis pour quelques autres, dans l’attente de la découverte de nouvel-les sources écrites qui permettraient de corroborer ou d’infirmer leur lien avec Chiragan.

Les portraits dont les origines martraises semblent aujourd’hui assurées, sont chronologiquement circonscrits entre les deux premières décennies du Ier siècle de n. è. Ibidem, p. 140. et la fin du IIIe siècle. Quant à l’intrigante et très rare tête féminine voilée, datée de l’époque de l’empereur Théodose, qui clôt la longue séquence de têtes au musée, sa provenance demeure incertaine. Ainsi, durant au moins trois cents ans, les grandes salles de réception, les atria, les portiques, voire même les cryptoportiques,
furent-ils autant d’espaces idoines pour l’exposition des visages impériaux, comme des successeurs putatifs, des princesses et des anonymes. Les nombreux inconnus qui, nous l’avons dit, alternent avec les effigies impériales, remontent prioritairement à la seconde moitié du IIe siècle et au siècle suivant et ne peuvent que se référer à d’éminents protagonistes de la haute adminis-tration impériale. Portant la cuirasse ou dénudant héroïquement leur torse, ces portraits masculins, qui purent parfois être le produit d’une retaille, ou si l’on veut, d’une « réadaptation », à partir d’une effigie antérieure, ont été respectivement inter-prétés comme des militaires ou des philosophes. Léon Joulin, dès 1901, et aujourd’hui Jean-Charles Balty, préfèrent cependant voir dans ces images de présumés procurateurs L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris,
1901, p. 187-188 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, E. Rosso, Les portraits romains, 1 : Le siècle des Antonins, 1.2 (Sculptures antiques de Chiragan
(Martres-Tolosane)
), Toulouse, 2012,
p. 263-265.
. Ces derniers, en tant qu’intendants désignés par le pouvoir central, géraient et administraient directement ce domaine impérial, composante du fisc de l’empereur.

La série des quelques soixante représentations, impériales et anonymes, constitue un grand nombre de types, distingués dans le cadre des études sur le portrait par des générations de spécialistes. Certes, les typologies de ces visages marmoréens aident à fixer un cadre chronologique, fluide et relativement déchiffrable ; cependant, la question de l’accumulation des œuvres au sein de la résidence est toujours posée. La galerie aujourd’hui artificiellement recomposée au sein du musée, a autorisé, en matière de périodisation, la construction d’hypo-thèses. Ainsi peut-on déterminer la présence, dans les grandes salles de représentation de la villa, d’au moins trois groupes principaux, remontant successivement aux époques julio-claudienne, antonine et sévérienne, auxquels se joignent quelques exemplaires légèrement postérieurs à 235. Quant à la très belle tête féminine voilée, déjà citée et datée de la période théodo-sienne, si tant est qu’elle ne soit même légèrement postérieure, son apparent isolement chronologique n’exclut pas de spéculer sur une occupation encore très tardive. Par ailleurs, une importante série de sculptures mythologiques confirme cette permanence de la vie dans le domaine, ainsi que de commandes répétées, au moins durant le IVe siècle, d’œuvres de très haute qualité ; nous y reviendrons dans la partie 4 de ce catalogue.

Peut-on, enfin, tenter d’expliquer l’absence de certains empereurs et même de certaines dynasties, dans le dévelop-pement chronologique de cette longue chaîne d’images ? Parce que la quantité des effigies mises au jour sur cette terrasse alluvionnaire de la Garonne ne cesse d’étonner, les lacunes prêtent inévitablement le flanc à diverses conjectures. Si l’on peut aisément admettre et comprendre une césure à partir du règne de Caligula, admissible à nouveau sous Néron ou encore Domitien, que penser de l’absence de Vespasien, de Titus voire des impératrices et princesses flaviennes ? Doit-il être alors question de l’interruption des importations de portraits ? De la cessation d’activité du domaine ? De la destruction de ces représentations durant les siècles postérieurs ?… Tant de questions se poseront toujours en l’absence d’une documen-tation épigraphique qui, ici encore, fait cruellement défaut. Ces interrogations demeureront également en suspens sans de nouvelles fouilles qui, peut-être, nous permettraient de préciser l’évolution du domaine et d’établir un parallèle entre la chronologie de l’occupation et l’importation de portraits officiels.

P. Capus

Ra 57

Buste d'Auguste couronné de chêne

63 avant n. è. - 14 de n. è.
Empereur de 27 avant n. è. à 14 de n. è.

Première moitié du Ier siècle

dit « Prima Porta »

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 51 x l. 34 x P. 25 (cm)

Petit-neveu de Jules César, Octave est le sauveur de la République et le fondateur de la dynastie des Julio-Claudiens. Le titre d’Auguste (épithète renvoyant à la sphère religieuse et qui l’élève au-dessus des autres hommes) lui fut décerné le 16 janvier 27 avant n. è. par le Sénat. Augustus devint rapi-dement son prénom et celui de tous ses successeurs.

Le schéma des mèches frontales est identique à celui de la tête, associée à un corps cuirassé et aux pieds nus, de la statue découverte à Prima Porta, aux portes de Rome, dans la villa de Livie, épouse d’Auguste. Cette œuvre, aujourd’hui conservée dans les Musées du Vatican, montre un visage qui, loin de la physionomie de l’empereur, s’inspirait de celui du Doryphore (« Porteur de lance »), sculpture en bronze, connue par quelques répliques romaines en marbre, exécutée vers 440 avant n. è. par Polyclète, l’un des grands maîtres de l’époque classique. L’art de la Grèce du Ve siècle avant n. è. est en effet une référence constante dans l’art augustéen. L’idéal grec permet notamment de donner une image immuable de l’empereur, éternellement jeune, reflet de la stabilité de l’Empire. Le type iconographique de la tête de la statue de Prima Porta est associé à un type statuaire dont la portée symbolique était lourde de sens : des pieds nus, qui renvoyaient sans doute à un contexte religieux, ou encore d’héroïsation, et un décor sur la cuirasse montrant la restitution, en 20 avant n. è., des enseignes prises par les Parthes aux légions romaines de Crassus, lors de la bataille de Carrhes (actuelle Turquie), en 53 avant n. è. Un seul type de portrait, récurrent et stable, pouvait, on le sait, être associé à des types de statues différents : cuirassée, en toge (tête nue ou voilée), torse nu avec manteau enroulé à la taille, équestre ou encore assise. Le portrait d’Auguste, identique, donc, à celui de la statue de Prima Porta conservée au Vatican, montre une organisation des mèches, en particulier au-dessus du front, qui rompt avec le schéma qui avait été adopté pour les représentations antérieures de l’Empereur. On y distingue un agencement, strictement suivi durant tout le règne, déterminé par de grandes mèches qui, depuis la droite, dessinent une fourche et deux « pinces de crabe ». La coiffure s’est aplatie et s’éloigne du gonflement caractéristique visible dans les portraits de jeunesse, conçus durant la guerre civile. Désormais, le visage, marqué du sceau de l’équilibre et de la plénitude de l’art grec classique, répond à la chevelure disciplinée, l’ensemble formant une métaphore de la pacification de Rome par le vengeur de la mort de César. Le type, appelé à devenir immuable, permet d’identifier sans réelle ambigüité le primus inter pares (premier parmi ses égaux). C’est à partir de l’attribution du titre d’Augustus et de sa prise de pouvoir sur la République (sans qu’il ne soit réellement question d’un régime de type monarchique), en 27 avant n. è., que ce portrait de l’imperator fut créé et put s’imposer. Partout dans l’Empire, jusqu’à ses confins, cette image idéale fut rapidement diffusée.

Le portrait de Chiragan arbore la corona civica (« couronne civique »), composée de feuilles de chêne, symbole de Jupiter. Cet emblème honorifique fut décerné par le Sénat, en 27
avant n. è., lors de la cérémonie d’investiture de celui qui avait mis fin aux guerres civiles, rétabli la paix et assurait préserver les valeurs de la République oligarchique. Deux autres portraits, de même type et couronnés de chêne, conservés au musée du Louvre et à la Glyptothèque de Munich, ont été rapprochés de l’effigie de Chiragan. On notera, notamment, sur ces trois œuvres, comme sur bien d’autres, le crâne aplati à l’arrière  il semble bien que ce trait récurrent sur les effigies en marbre de l’empereur représente l’une de ses caractéristiques physiques, à l’image, peut-être, de la bosse nasale, conforme à ce que rapporte Suétone Suétone, « Auguste », Vies Des Douze Césars, début IIe siècle. dans sa description détaillée d’Auguste.

D’après J.-C. Balty, 2005 J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 73-98.

Ra 73 a

Buste de jeune homme

Vers 120

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 63 x l. 43 x P. 26 (cm)

Ce buste est l’un des plus beaux portraits d’inconnus de la collection du musée Saint-Raymond. Le type de coiffure s’inspire de celui des représentations de Trajan ; mais les cheveux ont plus de volume et leurs mèches un mouvement plus ondoyant et animé, qui annonce déjà les portraits d’Hadrien.

Quelques éléments permettent d’affiner la datation. Au nombre de ceux-ci, l’absence d’indication de l’iris sur le globe de l’œil, comme de la pupille, précision à l’origine apportée par la polychromie, aujourd’hui disparue. Ce n’est qu’à partir de 130 environ que l’on incisera et que l’on forera ces détails oculaires. Ici, les yeux demeurent lisses. On ne peut donc descendre la date de l’œuvre au-delà de cette limite. Un critère supplémentaire est celui de la forme même du buste : toute représentation du haut de l’abdomen est absente, comme sur un buste d’Hadrien du British Museum, datable d’entre 118 et 121, voire de 119 très exactement (troisième consulat de l’empereur). Par conséquent, une date proche de 120 semble bien s’imposer.

On ne peut rattacher un nom à ce portrait de qualité ; cependant, une tête, malheureusement très dégradée, du Palais du Quirinal, à Rome, pourrait représenter le même personnage. Ce jeune garçon n’était donc pas n’importe qui. Bien entendu ce type de portrait héroïsé (car son torse est dénudé) et l’âge de l’individu ne permettent guère d’y voir un haut fonctionnaire impérial, comme ce sera le cas à la fin du IIe et au IIIe siècle pour plusieurs portraits « privés » de Chiragan. Cependant l’existence même d’une réplique à Rome montre bien les relations étroites existant entre la villa et le « centre du pouvoir ».

D’après J.-C. Balty, 2012 J.-C. Balty, D. Cazes, E. Rosso, op. cit., p. 119-130.

Ra 70

Portrait d'un inconnu en philosophe

Fin du IIe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 55,5 x l. 43 x P. 23 (cm)

On a anciennement vu ici la représentation de l’empereur Pupien, qui ne régna que trois mois, au printemps 238. L’œuvre est sans doute bien antérieure. Ce portrait possède toutes les caractéris-tiques du portrait de philosophe, issu de la tradition hellénis-tique orientale. Se faire représenter sous les traits d’un penseur devint une mode, amplement adoptée par les militaires proches du pouvoir, en particulier à partir de l’époque antonine.

Le visage ridé, les sillons palpébraux et naso-géniens marqués, l’affaissement des joues caractérisent la veine réaliste empruntée par le sculpteur. Cependant, à l’image des marques gravées par le temps sur la peau de cet homme, la sensibilité accordée au regard, associée au pivotement de la tête vers la droite, semble retranscrire une vie intérieure riche et une grande vitalité intellectuelle. K. Fittschen a souligné la ressemblance entre cette œuvre et un portrait, mais dont le buste est vêtu, conservé au musée Bardini de Florence K. Fittschen, « Ein Bildnis in Privatbesitz. Zum Realismus Römischer Porträts Der Mittleren Und Späteren Prinzipatszeit », Eikones. Studien zum griechischen und römischen Bildnis. Hans Jucker zum sechzigsten Geburtstag gewidmet, 12, 1980, p. 108‑114, en partic. p. 113..

Dès la fin de l’époque antonine, des hommes d’âge mûr sont ainsi représentés mais cette image constitue l’un des plus beaux exemples conservés, avec celui de Florence, de cette fidélité au réel, crue et poétique à la fois. Ce buste héroïsé doit donc appartenir à la fin de l’époque antonine ou au début de celle des Sévères.

P. Capus

Ra 74

Portrait d'Etruscilla (?)

Milieu du IIIe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 64,5 x l. 64 x P. 29 (cm)

Il s’agit ici de l’un des plus grands portraits féminins connus de l’art romain. La main droite retient un pan du grand manteau qui passe sur l’épaule. À l’arrière de la tête, une natte plate remonte vers le sommet du crâne mais la partie basse de ce chignon était sculptée à part et fixée par collage. Le type est nommé, selon la terminologie allemande, « Halbkörperbüste » soit « buste demi-corps », par conséquent coupé au niveau de la taille. Ce procédé demeure rare dans la sculpture romaine et n’apparaît pas avant le règne de Gordien III (238-244), empereur dont une effigie du musée du Louvre présente le même type de découpe.

La tête pourrait être rapprochée d’un portrait conservé à Rome, au palais des Conservateurs (inv. 2689), qui semble représenter le même personnage, sans aucun doute membre de la famille impériale. Coiffure et profil se retrouvent sur les monnaies de l’impératrice Etruscilla, femme de Trajan Dèce (249-251), candidate aujourd’hui privilégiée pour ce portrait, au détriment de Salonine, épouse de Gallien, ou de Plautille, mariée à Caracalla, antérieurement proposées.

D’après E. Rosso, 2006 E. Rosso, op. cit., p. 484-486.

Ra 166

Portrait de Tranquillina (?)

Ra 117

Buste de Trajan

Ra 73 b

Buste de jeune homme

Ra 73 e

Buste d’homme cuirassé

Ra 77

Buste d’une inconnue

Ra 124

Buste d’enfant

Ra 61 b

Buste cuirassé de Marc Aurèle âgé

Ra 61 a

Buste de Marc Aurèle césar

Ra 120 a

Tête de Septime Sévère

Ra 72

Buste d’un inconnu

Ra 62

Buste de Géta enfant

Ra 119 - Ra 58 c

Buste cuirassé de Caracalla enfant

Ra 165

Buste d’un inconnu

Ra 121

Buste militaire complété d’une tête

Ra 73 i

Portrait d’homme

Ra 59

Buste d’un inconnu

Ra 73 d

Portrait d’un inconnu

Ra 123

Buste d’homme héroïsé

Ra 69

Portrait d’homme anciennement dit Sévère Alexandre

Ra 167

Portrait d’enfant

Ra 82

Tête de femme

Partie 3

L’art grec revisité

Une passion romaine pour les œuvres grecques

Partie 3

L’art grec revisité

Une passion romaine pour les œuvres grecques

L’art grec classique et hellénistique (du Ve au Ier siècle avant n. è.) apparaît dans toute sa splendeur et sa diversité aux généraux de Rome, conquérants de la Grande Grèce (Italie méridionale) à la fin du IIIe siècle avant n. è., puis de Corinthe, de l’Asie Mineure et d’Athènes elle-même, au début du Ier siècle avant n. è. Le pillage des merveilles artistiques par les triomphateurs permet l’arrivée à Rome de milliers de sculptures et de peintures qui inondent les portiques, sanctuaires et jardins publics de l’Urbs. Inévitablement, mais de manière plus discrète, un marché de l’art particulièrement dynamique permet d’abreuver les désirs d’ostentation d’une élite cultivée dont le faste des demeures déroge amplement aux valeurs communes d’austérité prescrites par la tradition républicaine.

Une passion pour l’esthétique grecque

Ce déferlement d’images marquera durablement la production figurative de Rome et sera à l’origine de l’éclosion d’ateliers de copistes, d’origine et de culture grecques. Ces derniers répondent à une demande forte, notamment dans le domaine de la sculpture, dès le début du Ier siècle avant n. è. A. Dardenay, « Rome, les Romains et l’art grec : translatio, interpretatio, imitatio, aemulatio… », C. Bonnet, F. Bouchet (éd.), Translatio : traduire et adapter les Anciens (Rencontres), Paris, 2013, p. 212.. Les sculpteurs ont alors pu former des artisans italiens. Ces derniers seront eux-mêmes à l’origine d’ateliers qui, dans les provinces de l’Empire, diffuseront à leur tour des séries de sculptures, copies, variantes voire nouvelles créations à partir de modèles conservés ou produits à Rome. Ces modèles, déployés dans l’espace public romain et parfaitement visibles de tous, ne faisaient, parfois, que s’inspirer de l’esthétique grecque et ne doivent pas être systé-matiquement perçus comme de véritables copies d’œuvres des époques sévère, classique et hellénistique.

Ce commerce d’œuvres d’inspiration grecque est un phéno-mène de grande envergure dont les traces nous permettent parfois, mais avec beaucoup de difficultés, de reconstituer certains originaux (pas plus d’une centaine de types, récurrents, sélectionnés parmi les multiples exemplaires créés en Grèce durant plus de cinq siècles). Les sculptures grecques en bronze, largement majoritaires dans l’ensemble de la production, ont été dramatiquement fondues en masse, à partir de l’Antiquité tardive, pour répondre aux besoins en métal, et ont ainsi presque toutes disparu. Les descriptions des auteurs Pline l’Ancien, encyclo-pédiste du Ier siècle de n. è. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 77 (circa). ou de Pausanias Pausanias, Périégèse, IIe siècle. au siècle suivant, viennent compléter l’état de nos connaissances sur les œuvres perdues et c’est en combinant ces écrits aux statues romaines conservées que les originaux grecs peuvent parfois être reconstitués.

Au Ier siècle avant n. è., à Rome, Pasitélès, dont les origines sont helléniques (il vient d'Italie méridionale, terre grecque), représente la nouvelle génération d'artistes spécialisés dans la copie. Il est l’auteur d’un traité, Mirabilia Opera in toto orbe, dont Pline se fait l’écho Pline l’Ancien, op. cit., XLV.. Son atelier devient l’un des principaux centres de la reproduction des incontournables de la statuaire grecque et un probable aimant pour le Romain aisé vivant dans la capitale. L’engouement des Romains pour les formes helléni-ques détourne alors les sculptures de leurs fonctions premières : originellement conçues à destination des sanctuaires, elles vien-nent désormais, pour la plupart, agrémenter les riches demeures. Ce nouveau contexte entraîne des modifications formelles de l’œuvre : les dimensions peuvent différer tout autant que certaines attitudes ou accessoires afin de mieux intégrer la statue dans son nouvel espace. Les sculpteurs romains sont donc à l’origine d’une multitude de variations artistiques rassemblées sous le terme de « copies », terme dont les composantes sont plus complexes qu’il n’y paraît.

Copier et réadapter

Depuis les reproductions fidèles jusqu’aux libres créations romaines, plusieurs typologies de copies s’offrent à nous, définies selon leur degré d’éloignement de l’original. La série de statues extraites des décombres de la villa de Chiragan permet de mieux comprendre ces différents types.

Les « reproductions exactes », par conséquent les statues les plus fidèles vis-à-vis de l’original, résultent souvent de procédés mécaniques bien précis comme le moulage ou encore la prise de repères par points au compas C. Rolley, La sculpture grecque, 2 : La période classique (Les manuels d’art et d’archéologie antique), Paris, 1999, p. 26.. Plus libre que la reproduction exacte, un deuxième type de création, qualifié de « variante », reprend l’idée et le style d’une statue originale mais en modifie certains détails (par exemple les plis du drapé). C’est le cas de la grande statue d’Athéna, provenant de Velletri, conservée au Louvre, mentionnée par Pausanias Pausanias, op. cit., 1.28.2., dont l’original fut créé vers 420 avant n. è. Les fouilles d’un atelier spécialisé dans la copie d’œuvres grecques, à Baïes, sur le golfe de Naples, ont livré des fragments de moules obtenus à partir du modèle initial. Ces éléments permettent de connaître la taille de l’œuvre grecque, attribuée à Crésilas, à partir de laquelle fut exécuté le moulage C. Landwehr, W.-H. Schuchhardt, C. Landwehr, « Die antiken Gipsabgüsse aus Baiae: griechische Bronzestatuen in Abgüssen römischer Zeit », Ärchäologische Forschungen, 14, 1985, en partic. p. 76-88.. Une variante de cette œuvre, aux dimensions plus modestes, fut découverte à Chiragan. Cette statuette de type Velletri répond aujourd’hui, dans les salles du musée, à l’image d’une autre Athéna, issue du même site, bien plus grande, réplique d’un modèle original de Myron. Toutes deux présen-teraient, par rapport aux originaux supposés, quelques infléchis-sements, perceptibles dans les plis du drapé ou le cordon de la ceinture. Si le copiste romain reprend bien un type connu, il peut donc également s’autoriser des modifications de dimensions, l’œuvre demeurant soumise à l’espace d’exposition dans le cadre privé de la demeure, ajouter une petite touche personnelle, à l’image du dessin des drapés, ou encore se conformer à quelques traditions d’atelier. On distingue par conséquent un relatif affranchissement des sculpteurs vis-à-vis des œuvres du passé, une certaine liberté dans l’interprétation de l’original. Si un grand nombre de copies demeurent fidèles aux originaux, détails et accessoires sont délibérément modifiés afin de répondre au goût contemporain. Comme l’a montré G. Lippold, la plupart des copies (nommées « Umbildungen » par l’archéologue) correspondent à des adaptations, des contaminations ou des pastiches G. Lippold, Kopien und Umbildungen Griechischer Statuen, Munich, 1923.. Un bel exemple, à Chiragan, est celui de la réplique en marbre noir turc, connue sous le nom de Vieux pêcheur.

Une autre démarche, la « combinaison », consiste pour le sculpteur d’époque romaine à former un type nouveau en s’inspirant de deux modèles statuaires grecs, souvent d’époques différentes C. Rolley, op. cit., p. 138.. Cet éclectisme aboutit à des créations romaines libres qui interprètent sans barrières les figures du passé. Ces créations constituent le dernier échelon des œuvres conçues à l’époque romaine en relation avec des originaux grecs, reprenant le style d’un artiste ou d’une période tout en créant une forme nouvelle. À Chiragan, l’exemple le plus parlant est le Bacchus adolescentC. Vorster et al., Idealskulptur der römischen Kaiserzeit, 1 (Katalog der antiken Bildwerke), Munich, 2011, p. 418., proche de deux sculptures représentant Apollon et Narcisse, conservées respectivement à Dresde et à Berlin C. Vorster, « Spätantike Bildhauerwerkstätten in Rom », Jahrbuch des Deutschen Ärchäologischen Instituts, 127/128, 2012, p. 393‑497, en partic. ill. 7a et b p. 407
et ill. 18 p. 419.
. Ces pastiches romains sont souvent difficiles à distinguer et sont particulièrement trompeurs. En témoigne une statuette mutilée d’Éros, du type dit « Centocelle » ou encore celle d’Esculape, toutes deux mises au jour à Chiragan.

Cet éventail de répliques romaines, graduellement définies par rapport aux originaux grecs, témoigne de l’engouement des collectionneurs romains pour l’art grec des siècles passés. Mais il démontre également des besoins de commanditaires cherchant à pallier la pénurie de bronzes anciens qui affectait cruellement le marché de l’art à l’époque impériale. C’est ainsi que la production figurative romaine, dans les pas de la culture grecque, prit peu à peu son autonomie ; elle s’exprima en définitive relativement librement, dans le cadre d’un style éclectique où l’artiste cherchait davantage à rivaliser avec son modèle qu’à l’imiter.

Antiquité tardive
et survivance de la sculpture mythologique

Les travaux menés sur la sculpture d’Asie Mineure, depuis les années trente du XXe siècle, ont prouvé l’existence d’ateliers féconds sur le sol de l’Asie Mineure, de Constantinople à Aphrodisias (Carie) L.M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005, p. 136.. Florissants durant la période tardive, ils furent à l’origine d’une statuaire mythologique abondante. Si certains sculpteurs privilégient une emphase musculaire et une lourdeur certaine des corps L.M. Stirling, « Gods, Heroes, and Ancestors : Scuptural Decoration in Late-Antique Aquitania », La Civilisation urbaine dans l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest de la Gaule. Actes du IIIe colloque Aquitania et des XVIe journées d’archéologie mérovingienne, Toulouse 23-24 Juin 1995, Bordeaux, 1996 (2), p. 209‑230, p. 216., d’autres témoignent d’un attrait pour des proportions longues et minces et des visages au relief atténué. Des rapprochements convaincants ont pu être entrepris entre ces productions orientales et les statuettes de Vénus et de Diane, découvertes au sein de la villa de l’Antiquité tardive du Petit-Corbin, à Saint-Georges-de-Montagne (Gironde). D’autres exemples, aujourd’hui rattachés à la même période, renforcent davantage encore les discordances dans les proportions et les élongations corporelles, tels certains groupes statuaires, conservés à Dresde ou Toulouse (voir en particulier la statuette de Vénus) L.M. Stirling, The Learned Collector, op. cit., p. 31.. Étirement et aplatissement de ces sculptures pourraient s’apparenter, selon L. Stirling, à l’art des sarcophages, « domaine où les sculpteurs étaient requis pour travailler à partir de minces dalles de pierre » Ibidem, p. 31.
. Suivant ce postulat, si la frontalité des figures et leur faible épaisseur semblent en effet parfaitement s’harmoniser aux cuves des tombeaux, on privilégiera cependant davantage, concernant la ronde-bosse, des pratiques d’atelier qui surent s’adapter à de nouveaux modes d’exposition. Ainsi, niches et alcôves se prêtaient-elles parfaitement à ces moyens et petits formats, fortement en vogue durant l’Antiquité tardive (IVe et Ve siècles).

Outre ces interrogations sur les caractéristiques stylistiques de ces productions, il faut surtout noter le dynamisme de la production de figures mythologiques au sein des ateliers. Qu’ils soient implantés à Rome ou ailleurs, les sculpteurs répondent encore largement, durant tout le IVe siècle, et encore très probablement jusqu’au milieu du Ve siècle, à une forte demande des milieux conservateurs romains, parallèlement à des commandes émanant du milieu chrétien. Ces derniers évoluent encore, au sein de leurs espaces privés, parmi les dieux et déesses d’un polythéisme résistant et revendicateur de l’histoire et des racines de Rome. Et c’est désormais à travers une sculpture passée par le filtre esthétique de l’Orient romain que ces riches propriétaires affichent leurs valeurs, à Rome, dans le Sud-Ouest des Gaules et la péninsule Ibérique J. Beltrán Fortes, « La función de la escultura en los programas decorativos de las villae romanas », El Efebo de Antequera, Antequera, 2011, p. 14‑27.. Les ateliers ont donc, jusque dans les villae de ces provinces, abondamment alimenté l’Empire en marbres et figures. Simplification des formes, tendance à une légère abstraction des visages et des corps symbolisent les choix de cette période durant laquelle des revendications religieuses opposées s’accommodent d’une même esthétique dont le fondement demeure encore puissamment, indéniablement, d’ascen-
dance grecque.

P. Capus et C. Damay

Ra 52

Tête de Vénus

Ier - IIe siècle

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 40 x l. 24 x P. 31 (cm)

Les fouilles de 1826 exhumèrent cette remarquable tête d’Aphrodite-Vénus. La limite inférieure s’arrête en haut du sternum, au niveau du manubrium, et comprend le départ de l’épaule gauche. Malgré le nettoyage, souvent trop radical, effectué au XIXe siècle, quelques concrétions calcaires subsistent sur le côté gauche, surtout dans la chevelure, conformément à ce qu’avait décrit le comte de Clarac, conservateur des Antiquités du Louvre, qui avait vu la tête peu après sa mise au jour F. Clarac, Musée de sculpture antique et moderne ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties : des statues, bustes, bas-reliefs et inscriptions du Musée royal des Antiques et des Tuileries, et de plus de 2500 statues antiques…
tirées des principaux musées et des diverses collections de l’Europe… accompagnée d’une iconographie égyptienne, grecque et romaine…
. Tome II, Paris, 1841, p. 588.
. La partie postérieure forme un renflement piqueté, caractéristique d’un bouchon d’encastrement qui permet de supposer l’insertion de la tête dans le corps d’une statue. Aucun fragment de celle-ci n’a pu, néanmoins, être identifié dans les réserves du musée, malgré la mention, par Alexandre Du Mège, de « portions de bras qui paraissent avoir fait partie de cette statue » A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, 1835, p. 79, no 140.. On peut également penser à un encas-trement sur un buste voire une association de la tête à un hermès (pilier).

La renommée de l’œuvre fut telle qu’elle bénéficia d’une dénomination, « Vénus de Martres », qui la distinguait donc et témoignait du prestige qui lui avait été accordé. Le comte de Clarac, de son œil expert et avisé, en fit une Vénus « des plus belles qui existent, si même elle ne leur est pas supérieure », la comparant aux Vénus Médicis, d’Arles et de Milo, références suprêmes en cette première moitié du XIXe siècle néo-classique. Exposée à Paris en 1867, elle fut attribuée au grec Praxitèle F. Pagès, « La Vénus de Martres », Revue archéologique du Midi de la France, 2,
1867, p. 50‑52.
avant de devenir, plus raisonnablement, l’une des répliques de l’Aphrodite de Cnide, ville côtière de Carie (sud-ouest de l’actuelle Turquie). Si l’œuvre originale, créée vers 360 avant n. è., a disparu, elle fut amplement copiée. Sa réputation doit beaucoup au témoignage de Pline l’Ancien, qui écrit, au sujet du sculpteur : « Sa Vénus est à la tête, je ne dis pas seulement de toute sa production, mais de celle de tous les artistes du monde » Pline l’Ancien, op. cit., XXXVI, 20.. Le même Pline rapporte que s’il avait été donné à Praxitèle la possibilité de privilégier l’une de ses œuvres, l’artiste aurait sans hésitation porté son choix sur celles qui avaient été peintes par Nicias. Ce dernier était effectivement passé maître dans l’application de couleurs sur le marbre poli des sculptures, en premier lieu celles de son confrère Praxitèle.

Les études comparatives qui ont porté sur les dizaines de répliques répertoriées de la statue, considérée comme l’un des sommets de la sculpture du deuxième classicisme grec, ont à la fois semé le doute sur l’aspect réel du chef-d’œuvre de Praxitèle et affiné l’appréciation de ses différentes copies ou variantes. Ainsi, informations descriptives, rapportées par quelques auteurs de l’Antiquité, et reproduction de la sculpture sur les monnaies de Cnide doivent-elles être comparées et évaluées en rapport avec toutes les répliques, d’époque hellénistique ou romaine, susceptibles de nous en donner une copie plus ou moins fidèle.

On sait que le corps nu de la déesse avait surpris, sinon choqué, dans un premier temps, à tel point que les gens de Cos, voisins et rivaux de ceux de Cnide, refusèrent la statue, dont ils avaient passé commande pour leur temple. Ils la cédèrent aux Cnidiens, peut-être plus audacieux, mais qui, surtout, semblent l’avoir substituée à une effigie cultuelle déjà nue, de tradition orientale, où dominait le concept de fécondité. Du reste, ce corps pétrifié était d’autant moins caché qu’il fut installé dans une chapelle largement ouverte, petit temple circulaire élevé dans une enceinte sacrée plantée de myrtes, de cyprès, de platanes et de vigne. De son bras droit, Aphrodite ramenait sa main en direction de son pubis, un geste qui fut interprété de pudeur, tel un être surpris dans son intimité, mais qui permettait, à la déesse de la fécondité, de désigner l’appareil génital reproducteur. La main gauche maintenait quant à elle une étoffe, au-dessus d’une hydrie en bronze. La présence de ce récipient indique sans ambiguïté la toilette d’Aphrodite, dont le buste, légèrement penché, se reflétait peut-être dans une vasque. La composition, qui dépassait une simple scène de genre montrant Aphrodite surprise au bain, renvoyait probablement au caractère rituel des ablutions.

Une part du mystère de ce visage, de ce corps et de cette attitude imprègne encore les plus belles répliques parvenues jusqu’à nous. La tête de Martres, projetée vers l’avant, vient nous rappeler la douce inclinaison de la Vénus cnidienne. Son haut chignon dégage la gracieuse ligne arrière d’un cou que poursui-vait la rondeur du dos. De longues mèches ondulées sont divisées par une raie médiane et maintenues par une double bandelette lisse qui entoure le crâne. Cette bandelette fait-elle allusion au kestos himas (« ceinture enroulée »), brodé, d’Aphrodite ? Ce cestus veneris rendait la déesse irrésistible et objet de l’amour de quiconque s’en approchait. Les traits du visage sont réguliers hormis la légère dissymétrie des yeux. Mais au contraire de la froideur de certaines répliques, à l’exemple de la tête Borghèse du Louvre ou de la Vénus Colonna du Vatican, pourtant jugées par la plupart des historiens de l’art plus proches du travail de Praxitèle, les traits de la Vénus de Martres ou ceux de la tête Kaufmann du Louvre, paraissent moins froids et plus subtilement estompés. Un épiderme animé et des lèvres charnues la rendent plus sensuelle. Elle paraît plus humaine, mais ne l’est point tout à fait : le sacré est toujours présent, même si l’expression distante glisse vers la rêverie et la tendresse.

Si la tête Kaufmann, découverte à Tralles, en Turquie, datée du IIe siècle avant n. è., pourrait être considérée comme une réinterprétation de l’époque hellénistique A. Pasquier, La Vénus de Milo et les Aphrodites du Louvre (Albums), Paris, 1985, p. 58-59., la Vénus de Martres ne peut être datée avec autant de précision. Son marbre, analysé en 2011, est bien grec ; il provient de Paros. On ne saurait en faire un argument pour dater l’œuvre, les marbres de l’île égéenne ayant été employés, encore, tout au long du Haut-Empire romain. Tout au plus pourrait-on avancer une datation avant la seconde moitié du IIe siècle de n. è. Le milieu du Ier siècle de n. è. et l’attribution à un atelier oriental ont, en l’occurrence, été proposés F. Slavazzi, Italia verius quam provincia : diffusione e funzioni delle copie di sculture greche nella Gallia Narbonensis (Aucnus), Naples, 1996, p. 186-187.. On sait combien, en effet, les grands classiques de l’art grec connurent, durant les deux premiers siècles de n. è., un nouvel engouement dans le milieu impérial comme dans quelques luxueux domaines, italiens ou provinciaux. Chiragan ne dérogea apparemment pas à cette mode ; en témoignent notamment les tableautins de marbre, connexes au courant artistique dit néo-attique, les deux figures d’Athéna mais également toute une série de petits formats qui sont autant de répliques, ou bien de variantes, d’originaux grecs.

P. Capus

Ra 152

L'enlèvement de Perséphone

Ier siècle

Marbre

H. 43 x l. 46 x P. 4,5 (cm)

Les tableaux de marbre sont très rares. Ils s’inspirent des œuvres peintes à fresque ou à l’encaustique, sur support de bois, et trans-portables : les pinakes grecs, que l’on nomme tabulae en latin, si fréquents dans les belles demeures. Entre 1897 et 1899, Léon Joulin eut le bonheur de découvrir celui-ci, remarquable petit relief néo-attique, brisé en plusieurs morceaux. Daté du Haut-Empire, il met en scène le rapt de Perséphone, ou Korè, par Hadès, dieu des Enfers (Proserpine et Pluton à Rome). Hermès, messager des dieux, indique la route à emprunter. Athéna, armée, et une des compagnes de la captive tentent d’arrêter le char.

Il s’agit de l’un des grands mythes grecs, sur lequel se fon-daient les fameux mystères d’Éleusis, dont les liturgies étaient encore bien vivantes sous l’Empire romain. La jeune Perséphone, fille de Déméter et de Zeus, cueillait un narcisse dans la cam-pagne sicilienne lorsque d’une grande crevasse surgit un quadrige mené à vive allure par Hadès. Épris de Perséphone, le dieu des Enfers s’empare d’elle. Informée de ce malheur, désespérée, Déméter part à la recherche de sa fille. Elle apprend du soleil, seul témoin du drame, que le maître des puissances souterraines est le ravisseur. Aphrodite lui a inspiré cet amour coupable, Zeus a donné son consentement et Hermès lui-même a apporté son aide. Afin de se venger des quatre dieux complices, Déméter abandonne l’Olympe et empêche toute plante de pousser, rendant ainsi la terre stérile. Afin que le sol retrouve sa fertilité, Perséphone est contrainte de partager son existence entre Hadès et Déméter : elle doit résider la première partie de l’année aux Enfers et la suivante sur Terre. Le retour annuel de la jeune fille se traduit par la renaissance de la végétation, tout particulièrement la germination des céréales, semées par Triptolème, héros d’Éleusis, protégé de Déméter. Si la prospérité des champs garantit la bonne alimentation et la vie, l’enlève-ment de la jeune fille et son séjour aux Enfers sont, au contraire, une allégorie de la mort.

Le tableau de Chiragan montre le quadrige conduit par un Amour ailé qui, responsable des sentiments d’Hadès, l’est aussi de toute l’action qui en découle. Deux autres Amours volent dans les airs, l’un d’eux tenant une couronne de victoire au-dessus d’Hadès. Ce dernier, se retournant brusquement, tient d’une main l’Amour cocher et porte Perséphone sur ses épaules. Celle-ci se débat vigoureusement, vêtement et chevelure au vent, pous-sant un grand cri qui alerte l’univers. L’une de ses compagnes, peut-être sa demi-sœur Artémis, est surprise, accroupie devant un vase. Son autre demi-sœur, Athéna, portant casque, lance et bouclier, affronte Hermès, qui indique la route des Enfers. Une troisième femme, nymphe, déesse ou simple amie de Perséphone, tente de trancher de son glaive les rênes de l’at-telage. À ce moment précis, la course est perturbée par l’attaque d’un grand serpent, symbole chtonien, autrement dit des forces matricielles du sous-sol. Le reptile effraie et fait se cabrer les noirs et immortels chevaux. À travers cette image, aux multiples actions simultanées, les forces de la nature et les dieux sont en conflit. Le mouvement des draperies, tantôt moulées sur le corps, tantôt flottantes ainsi que les rythmes saccadés concourent à l’animation extrême d’un relief dont les détails accentuent aussi la qualité.

Un second tableau, moins complet que celui-ci, fut également retrouvé dans les vestiges de la villa (inv. Ra 32). On y a longtemps reconnu des Faunes, petits génies champêtres qui évoquent la nature sauvage, au même titre que les satyres, les nymphes ou les sylvains.

P. Capus

Ra 134-Ra 137

Bacchus

IIIe - IVe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 49 x l. 30 x P. 21 (cm)

Le dieu Bacchus (le Dionysos grec) est intimement associé à la nature non civilisée et aux puissances du monde sauvage. Dieu du vin et du théâtre, il est ici représenté couronné et plein de langueur, appuyé contre un cep de vigne, auquel il est également relié par de nombreux étais et ponts. Ses cheveux bouclés sont caractérisés par des sillons, exécutés au ciseau droit, et des creusements, conçus au foret (ou trépan), une technique commune à de nombreuses autres figures de la villa, qu’elles soient de petit ou moyen format. La figure devait être accompagnée au moins d’une autre, peut-être une panthère ou encore un satyre. Son corps est celui d’un pré-adolescent et relève d’une esthétique de type éphébique, appréciée dans le monde grec au IVe siècle avant n. è. Pondération du corps, sinuosité des formes et androgynie semblent conformes à celles de l’Apollon Sauroctone et plus généralement à l’art du sculpteur grec Praxitèle, ici « pastiché » A. Pasquier, J.-L. Martinez, Praxitèle. Exposition, Musée du Louvre, Paris, 23 mars-18 juin 2007, Paris, 2007, p. 340..

Ces caractères, propres au second classicisme grec, semble-raient être encore revisités huit siècles plus tard. Il apparaît, quoi qu’il en soit, que des sculptures relevant de l’art classique envahissent toujours le cadre domestique des élites, en quête de signes esthétiques identitaires. Le Bacchus de Chiragan pourrait en témoigner. On y perçoit une sensibilité esthétique proche d’une série de sculptures produites par des ateliers orientaux. Ainsi, poli du marbre, division au ciseau et empla-cement des coups de trépan dans les longues boucles sinueuses, schématisme des arcades sourcilières et creusement des pupilles rapprochent par exemple notre dieu juvénile d’une célèbre statuette de Carthage datée du Ve siècle, représentant Ganymède et l’aigle. Si la base du Bacchus a malheureusement disparu, celle de la figure mythologique carthaginoise, formée de deux bandeaux séparés par une gorge, renvoie typologiquement à certains supports de figures mythologiques provenant de Chiragan comme, également, à la base de la statue de Diane, découverte dans la villa de Saint-Georges-de-Montagne (Gironde). Autant d’œuvres qui peuvent s’apparenter à une série de figures plus ou moins fragmentaires, dont une statue de Sol (Apollon), mises au jour dans une villa de Silahtarağa, à Constantinople N. de Chaisemartin, E. Örgen, Les documents sculptés de Silahtaraḡa (Recherche sur les civilisations. Mémoire), Paris, 1984, Pl. 4-5..

Dionysos/Bacchus et son cercle constituent le groupe le plus important dans la villa de Chiragan, environ la moitié de la sta-tuaire indépendante : figures de l’entourage du dieu, à l’image des satyres, des silènes et des ménades ou encore Ariane. Mais la popularité pour ces divinités est, il faut bien l’avouer, commune à l’ensemble des grands domaines et luxueuses demeures à travers tout l’Empire. Dans le contexte des villae tardo-antiques du Sud-Ouest des Gaules ou de la péninsule Ibérique, l’évident succès de Bacchus pourrait être la consé-quence du renforcement de son rôle de sauveur tout autant que de soutien à la bonne fortune des hommes L.M. Stirling, The Learned Collector, op. cit., p. 87 ; E.M. Koppel, « Die Skulpturenausstattung römischer Villen auf der Iberischen Halbinsel », A. Nünnerich-Asmus (éd.), Denkmäler der Römerzeit (Hispania Antiqua), Mayence, 1993, p. 193‑203, p. 201 ;
F. Arasa i Gil, « La decoración escultórica de las villae en el País Valenciano », T. Nogales Basarrate, L.J. Gonçalves (éd.), Actas de la IV Reunión sobre Escultura Romana en Hispania, Lisbonne, 2002, Madrid, 2004, p. 229‑253,
p. 233.
.

En dépit de ces préoccupations spirituelles, la simple fonction décorative ne prendrait-elle pas le pas, ici, sur la fonction symbolique ? On a notamment vu dans cette séduisante figure, et la composition dont elle devait dépendre, un simple, mais indéniablement somptueux, pied de table A. Pasquier, J.-L. Martinez, op. cit., p. 340.. Aucun élément ne peut cependant prouver une telle utilisation. Cep de vigne, branches et frondaisons, malheureusement lacunaires, qui encadraient et servaient d’arrière-plan à cette figure de type éphébique, renverraient au contraire au type de composition qui caractérise la Diane de Saint-Georges-de-Montagne, sertie dans une véritable couronne végétale. De nombreux fragments, dans les réserves du musée, entre autres une tête « barbare », prouvent la récurrence d’une telle mise en scène. Il s’agirait bien là, en l’occurrence, de formules attribuées à des ateliers orien-taux qui, encore tardivement, produisirent une surprenante quantité de sculptures en ronde-bosse, destinées aux niches des grandes demeures aristocratiques à travers tout l’Empire.

P. Capus

Ra 54 bis

Tête de divinité (Isis ?)

Ra 29

Sarapis-Pluton

Ra 40

Harpocrate

Ra 113

Statuette d’Athéna

Ra 32

Repos de deux faunes dans un paysage

Ra 115

Hercule au repos

Ra 46

Le vieux pêcheur

Ra 154

Tête de Minerve

Ra 151-Ra 114

Vénus

Ra 41

Esculape

Partie 4

L’Antiquité tardive

Une époque faste

Partie 4

L’Antiquité tardive

Une époque faste

Comment retracer l’histoire d’un tel ensemble de constructions ? De son évolution ? De son aspect ? Si notre seule source docu-mentaire demeure bien l’inestimable somme publiée en 1901 par Léon Joulin, dernier fouilleur du site, la sculpture qui fut extraite de la villa représente le seul témoignage matériel, hors quelques rares objets, dont il faut bien se contenter jusqu’à présent. Une éclatante preuve, cependant, du prestige du lieu. Si un tel assemblage de marbres, en un même lieu, ne peut qu’être très difficilement interprété, les typologies et les styles, parfois même une certaine prédisposition pour certains thèmes, aident toutefois à percevoir différentes périodes d’occupation. En raison de l’apparent isolement chronologique d’une belle et rare tête féminine, datée de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, on ne pouvait que spéculer, par manque de matériel archéologique supplémentaire, sur une occupation, voire une
ré-occupation, très tardive du site. Il paraissait par ailleurs difficile d’aller plus avant tant que les datations les plus basses n’excédaient pas le IIIe siècle D. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris, 1999,
p. 83-117 et 147.
. Les études de Marianne Bergmann 
M. Bergmann, Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel : zur mythologischen Skulptur der Spätantike (Palilia), Wiesbaden, 1999., Niels Hannestad N. Hannestad, Tradition in Late Antique Sculpture : Conservation, Modernization, Production (Acta Jutlandica. Humanities Series), Aarhus, 1994, p. 294-295 ; N. Hannestad, « Late Antique Mythological Sculpture - In Search of a Chronology », F.A. Bauer, C. Witschel, Ludwig-Maximilians Universität (éd.), Statuen in Der Spätantike, Wiesbaden, Allemagne, 2007, p. 273‑305 ; N. Hannestad, « The Classical Tradition in Late Roman Sculpture », Akten Des XIII Internationalen Kongresses Für Klassische Archäologie, Berlin, 1988, Mayence, 1990. et Lea Stirling L.M. Stirling, « Gods, Heroes, and Ancestors : Scuptural Decoration in Late-Antique Aquitania », La Civilisation urbaine dans l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest de la Gaule. Actes du IIIe colloque Aquitania et des XVIe journées d’archéologie mérovin-gienne, Toulouse 23-24 Juin 1995, Bordeaux, 1996 (2), p. 209-230 ;
L.M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005.
sur la sculpture romaine de l’Antiquité tardive ont notamment permis de réviser certaines données chronologiques.

Il faut le répéter, les différents états proposés par Léon Joulin au sujet de la villa pourront être confirmés dans le seul cas d’une reprise consciencieuse des fouilles, programmées et de grande ampleur. En attendant, un impressionnant ensemble de sculp-tures en marbre de Saint-Béat, qui équivaut à un pourcentage élevé de la statuaire extraite de la villa, permet aujourd’hui d’établir un point de repère chronologique plus affiné dans le cadre de l’histoire du décor.

Les marbres des Pyrénées

Parmi les hypothèses échafaudées au sujet de l’ensemble sculpté de la villa, certaines peuvent aujourd’hui être étayées grâce à une connaissance des marbres employés D. Attanasio, M. Bruno, W. Prochaska, « The Marbles of the Roman Villa of Chiragan at Martres-Tolosane (Gallia Narbonensis) », Archäologischer Anzeiger, 1, 2016, p. 169‑200.. Les analyses ont ainsi conduit à des résultats édifiants quant à la constitution de la longue série des portraits, exécutés à 80 % dans des marbres orientaux. Ces études ont également permis de confirmer ce que Léon Joulin déjà supposait concernant certaines œuvres mytho-logiques plus tardives, et certains portraits probablement contemporains, soit l’utilisation de marbres locaux, provenant des carrières de Saint-Béat.

Il revient en effet à l’archéologue d’avoir distingué les caractéristiques communes qui, d’un point de vue stylistique, pouvaient unir le cycle des Travaux d’Hercule aux bustes des dieux sur bouclier (imagines clipeatae) L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris, 1901, p. 91-92.. Ces rapprochements ont été, plus récemment, approuvés et développés et le groupe s’est même considérablement élargi avec l’incorporation de la série des masques de théâtre, celle des masques bachiques et des saisons et l’assemblée de philosophes avec Socrate M. Bergmann, op. cit., p. 198-200 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2005, p. 126-137.
.
Faut-il y ajouter les représentations d’Isis acéphale et Harpocrate ? Le rapprochement entre ces deux dernières sculptures, en ronde-bosse, et le grand haut-relief de Sarapis pose davantage de problème. L’absence de tête pour la statue d’Isis, d’une part, et les différences dans la manière de concevoir la chevelure d’Harpocrate de l’autre, n’engagent pas à faire de cette triade isiaque un groupe homogène. Le grand dieu d’Alexandrie, Sarapis, en raison d’une chevelure dont les spécificités formelles peuvent être rapprochées des œuvres postérieures au Haut-Empire, se détache sur une plaque dont le double bandeau d’encadrement rappelle fortement celui des reliefs d’Hercule et de l’Assemblée de philosophes. L’intervention d’un même atelier n’a donc pas lieu d’être écartée.

Un groupe dynastique et un décor exceptionnels

Plusieurs œuvres, plus ou moins altérées, ont été rattachées par J.-C. Balty à l’époque tétrarchique, plus précisément aux années 290. On distingue, dans cette série, quatre têtes complètes et une cinquième, très lacunaire. Elles doivent être associées à quelques éléments d’un relief, récemment restitué, représen-tant un homme debout, vêtu d’une tunique à manches longues et d’une toge M. Bergmann, op. cit., p. 32. ; l’avant-bras droit de cette effigie, frontale et hiératique, avec sa main tenant la mappa (étoffe), n’est pas perdu, contrairement à ce qui fut parfois écrit L.M. Stirling, op. cit., p. 61..

Une rigoureuse démonstration, puissamment étayée, a autorisé J.-C. Balty à reconnaître dans ces très rares images l’empereur Maximien Hercule, son épouse, Eutropia, leur fils, Maxence, et leur belle-fille, Valeria Maximilla. Plusieurs points communs permettent d’agréger ces portraits dynastiques à d’autres sculptures dont les thèmes d’ascendance hellénique se conjuguent à des caractères formels qui entrent en résonance avec l’art de l’Antiquité tardive. On relève, en effet, des simili-tudes notables, précédemment évoquées, entre les têtes du cycle herculéen, les médaillons des dieux, le Sarapis, certains masques ou enfin, le relief au Socrate : la stylisation des physionomies est associée, sur ces œuvres, à d’épaisses boucles, au niveau des chevelures comme dans les barbes, dont les terminaisons effilées forment des séries de fourches bifides ou trifides, relevées par de profonds percements circulaires au foret M. Bergmann, « Un ensemble de sculptures de la villa romaine de Chiragan, œuvre de sculpteurs d’Asie Mineure, en marbre de Saint-Béat ? », J. Cabanot, R. Sablayrolles,
J.-L. Schenck (éd.), Les marbres blancs des Pyrénées : approches scientifiques et historiques. Colloque, 14-16 octobre 1993, Saint-Bertrand-de-Comminges, Saint-Bertrand-de-Comminges, 1995,
p. 197‑205, p. 198 ; D. Cazes, op. cit., p. 85 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, op. cit., p. 126-127.
.

Le décor, hypothétiquement mis en place à partir des années 280, et dont la conception a pu s’étendre jusqu’au changement de siècle, doit probablement être associé à la création et à l’installation des statues-portraits monumentales représentant les membres de la famille de l’auguste Maximien M. Bergmann, « Un ensemble de sculptures de la villa romaine de Chiragan, œuvre de sculpteurs d’Asie Mineure, en marbre de Saint-Béat ? », op. cit., p. 197‑205, p. 198-200 ; J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), Toulouse, 2008, p. 126-129.. Ces années correspondent, en premier lieu, à la campagne, menée durant l’année 286, en Gaule, par l’Empereur contre les Bagaudes. Ces populations révoltées, issues des campagnes, « pâtres et brigands », selon Aurelius Victor, qui furent « rassemblées par deux chefs, Elianus et Amandus, et qui avaient ravagé les campagnes avant de décider de pénétrer dans les villes »
(« …Helianum Amandum que per Galliam excita manu agrestium ac latronum, quos Bagaudas incolae vocant, populatis late agris plerasque urbium tentare… ») A. Victor, Liber de Caesaribus, 360 (circa), XXXIX, 17.. Dans son discours à la gloire de Maximien, le rhéteur Mamertin assimile ces populations rurales à des Géants qu’aurait combattu Jupiter Mamertin, Panégyrique, IIIe siècle, X (2), 4, 2.. La campagne contre les Bagaudes, événement qui aurait permis à Maximien de recevoir le titre d’Auguste, pourrait donc fort bien avoir participé à la genèse du grand cycle.

On sait aussi que, depuis Trèves, Maximien partit par la suite combattre en Espagne, au printemps 296, afin de mettre fin aux exactions des Francs qui pratiquaient, depuis au moins le début de la décennie, de nombreux actes de piraterie sur toutes les côtes de la péninsule Ibérique. Cette action lui aurait valu l’épithète d’« Arès ibérique » (Iberikos Arès). L’Afrique sera l’étape suivante, à la fin de l’hiver 297 P. Maymó i Capdevila, « Maximiano en campaña : matizaciones cronológicas a las campañas hispanas y africanas del Augusto Hercúleo », 12, 2000, p. 229‑257, en partic. p. 230 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit., p. 130.
. Au-delà du Détroit de Gibraltar, Maximien devait notamment affronter le peuple maure des Quinquegentanei, tribu semi-nomade qui avait attaqué les territoires romains. Défaits une première fois par le gouverneur de la Césarienne, Aurelius Litua, durant l’hiver 292-293, ils repri-rent leur action belliqueuse, source de la nouvelle campagne engagée par Maximien en 297 J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit., p. 130..

Les reliefs d’Hercule le rappellent bien : le fils de Jupiter est un héros civilisateur, victorieux de la barbarie et des monstres. Maximien ne participe-t-il pas, lui aussi, au sauvetage de l’univers, sous l’égide des dieux ? C’est ce que soulignent, notamment, les deux panégyriques, prononcés en son honneur, qui rappellent les invasions des barbares germains, les usurpateurs, les pillages des paysans révoltés et, enfin, les pirates. Les monnaies ne font qu’entériner cette mission. L’empereur Maximien incarne ainsi, sans conteste, un héros ; il est le nouvel Hercule. Il faut certai-nement voir dans la représentation de l’homme barbu, aux dimensions impressionnantes et à l’expression impérieuse, une effigie du souverain, issue du même atelier de sculpture que les reliefs des médaillons et des Travaux d’Hercule.

Sources archéologiques et chronologie

Selon le recensement de Léon Joulin, 151 monnaies proviendraient de Chiragan. Si 25 de ces exemplaires demeuraient illisibles, 22 furent attribuées au Ier siècle et 23 au siècle suivant. 23 autres frappes remontaient au IIIe siècle et pas moins de 58 furent at-tribuées au seul IVe siècle. Seules 18 de ces monnaies sont encore présentes dans le médaillier du musée Saint-Raymond V. Geneviève, « Les monnaies des établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane. 2 : Les monnaies des sites de Chiragan, Bordier, Sana, Coulieu, Saint-Cizy et du Tuc-de-Mourlan », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, LXVIII, 2008, p. 95‑140, en partic. p. 98-100..

Parmi les découvertes des environs immédiats, figurait notamment un lot mis au jour au Tuc-de-Mourlan. Le site, localisé à trois kilomètres et demi à l’est de la villa, aux confins des actuelles communes de Martres-Tolosane et de Boussens, avait été reconnu comme un vicus par Léon Joulin. Cette modeste agglomération de plaine était constituée de bâtiments majori-tairement rectangulaires, alignés de part et d’autre de la voie qui menait de Tolosa à Aquae Tarbellicae (Dax) L. Joulin, op. cit., p. 179 ;
P. Sillières, « Les campagnes », J.-M. Pailler (éd.), Tolosa : nouvelles recherches sur Toulouse et son territoire dans l’Antiquité, Rome, 2002,
p. 373‑402, p. 385.
. L’établissement
appartenait donc à la série des nombreuses implantations répertoriées dans ce secteur, très majoritairement réparties sur la rive gauche de la Garonne, la plus propice à la circulation et aux échanges. Le long des deux voies, routière et fluviale, ces « établissements » comprenaient aussi bien des villae (Chiragan, Bordier, Sana et Coulieu) que des regroupements de bâtiments à vocation agricole ou commerciale (Saint-Cizy, le Tuc-de-Mourlan) L. Joulin, op. cit., p. 162-184..

De la série monétaire issue du site du Tuc-de-Mourlan, à quelques encablures des bâtiments de la célèbre villa, provient en particulier un denier, qui a attiré l’attention de Vincent Geneviève. Cette émission, récemment examinée par l’œil avisé du numismate, est attribuable à l’atelier de Lyon et compte parmi les premières frappes du pouvoir impérial à deux têtes, formé par Dioclétien et son co-empereur, Maximien Hercule. Le revers à la légende IOVI CONSERVATORI (« à Jupiter Conservateur ») est donc un hommage au datif qui accompagne l’image du dieu protecteur omnipotent et défenseur de l’empereur Dioclétien, debout à gauche, accompagné de l’aigle, le foudre tenu par la main droite abaissée, un sceptre dans la gauche. Comme le rappelle le chercheur, deniers et quinaires sont pour l’époque des « monnaies exceptionnelles, qui n’ont pas pour vocation première de circuler mais plus spécifiquement de marquer et de célébrer un événement » V. Geneviève, « Un denier inédit de Dioclétien frappé à Lyon à la fin de l’année 286, découvert au XIXe siècle sur le site du
Tuc-de-Mourlan (Martres-Tolosane,
Haute-Garonne) », Cahiers Numismatiques, 180, 2009, p. 31‑39, en partic. p. 37.
. La modestie apparente de cet indice ne saurait donc en évincer la portée car il est permis de voir en lui un probable indicateur de la présence d’un protagoniste en lien direct avec les décisions et les initiatives impériales.

À ce document numismatique, il est possible d’ajouter d’autres témoignages. Il nous faut, pour cela, quitter Chiragan et son environnement. Car c’est en Espagne et au Portugal que plusieurs sources archéologiques, dans le domaine de l’épigra-phie, de la sculpture et de l’architecture, peuvent indéniablement nous aider à mieux comprendre les transformations et le dyna-misme de la villa des bords de Garonne à l’époque des Tétrarques. Ces témoignages furent, en effet, replacés dans un contexte historique similaire à celui du denier de Dioclétien. Il s’agit là de divers milliaires, qui démontrent la restauration des voies de circulation, dans la péninsule Ibérique, durant la première moitié des années 290, d’un bas-relief triomphal de Mérida (Augusto Emerita) ou encore du palais romain de Cercadilla, à Cordoue, lui aussi daté de la première Tétrarchie et dont la construction, attribuée à l’action impériale elle-même, aurait été menée très rapidement Z. Mráv, « Maniakion – The Golden Torc in Late Roman and Early Byzantine Army. Preliminary Research Report », T. Vida (éd.), Romana Gothica II, The Frontier World, Romans, Barbarians and Military Culture, Budapest 1-2 Octobre 2010, Budapest, 2015, p. 287‑303, p. 289‑290, fig. 4 ;
J. Arce Martínez, « Un relieve triunfal de Maxi-miano Herculeo en Mérida y el P. Stras. 480 », Cuadernos emeritenses, 22, 2003, p. 47‑70 ;
R. Hidalgo Prieto, Espacio público y espacio privado en el conjunto palatino de Cercadilla (Córdoba) : el aula central y las termas (Arqueología. Serie Monografías. Cercadilla), Séville, 1996, p. 149-156 ;
J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit.,
p. 130-131, no 51, fig. 110.
. Tous seraient tributaires de l’œuvre militaire de Maximien Hercule.

De cet empereur, Chiragan nous a livré deux portraits, une tête colossale, probable vestige d’une statue en pied selon J.-C. Balty, et l’exceptionnel, même si lacunaire, bas-relief, mentionné plus avant. L’apparence originale de cette effigie devient plus compréhensible lorsqu’on la rapproche de deux célèbres sculp-tures en ronde-bosse, conservées dans les musées du Capitole et exposées à la Centrale Montemartini. Ces portraits en pied, dits «magistrats», datés de la fin du IVe siècle, furent découverts à Rome dans les «jardins de Licinius» (Horti Liciniani) M. Cima, « Statua di Magistrato anziano », S. Ensoli, E. La Rocca (éd.), Aurea Roma : dalla città pagana alla città cristiana. Mostra, Palazzo delle esposizioni, Roma, 22 dicembre 2000-20 aprile 2001, Rome, 2000, p. 432-433, no 12.. Leurs vêtements sont assurément identiques à celui de Maximien Hercule à Chiragan. Par-dessus la tunique à manches longues, la toge est dite à contabulatio, en raison du large repli oblique, barrant la poitrine, qui forme un étagement de froncements plats, comprimés ; une technique du drapé connue depuis l’époque sévérienne. La mappa est un autre élément qui réunit, iconographiquement, les magistrats romains du bas-relief lacunaire des bords de Garonne. Cette étoffe blanche, jetée dans l’arène afin de donner le départ des courses de chars, faisait allusion à l’inauguration des jeux dans le cadre de l’un des consulats. Une magistrature que Maximien endossa huit fois, entre 287 et 304.

P. Capus

Ra 34 b

Tête quasi colossale de Maximien Hercule

Vers 240/250-310, empereur de 286 à 305 et de 306 à 310.

Après 293

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 43 x l. 26 x P. 30,5 (cm)

À la fin de l’année 284, Dioclétien devient empereur (Auguste). Confronté aux menaces de peuples étrangers sur le limes (frontière) ainsi qu’aux velléités d’usurpation du pouvoir de certains généraux, le souverain s’adjoint un co-empereur, Maximien, auquel est octroyé le titre de césar. Les deux gou-vernants sont originaires d’Europe centrale : Maximien naquit en Pannonie, entre cinq et huit ans avant Dioclétien, originaire de Dalmatie.

En 286, Dioclétien élève Maximien au rang d’Auguste, titre qui en fait un empereur à part entière. Cette dyarchie, pouvoir à deux têtes, qui pouvait rappeler celle de Marc Aurèle et de Lucius Verus durant le siècle précédent, était cependant appelée à évoluer. Ainsi, le 1er mars 293, fait nouveau dans l’histoire institutionnelle impériale, fut institué un mode de gou-vernement bien plus innovant encore : la Tétrarchie. Aux deux augustes, Dioclétien et Maximien, sont en effet associés deux césars. Maximien, auguste d’Occident, est alors épaulé par Constance Chlore tandis que Dioclétien, auguste d’Orient, est assisté de Galère. Maximien choisit pour protecteur Hercule, héros devenu immortel, et administre l’Italie, la Rhétie (province comprise entre le Danube et la Vénétie), l’Afrique et l’Espagne. Son césar, Constance Chlore, père du futur Constantin le Grand, se consacre, de son côté, aux provinces de Gaule et de Bretagne (actuels Pays de Galles et Angleterre).

Comme nous l’avons développé dans l’introduction de cette partie, l’ensemble du décor exécuté dans du marbre de Saint-Béat ainsi que ces quatre portraits dépendent certainement de l’époque de cette première Tétrarchie et témoigneraient d’une restauration fastueuse de la villa de Chiragan sous Maximien. La statue à laquelle appartenait cette tête devait atteindre deux mètres soixante-quinze de hauteur ; elle était donc plus grande que la seconde représentation, très fragmentaire, de cet empe-reur, qui correspond à un relief particulièrement impressionnant dont les lacunes sont aujourd’hui restituées graphiquement dans le musée.

L’Empereur, non content de considérer Hercule, devenu im-mortel, comme son dieu tutélaire personnel, légitimait également son pouvoir au moyen de liens familiaux directs avec lui. Il en fit le patron de sa famille, devenue herculéenne à son tour A. Eppinger, Hercules in der Spätantike : die Rolle des Heros im Spannungsfeld von Heidentum und Christentum (Philippika), Wiesbaden, 2015, p. 158..
Il faut enfin noter, sur ce portrait, le dessin des mèches de la frange, des tempes et de la barbe qui rappellent sans équi-voque la tête de l’Hercule combattant Diomède du grand cycle sculpté, non loin duquel cette statue de Maximien devait avoir été élevée.

D’après J.-C. Balty, 2008 J.-C. Balty, Les portraits romains, La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane)), op. cit., p. 33-53.

Ra 28 j

Hercule et les écuries d’Augias

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 138 x l. 85 x P. 20 (cm)

Cinquième des douze Travaux, l’épisode des écuries se déroule dans le royaume d’Élide, à l’ouest du Péloponnèse. Le roi Augias, fils du Soleil (Hélios), possédait d’immenses troupeaux. Mais il négligeait de faire entretenir ses écuries au point que l’accumulation du fumier rendait les terres environnantes stériles. Eurysthée voulut humilier Héraclès/Hercule en lui confiant cette tâche, habituellement réservée aux esclaves. Pour nettoyer ces écuries, le héros entreprit le détournement de deux cours d’eau, l’Alphée et le Pénée. La convergence de leurs eaux engendra le courant nécessaire à l’assainissement des locaux.

Sur le relief de Chiragan, seul le héros est représenté ; pied droit posé sur un panier renversé, inutilisé, il contemple le courant faire l’humiliant travail à sa place. Encore une fois, son attitude rappelle certaines figurations de dieux grecs, au moins depuis l’époque du sculpteur Lysippe, au IVe siècle avant n. è. C. Rolley, La sculpture grecque, 2 : La période classique (Les manuels d’art et d’archéologie antique), Paris, 1999, p. 333-334., dont l’art romain se souvint. La pose avait été, entre-temps, reprise durant l’époque hellénistique, dans la statuaire comme sur les frappes monétaires, afin de figurer des dieux, tutélaires ou encore fondateurs. On se souviendra également de la célèbre série des tétradrachmes sur lesquels Démétrios Poliorcète, roi de Macédoine, se fit ainsi représenter, reprenant probablement une statue-portrait d’Alexandre le Grand SNG (Sylloge Nummorum Graecorum), Copenhague, s. d.. Dans le monde romain, cette même composition, associant nudité, un pied reposant sur un rocher ou un quelconque symbole guerrier ou allégorique et corps penché en avant, fut acclimatée au contexte politique de la fin des guerres civiles et adaptée à l’univers du portrait par l’héritier de César, Octave, figuré de la sorte afin de suggérer sa nouvelle position de maître du monde C.H.V. Sutherland, The Roman Imperial Coinage. Volume I, From 31 BC to AD 69, éd. révisée, Londres, 1984, p. 256 ;
J.-B. Giard, Bibliothèque nationale. Catalogue des monnaies de l’Empire romain, Paris, 1976, p. Pl. 13-14.
. La posture fut également adoptée par des personnalités qui, sans bénéficier d’une telle aura militaire ou politique, recevaient cependant l’hommage sous forme d’un portrait ; ainsi en est-il pour la statue du duumvir Cartilius Poplicola, découverte au niveau de l’escalier du temple d’Hercule d’Ostie, élevée durant l’époque triumvirale, celle des années 40-30 avant n. è.

À l’image de la statue de moyen format, provenant, elle aussi, de la villa de Chiragan, et représentant Hercule appuyé sur sa massue (inv. Ra 115), la main du héros est ramenée dans le dos, soulignant le repos après l’action, en l’occurrence le creusement des dérivations de l’Alphée et du Pénée. Enfin peut-on remarquer le changement de physionomie d’Hercule ; contrairement au visage glabre retenu pour les premiers Travaux, une barbe abondante est ici présente, en tant qu’illustration de la maturité. Au fur et à mesure de ses succès, le fils de Jupiter acquiert la sagesse. Parallèlement à la voie qui le conduira vers la divinisation, débute le changement d’apparence qui lie l’image du héros à celles de dieux gréco-romains : Jupiter, Pluton ou encore Esculape.

P. Capus

Ra 35

Masques de théâtre

Fin du IIIe siècle

Marbre

Cet ensemble est proche des petits tableaux (pinakes) ou des frises en marbre qui évoquaient, dans l’art gréco-romain, plus ou moins directement le dieu du théâtre, Dionysos (le Bacchus des Romains). Le dieu de Thèbes a souvent été figuré, dans le monde grec, sous la forme d’un simple masque barbu accroché à un pilier habillé. Il est donc le dieu-masque et l’une des rares divinités dont le culte promet l’éternité. Ainsi, les mas-ques représentés dans les décors peuvent-ils se lire comme une allégorie de la transformation, celle de l’acteur comme du fidèle qui recherche un au-delà radieux.

Des reproductions de masques de théâtre ne sont pas rares dans le monde grec, en Attique, en Italie méridionale (en parti-culier sur l’île de Lipari, où les masques de terre cuite retrouvés dans les tombes illustrent remarquablement les différents genres théâtraux) ou encore en Asie Mineure. L’Empire romain a également légué quelques œuvres de même type, en marbre, en terre cuite ou encore en bronze. Ces éléments, qu’ils soient décors ou œuvres votives déposées dans les sanctuaires, rappelaient les véritables masques, en cuir voire en bois, portés par les acteurs (histriones) de la tragédie, de la comédie et du drame satyrique.

Le nombre des acteurs présents sur la scène étant réduit, le masque autorisait un même individu à incarner plusieurs rôles dans une même pièce : femme, esclave, vieillard… L’accessoire (désigné en latin par le mot persona) identifiait le personnage dès son entrée en scène et servait également de porte-voix. Dans un célèbre recueil du IIe siècle, l’Onomastikon, Pollux de Naucratis établit notamment un catalogue des différents types de masques utilisés lors des représentations théâtrales. Y sont recensés soixante-seize modèles de masques, tragiques, satyriques ou comiques. Cette liste nous permet, plus ou moins, de reconnaître les personnages, bien connus du public et immédiatement identifiables grâce à la couleur de leur peau, de leurs cheveux et à la typologie de leur coiffure (notamment l’onkos, amoncellement ostentatoire des cheveux).

L’association de nombreuses sculptures dionysiaques, de petit et moyen formats, et de masques de théâtre composant le décor tardif de la villa est, sans nul doute, loin d’être exceptionnelle. Elle prend cependant à Chiragan une connotation particulière, en raison de l’exceptionnelle survie d’un si grand nombre d’œuvres. Ainsi, la mise en scène des reliefs, des rondes-bosses, et fort probablement des mosaïques (aujourd’hui perdues), relevait-elle certainement d’un discours riche en métaphores. Une telle syntaxe iconographique se retrouve ailleurs, au sein de quelques rares résidences de l’Empire, à l’exemple de la villa tardo-antique de Noheda (Villar de Domingo García, Cuenca) dont les spectaculaires mosaïques, récemment mises au jour, mêlent des thèmes identiques aux décors marmoréens de Chiragan ; à l’image de la résidence des bords de Garonne, mythologie, dionysisme et théâtre y sont en effet intimement liés.

P. Capus

Ra 23 f

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 38 (2)

Portrait de Galeria Valeria Eutropia (?)

Ra 127

Portrait de Valeria Maximilla (?)

Ra 28 l

Hercule et les bœufs de Géryon

Ra 28 i

Hercule et le roi Diomède

Ra 28 b

Hercule et l’Hydre de Lerne

Ra 34 d

Vulcain

Ra 23 b

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 34 m

Esculape

Ra 28 h

Hercule et la reine des Amazones

Ra 34 j

Minerve

Ra 34 l

Attis

Ra 34 i

Cybèle

Partie 2 Les portraits

Époque Julio-Claudienne

Buste d’Auguste couronné de chêne

Ra 57

Buste d’Auguste
couronné de chêne

63 avant n. è. - 14 de n. è.
Empereur de 27 avant n. è. à 14 de n. è.

Première moitié du Ier siècle

Type dit « Prima Porta »

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 51  x l. 34 x P.25 (cm)

Buste d’un inconnu

Ra 165

Buste d’un inconnu

Premier quart du Ier siècle

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 43,5 x l. 25 x P. 22 (cm)

Tête d’Antonia Minor

Ra 31

Tête d’Antonia Minor

36 avant notre ère - 37
Fille de Marc Antoine et d’Octavie (sœur d’Auguste), épouse de Drusus l’Ancien (frère de Tibère), mère de Germanicus et de l’empereur Claude

Entre 37 et 54

Type dit « Schläfenlöckchen » (« aux boucles sur les tempes »)

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 27 x l. 21,2 x P. 21 (cm)

Tête de Tibère couronné de chêne

Ra 90

Tête de Tibère couronné de chêne

42 avant n. è. - 37
Empereur de 14 à 37 

Dernière décennie du règne
(26/27-31 de n. è.) ?

Inversion (des mèches de la frange) du type
« Berlin-Naples-Sorrente »

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 34 x l. 18 x P. 22,2 (cm)

Tête d’adolescent (Tiberius Gemellus ?)

Ra 122

Tête d’adolescent
(Tiberius Gemellus ?)

19 - 37/38
Petit-fils de Tibère

Années 30 du Ier siècle

Type « Capitole-Toulouse »

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 26 x l. 19,5 x P. 17 (cm)

Partie 2

Époque Antonine

Buste de Trajan

Ra 58 b

Buste de Trajan

53 - 117
Empereur de 98 à 117 

Vers 108

Type dit « des Decennalia »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 41 x l. 26,5 x P. 24 (cm)

Buste de Trajan

Ra 117

Buste de Trajan

53 - 117
Empereur de 98 à 117 

Entre 108 et 113

Type dit « du sacrifice »

Marbre de Carrare

H. 56 x l. 36 x P. 25 (cm)

Buste de jeune homme

Ra 73 a

Buste de jeune homme

Vers 120

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 63 x l. 43 x P. 26 (cm)

Buste de jeune homme

Ra 73 b

Buste de jeune homme

Entre 120 et 130

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 66 x l. 45 x P. 28 (cm)

Buste d’homme cuirassé

Ra 73 e

Buste d’homme cuirassé

Vers 130

Marbre

H. 78 x l. 54,5 x P. 29 (cm)

Buste d’une inconnue

Ra 77

Buste d’une inconnue

Vers 125 - 135

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 47 x l. 36 x P. 32 (cm)

Buste de Sabine

Ra 76

Buste de Sabine

85/87 ? - 136/137 

Entre 128 et 137

Type principal ou « Vatican,
Busti 359 »

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 44 x l. 34,5 x P. 40,5 (cm)

Buste d’enfant

Ra 124

Buste d’enfant

Vers 130 - 140

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 31 x l. 18 x P. 17 (cm)

Tête d’Antonin le Pieux

Ra 60 (1)

Tête d’Antonin le Pieux

86 - 161
Empereur de 138 à 161 

Vers 138 - 140

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 42 x l. 25,5 x P. 26,5 (cm)

Portrait d’enfant

Ra 126

Portrait d’enfant

Vers 150 - 160

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 20 x l. 17,5 x P. 18 (cm)

Buste de Marc Aurèle césar

Ra 61 a

Buste de Marc Aurèle césar

121 - 180
Empereur de 161 à 180 

Entre 144 et 147

Type « Offices - Toulouse »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 78,5 x l. 56,5 x P. 32,5 (cm)

Buste cuirassé de Marc Aurèle âgé

Ra 61 b

Buste cuirassé
de Marc Aurèle âgé

121 - 180
Empereur de 161 à 180 

Entre 170 et 180

Type IV (variante A)

Marbre d’Afyon (Turquie)

H. 76,5 x l. 53,5 x P. 29 (cm)

Tête de Lucius Verus

Ra 63

Tête de Lucius Verus

130 - 169
Co-empereur avec Marc Aurèle de 161 à 169 

Entre 161 et 169

Type IV (« Samtherrschaftstypus », type du règne conjoint
avec Marc Aurèle)

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 35,5 x l. 26,5 x P. 27 (cm)

Buste de Commode

Ra 118

Buste de Commode

161 - 192
Empereur de 180 à 192 

Fin de l’année 180

Type III ou « Vatican, Busti 368 »

Marbre de Paros II,
vallée de Marathi

H. 44 x l. 39 x P. 23,5 (cm)

Époque Sévérienne

Portrait d’un inconnu en philosophe

Ra 70

Portrait d’un inconnu en philosophe

Fin du IIe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 55,5 x l. 43 x P. 23 (cm)

Tête de Septime Sévère

Ra 120 a

Tête de Septime Sévère

145 - 211
Empereur de 193 à 211 

Entre 193 et 195

Type dit « de l’avènement »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 34 x l. 24 x P. 24 (cm)

Buste cuirassé de Septime Sévère

Ra 66 a

Buste cuirassé de Septime Sévère

145 - 211
Empereur de 193 à 211 

Entre 195 et 203

Type II dit « de l’adoption »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 73,5 x l. 66 x P. 36 (cm)

Buste cuirassé de Septime Sévère

Ra 66 b

Buste cuirassé de Septime Sévère

145 - 211
Empereur de 193 à 211 

Entre 203 et 211 ;
peut-être déjà dès 199/200

Type « Sérapis »

Marbre d’Afyon (Turquie)

H. 78 x l. 64 x P. 33 (cm)

Buste de Géta enfant

Ra 62

Buste de Géta enfant

198 - 211
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Caracalla

Entre 202 et 205

Type « Munich-Toulouse »

Marbre de Göktepe (Turquie) pour la tête et  marbre d’Altintaş (Turquie) pour le buste

H. 58 x l. 45 x P. 27 (cm)

Buste cuirassé de Caracalla enfant

Ra 119 - Ra 58 c

Buste cuirassé de Caracalla enfant

188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur de 211 à 217 

Entre 195/196 et 205

Type « de l’arc des Argentarii »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 48 x l. 49 x P. 26 (cm)

Portrait de Caracalla enfant

Ra 168

Portrait de Caracalla enfant

188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur de 211 à 217 

200 - 205

Type « de l’arc des Argentarii »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 25 x l. 17,5 x P. 19 (cm)

Portrait fragmentaire de Caracalla

2000.32.1

Portrait fragmentaire de Caracalla

188 - 217
Fils de Septime Sévère et Julia Domna, frère de Géta. Empereur de 211 à 217 

211 - 217

Type « Alleinherrscher »

Marbre

H. 16 x l. 19 x P. 22 (cm)

Buste militaire complété d’une tête

Ra 121

Buste militaire
complété d’une tête

195 - 205 (buste un peu plus tardif)

Marbre phrygien de Synnada
dit pavonazzetto (Docimium, Turquie) pour le buste et marbre de Göktepe (Turquie) pour la tête

H. 92 x l. 64 x P. 32 (cm)

Tête de jeune garçon (C. Fulvius Plautus Hortensianus ?)

Ra 68 (1)

Tête de jeune garçon
(C. Fulvius Plautus Hortensianus ?)

Entre 202 et 205

Marbre

H. 21 x l. 18 x P. 21 (cm)

Tête d’homme

Ra 73 g

Tête d’homme

Entre 195 et 205

Type « Pérouse – Toulouse »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 37 x l. 24,5 x P. 25 (cm)

Buste d’un inconnu

Ra 65

Buste d’un inconnu

Vers 195 - 205

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 62,5 x l. 58 x P. 30 (cm)

Buste d’un inconnu

Ra 72

Buste d’un inconnu

Fin du IIe - début du IIIe siècle

Type dit « Palazzo
Corsini – Toulouse »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 82 x l. 58 x P. 34 (cm)

Buste d’un inconnu

Ra 59

Buste d’un inconnu

Vers 210 - 220

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 84 x l. 58 x P. 33 (cm)

Portrait d’un inconnu

Ra 73 f

Portrait d’un inconnu

195 - 205

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 29 x l. 23,1 x P. 23,7 (cm)

Portrait d’homme anciennement dit Sévère Alexandre

Ra 69

Portrait d’homme anciennement
dit Sévère Alexandre

Vers 220 - 235

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 30 x l. 19 x P. 22 (cm)

L’anarchie militaire

Buste d’homme héroïsé

Ra 123

Buste d’homme héroïsé

Vers 230 - 240

Marbre

H. 61,5 x l. 53 x P. 29 (cm)

Portrait d’un inconnu

Ra 73 d

Portrait d’un inconnu

Vers 215 - 220

Marbre d’Afyon (Turquie)

H. 34 x l. 22 x P. 24 (cm)

Portrait d’homme

Ra 73 i

Portrait d’homme

Vers 225 - 250

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 34,5 x l. 18,5 x P. 23 (cm)

Buste de jeune garçon

Ra 125

Buste de jeune garçon

Deuxième tiers du IIIe siècle

Marbre d’Afyon (Turquie)

H. 36,5 x l. 25 x P. 17 (cm)

Portrait d’un inconnu

Ra 71

Portrait d’un inconnu

215 - 235 (ou peu après)

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 80 x l. 67 x P. 38 (cm)

Portrait de Tranquillina (?)

Ra 166

Portrait de Tranquillina (?)

Vers 241 - 244

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 50 x l. 34 x P. 21,5 (cm)

Portrait d’enfant

Ra 167

Portrait d’enfant

Années 240

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 28 x l. 21 x P. 15 (cm)

Portrait d’Etruscilla (?)

Ra 74

Portrait d’Etruscilla (?)

Milieu du IIIe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 64,5 x l. 64 x P. 29 (cm)

Portrait de Philippe le Jeune

Ra 73 h

Portrait de Philippe le Jeune

237 - 249
Co-empereur de 247 à 249. Fils de Philippe l’Arabe et d’Otacilia Severa

Entre 247 et 249

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 24,5 x l. 17 x P. 19 (cm)

Époque théodosienne

Tête de femme

Ra 82

Tête de femme

Époque théodosienne. Vers 375 - 425

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 33,5 x l. 30 x P. 30 (cm)

Partie 3 L’art grec revisité

Tête de Vénus

Ra 52

Tête de Vénus

Ier-IIe siècle

Marbre lychnites (île de Paros)

H. 40 x l. 24 x P. 31 (cm)

Tête de divinité (Isis ?)

Ra 54 bis

Tête de divinité (Isis ?)

IIe-IIIe siècle

Marbre

H. 45 x l. 28 x P. 25 (cm)

L’enlèvement de Perséphone

Ra 152

L’enlèvement de Perséphone

Ier siècle

Marbre

H. 43 x l. 46 x P. 4,5 (cm)

Repos de deux faunes dans un paysage

Ra 32

Repos de deux faunes
dans un paysage

Ier– IIe siècle

Marbre

H. 35 x l. 35 x P. 8 (cm)

Statuette du type de l’Éros de Centocelle

Ra 184

Statuette du type de l’Éros de Centocelle

IIe siècle (?)

Marbre

H. 30 x l. 15,5 x P. 12 (cm)

Esculape

Ra 41

Esculape

IIe siècle

Marbre d’Afyon (Turquie)

H. 69 x l. 43 x P. 19,5 (cm)

Athéna

Ra 112

Athéna

IIe siècle

Marbre

H. 14,5 x l. 52 x P. 32 (cm)

Statuette d’Athéna

Ra 113

Statuette d’Athéna

Milieu du IIe siècle (?), d’après un original créé vers 430 avant n. è.

Type « Velletri »

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 61 x l. 23 x P. 16 (cm)

Tête de Minerve

Ra 154

Tête de Minerve

IIe siècle ?

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 27 x l. 10,7 x P. 13,8 (cm)

Hercule au repos

Ra 115

Hercule au repos

IIe-IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 62 x l. 45 x P. 21 (cm)

Bacchus

Ra 134-Ra 137

Bacchus

IIIe - IVe siècle

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 49 x l. 30 x P. 21 (cm)

Le vieux pêcheur

Ra 46

Le vieux pêcheur

IIIe-premier tiers du IVe siècle (?)

Marbre de Göktepe (Turquie)

H. 52 x l. 27 x P. 16 (cm)

Isis

Ra 38 (1)

Isis

IIIe- premier tiers du IVe siècle (?)

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 186 x l. 74 x P. 40 (cm)

Sarapis-Pluton

Ra 29

Sarapis-Pluton

IIIe siècle – premier tiers
du IVe siècle (?)

Marbre

H. 142 x l. 42 x P. 17 (cm)

Harpocrate

Ra 40

Harpocrate

IIIe-premier tiers du IVe siècle (?)

Marbre

H. 111,5 x l. 43,8 x P. 28 (cm)

Vénus

Ra 151-Ra 114

Vénus

IVe siècle ?

Marbre

H. 77,5 x l. 28,5 x P. 20 (cm)

Partie 4 L’antiquité tardive

Portraits dynastiques de l’époque tétrarchique

Tête quasi colossale de Maximien Hercule

Ra 34 b

Tête quasi colossale
de Maximien Hercule

Vers 240/250-310, empereur de 286 à 305 et de 306 à 310.

Après 293

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 43 x l. 26 x P. 30,5 (cm)

Portrait de Galeria Valeria Eutropia (?)

Ra 38 (2)

Portrait de Galeria Valeria Eutropia (?)

Épouse de Maximien Hercule, mère de Maxence et de Fausta.
Années cinquante du IIIe siècle – 330 

Fin IIIe – premières années du IVe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 31 x l. 28 x P. 25 (cm)

Tête juvénile de Maxence (?)

Ra 93 ter

Tête juvénile de Maxence (?)

Fils de Maximien et d’Eutropia, vers 278-312
Empereur de 306 à 312 

Après 293

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 33 x l. 22 x P. 23 (cm)

Portrait de Valeria Maximilla (?)

Ra 127

Portrait de Valeria Maximilla (?)

Fille de l’empereur Galère (César puis Auguste), épouse de l’empereur Maxence
Vers 280 – après 312 

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 32,5 x l. 26,5 x P. 24,5 (cm)

Maximien Hercule (?) donnant le signal d’ouverture des jeux

Ra 50 bis, Ra 97 et Ra 98

Maximien Hercule (?) donnant le signal d’ouverture des jeux

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 30 (tête) - 51 (bras) -
35 (main gauche) x l. 22,5 (tête)
- 23,5 (bras) - 19 (main gauche)
x P. 16,5 (tête) - 17,5 (bras)
- 14,5 (main gauche) (cm)

Partie 4

Le décor figuré

Tête nue d’Hercule

Ra 28 a

Tête nue d’Hercule

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 31 x l. 22 x P. 20 (cm)

Hercule et l’Hydre de Lerne

Ra 28 b

Hercule et l’Hydre de Lerne

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 141 x l. 88 x P. 22 (cm)

Hercule et le sanglier d’Érymanthe

Ra 28 d

Hercule et le sanglier d’Érymanthe

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 144 x l. 88,5 x P. 20 (cm)

Hercule et les écuries d’Augias

Ra 28 j

Hercule et les écuries d’Augias

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 138 x l. 85 x P. 20 (cm)

Hercule et les oiseaux du lac Stymphale

Ra 28 g

Hercule et les oiseaux du lac Stymphale

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 130 x l. 90,5 x P. 16 (cm)

Hercule et les bœufs de Géryon

Ra 28 l

Hercule et les bœufs de Géryon

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 155 x l. 103 x P. 23 (cm)

Hercule et le taureau de Crète

Ra 28 c

Hercule et le taureau de Crète

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 49 x l. 48 x P. 20 (cm)

Hercule et le roi Diomède

Ra 28 i

Hercule et le roi Diomède

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 38 (jument) – 105 (Hercule)
– 31 (Diomède)
x l. 49 (jument) – 54 (Hercule) – 30 (Diomède)
x P. 13 (jument) – 15 (Hercule)
– 16 (Diomède) (cm)

Hercule et la reine des Amazones

Ra 28 h

Hercule et la reine des Amazones

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 146 x l. 66 x P. 19 (cm)

Hercule et les Pommes d’or des Hespérides

Ra 28 f

Hercule et les Pommes d’or des Hespérides

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 148 x l. 63 x P. 21 (cm)

Hercule et Cerbère

Ra 28 e

Hercule et Cerbère

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 143 x l. 85,5 x P. 19 (cm)

Tête d’Hercule barbu

Ra 28 k

Tête d’Hercule barbu

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 29,5 x l. 23,5 x P. 22 (cm)

Attis

Ra 34 l

Attis

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 95 x l. 79 x P. 43 (cm)

Cybèle

Ra 34 i

Cybèle

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 91 x l. 72 x P. 40 (cm)

Esculape

Ra 34 m

Esculape

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 78 x l. 75 x P. 38 (cm)

Hygie

Ra 34 k

Hygie

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 76 x l. 73 x P. 35 (cm)

Diane (?)

Ra 34 h

Diane (?)

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 86 x l. 74 x P. 38 (cm)

Minerve

Fin du IIIe-premier tiers du IVe siècle

Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)

H. 79 x l. 76 x P. 42 (cm)

Junon (?)

Ra 51bis

Junon (?)

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 36,5 x l. 33 x P. 24 (cm)

Vulcain

Ra 34 d

Vulcain

Fin du IIIe-premier tiers du IVe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 47 x l. 31 x P. 30 (cm)

Vénus (?)

Ra 34 f

Vénus (?)

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 45 x l. 32 x P. 31 (cm)

Assemblée de philosophes (?)

Ra 116-Ra 95

Assemblée de philosophes (?)

Type Fin IIIe-IVe siècle

Marbre

H. 70 (Ra 116) – 26 (Ra 95)
x l. 30 (Ra 116) – 35 (Ra 95)
x P. 17,5 (Ra 116) – 14 (Ra 95) (cm)

Masques de théâtre

Ra 35

Masques de théâtre

Fin du IIIe siècle

Marbre

Masques bachiques

Ra 36 - Ra 37

Masques bachiques

Marbre

Minerve/Athéna

Ra 30

Minerve/Athéna

Fin du IIIe siècle

Marbre de Saint-Béat
(Haute-Garonne)

H. 42 x l. 40 x P. 12,5 (cm)

Partie 4

Le décor architectural

Chapiteau corinthien à tête de feuillage

2000.411.1

Chapiteau corinthien
à tête de feuillage

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 49,5 x l. 76 x P. 17,2 (cm)

Chapiteau de pilastre

Ra 25

Chapiteau de pilastre

IVe siècle

Marbre

H. 35,8 x l. 44 x P. 9,3 (cm)

Chapiteau de pilastre

2000.180.1

Chapiteau de pilastre

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 20 x l. 30 x P. 8,5 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 f

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 93 x l. 98 x P. 14,5 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 b

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 134 x l. 65 x P. 13 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 a

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 197 x l. 64 x P. 12 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 h

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 79 x l. 44 x P. 8 (cm)

Corniche

2000.173.5

Corniche

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 8 x l. 42 x P. 5,5 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 d

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 178 x l. 60 x P. 10 (cm)

Plaque de décor

2000.179.3

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 25,5 x l. 28 x P. 3 (cm)

Plaque de décor

2000.175.1.1

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 30 x l. 63 x P. 4 (cm)

Plaque de décor

2000.176.1

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

"Marbre griotte" de Campan

H. 24 x l. 29 x P. 3 (cm)

Plaque de décor

2000.176.2

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 18 x l. 28,5 x P. 3,5 (cm)

Plaque de décor

2000.176.3

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 25,5 x l. 28 x P. 3 (cm)

Plaque de décor

2000.176.4

Plaque de décor

IIIe-IVe siècle

Marbre des Pyrénées

H. 18 x l. 20,5 x P. 4 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 e

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 87 x l. 64,5 x P. 11 (cm)

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Ra 23 c

Fragment d’un pilastre ou d’un jambage de porte

Fin du IIIe siècle

Marbre

H. 105 x l. 42 x P. 7,5 (cm)

Colophon

Directrice de la publication Laure Barthet,
conservateur du Patrimoine,
directrice du musée Saint-Raymond

Coordination éditoriale Christelle Molinié,
responsable des ressources documentaires

Auteurs des textes Pascal Capus, chargé des collections
de sculptures romaines et numismatiques.
Texte d’introduction de la partie 3 écrit en collaboration
avec Chloé Damay, doctorante en archéologie.
Les notices relatives aux portraits ont été rédigées
à partir des travaux de Jean-Charles Balty,
Daniel Cazes et Emmanuelle Rosso.

Développement du système de publication Antoine Fauchié

Conception graphique Julie Blanc

Crédits photographiquees Daniel Martin, CC BY-SA
Emilie Cazin (intérieur de 4e de couverture), CC BY-SA
Félix Régnault, documentation du MSR (p. 17), domaine public

Infographie du plan de la villa de Chiragan Pierre Pisani (Service archéologique de Toulouse Métropole)
et Emanuelle Guillemot, CC BY-SA

Typographies Orkney par Hanken Design Co.
Bellaza par Eduardo Tunni

Impression Ménard Imprimerie, Labège (France)

Citer cet ouvrage:

Capus P., Les sculptures de la villa romaine de Chiragan,
Toulouse, 2020. ISBN : 978-2-909454-44-3.