Hercule et les oiseaux du lac Stymphale
- Date de création
- Fin du IIIe siècle
- Matériau
- Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
- Dimensions
- H. 130 x l. 90,5 x P. 16 (cm)
- Numéro d’inventaire
- Ra 28 g
En Arcadie, au nord du Péloponnèse, le lac Stymphale était entouré de fôrets profondes. Sur ses rives, des oiseaux carnassiers terrifiaient les populations. Selon les versions du mythe, les volatiles étaient non seulement dotés de bec et de pattes en bronze mais également de plumes métalliques acérées, lancées comme des flèches contre les ennemis. On comprend ainsi pourquoi ces oiseaux effrayants provoquaient des ravages, détruisaient les récoltes et tuaient les hommes.
Héraclès/Hercule eut pour mission de les combattre ; il s’agissait de son sixième travail. Il se servit, pour l’occasion, de l’arc qui avait appartenu au roi Eurytos, l’un de ses précepteurs. Ce dernier l’avait reçu d’Apollon. Mais Hercule s’arma davantage encore et fit preuve, une nouvelle fois, de ruse : afin de déloger les monstres de leurs arbres, il utilisa, en tant qu’appeaux, des percussions de bronze, des castagnettes (krotala) offertes par Athéna/Minerve et Héphaïstos/Vulcain. Diodore, lui, parle d’un « tambour d’airain » Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Ist century BC, IV, 13, 2.. Quoi qu’il en soit, le son effraya les oiseaux qui s’envolèrent et, ainsi exposés, furent abattus les uns après les autres, par les flèches décochées depuis l’arc divin.
Sur le relief, Hercule, le carquois rempli de flèches dans le dos, regarde les oiseaux tomber. En haut à droite, un oiseau, transpercé d’une flèche, chute d’un arbre ; un second est à terre. De très fortes similitudes ont été remarquées entre les ailes et les griffes impressionnantes des oiseaux de ce panneau et celles d’un aigle mort sur un relief représentant le mythe de Prométhée, à Aphrodisias M. Bergmann, Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel : zur mythologischen Skulptur der Spätantike (Palilia), Wiesbaden, 1999, p. 62.. Ces détails rendent probants les liens avec les ateliers de Carie. Quant à Hercule lui-même, son corps est ici le plus emprunté du cycle, marqué par une sorte d’engourdissement que l’écartement du bras droit ne fait qu’accentuer. L’hypertrophie musculaire participe, bien évidemment, de cette raideur, par le fort développement de la cage thoracique, des pectoraux, des obliques, du grand droit de l’abdomen, du bourrelet inguinal géométrique et de l’accentuation, au-dessus de la rotule, du vaste interne du quadriceps qui forme un losange et des lignes aiguës. De tels schémas se retrouvent en Carie, et particulièrement à Aphrodisias, où les ateliers impriment aux corps une même emphase L.M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor, 2005, p. 57..
P. Capus
Bibliographie
- Bergmann 1999 M. Bergmann, Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel : zur mythologischen Skulptur der Spätantike (Palilia), Wiesbaden.
- Cazes et al. 1999 D. Cazes, E. Ugaglia, V. Geneviève, L. Mouysset, J.-C. Arramond, Q. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris. p. 89, 91
- Du Mège 1835 A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse. no 164
- Du Mège 1828 A. Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le musée de Toulouse, Toulouse. no 76 bis
- Espérandieu 1908 É. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 2. Aquitaine, Paris. no 10
- Joulin 1901 L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris. no 94 B
- Massendari 2006 J. Massendari, La Haute-Garonne : hormis le Comminges et Toulouse 31/1 (Carte archéologique de la Gaule), Paris. p. 251, fig. 126
- Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse. no 28 g
- Roschach 1865 E. Roschach, Catalogue des antiquités et des objets d’art, Toulouse. no 28 e
- Stirling 2005 L.M. Stirling, The Learned Collector : Mythological Statuettes and Classical Taste in Late Antique Gaul, Ann Arbor.
- Ziéglé 2002 A. Ziéglé, L’Hercule de Bordeaux (Les chefs-d’oeuvre du Musée d’Aquitaine), Bordeaux. p. 13
Pour citer cette notice
Capus P., "Hercule et les oiseaux du lac Stymphale", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_28_g>.