Partie 2 Galerie des portraits

Tête d’Antonia Minor

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Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Tête d’Antonia Minor
Données biographiques
36 avant notre ère - 37
Fille de Marc Antoine et d’Octavie (sœur d’Auguste), épouse de Drusus l’Ancien (frère de Tibère), mère de Germanicus et de l’empereur Claude
Date de création
Entre 37 et 54
Type
dit « Schläfenlöckchen » (« aux boucles sur les tempes »)
Matériau
Marbre lychnites (île de Paros)
Dimensions
H. 27 x l. 21,2 x P. 21 (cm)
Numéro d’inventaire
Ra 31

Cette tête, dans laquelle fut reconnue Antonia Minor, est probablement entrée dans les collections toulousaines durant la première moitié du XIXe siècle. Elle fut complétée et montée sur un buste en stuc conçu à cet effet. Aucun document ne prouve assurément que le portrait provient bel et bien de Chiragan.

Nièce d’Auguste et mère d’un prince adulé, Germanicus, Antonia ne pouvait que bénéficier d’une image glorieuse. Le portrait de cette princesse, réputée pour sa beauté, fut amplement répandu à travers l’Empire, depuis 16 ou 15 avant n. è., jusqu’après sa mort, sous le règne de Claude (41-54 de n. è.). Elle reprit la charge de prêtresse du culte d’Auguste divinisé, succédant ainsi à l’impératrice Livie, morte en l’an 29 de n. è. Belle-sœur de Tibère, Antonia avait informé celui-ci du complot fomenté par le préfet de la garde prétorienne, Séjan, à l’automne 31. Ainsi l’empereur lui témoigna-t-il sa reconnaissance en lui élevant sculptures et dédicaces associées. Mais c’est sous le règne de Claude, son fils, qu’elle reçut le plus grand nombre d’hommages, témoignant de son rôle clé au sein de la maison impériale. Antonia est par conséquent la princesse la plus honorée en Gaule, comme en témoigne la série de portraits et de dédicaces découverte à Nîmes, Cimiez, Béziers, Chiragan et Vienne. Dans cette dernière ville, c’est un portrait colossal de la princesse, posthume probablement, portant le diadème, qui fut mis au jour dans le théâtre.

La tête toulousaine, malheureusement très endommagée, fut taillée dans un marbre grec oriental, probablement dans un atelier de Rome. On y reconnaît la simplicité de la coiffure d’Antonia, formant des vagues de part et d’autre d’une raie centrale, caractéristique des figures idéales grecques, un style de coiffure qui connaît une grande diffusion dans l’art du portrait, surtout à partir du début du règne d’Auguste. Mais la chevelure est ici maintenue par un sobre serre-tête qui semble torsadé : peut-être simple ornement ou symbole du statut de prêtresse du culte d’Auguste divinisé, endossé par Antonia, d’après Emmanuelle Rosso E. Rosso, L’image de l’empereur en Gaule romaine : portraits et inscriptions (Archéologie et histoire de l’art), Paris, 2006, p. 446.. Enfin, à l’arrière du crâne, avaient été rajoutées, par collage, des mèches ondulées maintenues par un catogan. Ce type d’adjonction était courant dans la sculpture hellénistique, durant les derniers siècles avant n. è.

L’ensemble de ces caractéristiques (mèches ondées et quelque peu relâchées, raie médiane et catogan), non seulement visible dans les groupes dynastiques provinciaux mais également diffusé par les monnaies frappées à l’effigie d’Antonia, fut à l’origine d’une véritable mode féminine sous le règne de Tibère. Car le modèle de sagesse et de vertu que personnifiait l’épouse de Drusus résonne dans le choix de cette coiffure sobre, qui fut alors préférée aux tresses compliquées et aux mèches retombant sur le front de la fin du règne d’Auguste.

D’après J.-C. Balty 2005, Les portraits romains , 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse, p. 145-161.

Bibliographie

  • Balty, Cazes 2005 J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse
    .
    p. 51-52, fig. 24-25, p. 147-160, fig. p. 146-149, 151 (no 77), 152 (no 79), 153 (no 81), 156 (no 83), 161
  • Balty, Cazes 1995 J.-C. Balty, D. Cazes, Portraits impériaux de Béziers : le groupe statuaire du forum, Toulouse
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    p. 107, no 104
  • Boschung 2002 D. Boschung, Gens Augusta : Untersuchungen zu Aufstellung, Wirkung und Bedeutung der Statuengruppen des julisch-claudischen Kaiserhauses (Monumenta artis romanae), Mainz
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    p. 129, 131, no 45.3, pl. 95.3-4
  • Du Mège 1835 A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse
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    p. 84, no 158
  • Du Mège 1828 A. Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le musée de Toulouse, Toulouse
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    p. 36, no 71
  • Fittschen 1977 K. Fittschen, Katalog der Antiken Skulpturen in Schloss Erbach (Archäologische Forschungen-Deutsches archäologisches Institut), Berlin
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    p. 61, no 7, no 4 (à propos du no 19)
  • Joulin 1901 L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris
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    p. 93, no 73
  • Künzl 1997 S. Künzl, « Antonia Minor, Porträts und Porträttypen », Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, 44, 2, p. 441‑495
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    p. 459, cat. B8, p. 488-489
  • Massendari 2006 J. Massendari, La Haute-Garonne : hormis le Comminges et Toulouse 31/1 (Carte archéologique de la Gaule), Paris
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    p. 242, fig. 101
  • Queyrel 1992 F. Queyrel, « Antonia Minor à Chiragan (Martres-Tolosane, Haute-Garonne) », Revue Archéologique de Narbonnaise, t.25
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    p. 69-77
  • Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse
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    p. 31, no 31
  • Rosso 2006 E. Rosso, L’image de l’empereur en Gaule romaine : portraits et inscriptions (Archéologie et histoire de l’art), Paris
    .
    no 211
  • Rosso 2000 E. Rosso, « Un portrait d’Antonia Minor au théâtre antique de Vienne (Isère) », Revue Archéologique, 2, p. 311‑325
    .
    p. 321, fig. 10

Pour citer cette notice

Capus P., "Tête d’Antonia Minor", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_31>.