Cybèle
- Date de création
- Fin du IIIe siècle
- Matériau
- Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
- Dimensions
- H. 91 x l. 72 x P. 40 (cm)
- Numéro d’inventaire
- Ra 34 i
Souvent nommée « Grande Mère des dieux », Cybèle était la patronne de la nature sauvage et de la fertilité. Son culte trouve ses racines en Phrygie (Anatolie) et embrassa peu à peu l’ensemble du bassin méditerranéen. En 204 avant n. è., Rome, menacée par les Carthaginois, dirigés par Hannibal, fait chercher la pierre noire (un probable fragment de météorite), depuis le sanctuaire de la déesse, à Pessinonte, en Phrygie. La Mater deum magna est alors introduite dans l’enceinte sacrée et un temple dédié sur le Palatin, colline des origines de Rome. Le culte, dit métroaque, devient progressivement synonyme de religion universelle et Cybèle une déesse salvatrice pour toutes les couches de la société M. Sartre, L’Orient romain : provinces et sociétés provinciales en Méditerranée orientale d’Auguste aux Sévères (31 avant J.-C.-235 après J.-C.), Paris, 1991, p. 479.. Attis, parèdre de la Mère universelle, bénéficie lui aussi apparemment, tout autant que cette dernière, d’un fort engouement sous l’Empire, dans les provinces occidentales. Leur culte prit, notamment, à Lectoure (Gers) une tournure officielle ; pas moins de vingt-deux autels y témoignent de la « régénération des forces de l’Empire », de l’époque des Antonins aux années chaotiques des empereurs militaires du IIIe siècle. Il en fut probablement de même, toujours au IIIe siècle, à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) P. Aupert, R. Turcan, « Attis et Cybèle à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) », Aquitania, 13, 1995, p. 179‑192, en partic. p. 189-192..
La couronne endommagée de la Grande Mère, à Chiragan, prend la forme d’un rempart, muni de tours et recouvert d’un voile. Ce couvre-chef renvoie à la protection de la déesse en période de conflit. Certes, les épisodes belliqueux ne manquent pas, en l’occurrence, en Occident, durant le IIIe siècle et encore au début du siècle suivant. Cependant, la présence de la déesse dans la villa témoigne surtout de son intégration à l’assemblée des dieux du panthéon traditionnel. Certainement associés au plus prestigieux des espaces de la villa, tous veillaient, depuis leurs supports en forme de bouclier. On peut concevoir la scénographie dont ils pouvaient dépendre : accrochés sur les parties supérieures des parois qui devaient accueillir le cycle riche en références politiques d’Hercule, ces dieux représentaient un lien puissant qui unissait Occident et Orient.
P. Capus
Bibliographie
- Aupert, Turcan 1995 P. Aupert, R. Turcan, « Attis et Cybèle à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) », Aquitania, 13, p. 179‑192.
- Beckmann 2020 S.E. Beckmann, « The Idiom of Urban Display: Architectural Relief Sculpture in the Late Roman Villa of Chiragan (Haute-Garonne) », American Journal of Archaeology, 124, 1, p. 133‑160. p. 138-139, fig. 3
- Cazes et al. 1999 D. Cazes, E. Ugaglia, V. Geneviève, L. Mouysset, J.-C. Arramond, Q. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris. p. 84
- Clarac 1841 F. Clarac, Musée de sculpture antique et moderne ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties : des statues, bustes, bas-reliefs et inscriptions du Musée royal des Antiques et des Tuileries, et de plus de 2500 statues antiques … tirées des principaux musées et des diverses collections de l’Europe… accompagnée d’une iconographie égyptienne, grecque et romaine…. Tome II, Paris. p. 585
- Espérandieu 1908 É. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 2. Aquitaine, Paris. no 892
- Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse. no 34 i
- Roschach 1892 E. Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : Musée des Augustins, Musée Saint-Raymond, Toulouse. no 34 c
- Sartre 1991 M. Sartre, L’Orient romain : provinces et sociétés provinciales en Méditerranée orientale d’Auguste aux Sévères (31 avant J.-C.-235 après J.-C.), Paris.
Pour citer cette notice
Capus P., "Cybèle", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_34_i>.