Partie 2 Galerie des portraits

Buste d’Auguste couronné de chêne

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Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Buste d’Auguste couronné de chêne
Données biographiques
63 avant n. è. - 14 de n. è.
Empereur de 27 avant n. è. à 14 de n. è.
Date de création
Première moitié du Ier siècle
Type
dit « Prima Porta »
Matériau
Marbre lychnites (île de Paros)
Dimensions
H. 51 x l. 34 x P. 25 (cm)
Numéro d’inventaire
Ra 57

Petit-neveu de Jules César, Octave est le sauveur de la République et le fondateur de la dynastie des Julio-Claudiens. Le titre d’Auguste (épithète renvoyant à la sphère religieuse et qui l’élève au-dessus des autres hommes) lui fut décerné le 16 janvier 27 avant n. è. par le Sénat. Augustus devint rapidement son prénom et celui de tous ses successeurs.

Le schéma des mèches frontales est identique à celui de la tête, associée à un corps cuirassé et aux pieds nus, de la Auguste de Prima Porta, Musées du Vatican, Michal Osmenda / Wikimedia Commons CC BYstatue découverte à Prima Porta, aux portes de Rome, dans la villa de Livie, épouse d’Auguste. Cette œuvre, aujourd’hui conservée dans les Musées du Vatican, montre un visage qui, loin de la physionomie de l’empereur, s’inspirait de celui du Doryphore (« Porteur de lance »), sculpture en bronze, connue par quelques répliques romaines en marbre, exécutée vers 440 avant n. è. par Polyclète, l’un des grands maîtres de l’époque classique. L’art de la Grèce du Ve siècle avant n. è. est en effet une référence constante dans l’art augustéen. L’idéal grec permet notamment de donner une image immuable de l’empereur, éternellement jeune, reflet de la stabilité de l’Empire. Le type iconographique de la tête de la statue de Prima Porta est associé à un type statuaire dont la portée symbolique était lourde de sens : des pieds nus, qui renvoyaient sans doute à un contexte religieux, ou encore d’héroïsation, et un décor sur la cuirasse montrant la restitution, en 20 avant n. è., des enseignes prises par les Parthes aux légions romaines de Crassus, lors de la bataille de Carrhes (actuelle Turquie), en 53 avant n. è. Un seul type de portrait, récurrent et stable, pouvait, on le sait, être associé à des types de statues différents : cuirassée, en toge (tête nue ou voilée), torse nu avec manteau enroulé à la taille, équestre ou encore assise. Le portrait d’Auguste, identique, donc, à celui de la statue de Prima Porta conservée au Vatican, montre une organisation des mèches, en particulier au-dessus du front, qui rompt avec le schéma qui avait été adopté pour les représentations antérieures de l’Empereur. On y distingue un agencement, strictement suivi durant tout le règne, déterminé par de grandes mèches qui, depuis la droite, dessinent une fourche et deux « pinces de crabe ». La coiffure s’est aplatie et s’éloigne du gonflement caractéristique visible dans les portraits de jeunesse, conçus durant la guerre civile. Désormais, le visage, marqué du sceau de l’équilibre et de la plénitude de l’art grec classique, répond à la chevelure disciplinée, l’ensemble formant une métaphore de la pacification de Rome par le vengeur de la mort de César. Le type, appelé à devenir immuable, permet d’identifier sans réelle ambigüité le primus inter pares (premier parmi ses égaux). C’est à partir de l’attribution du titre d’Augustus et de sa prise de pouvoir sur la République (sans qu’il ne soit réellement question d’un régime de type monarchique), en 27 avant n. è., que ce portrait de l’imperator fut créé et put s’imposer. Partout dans l’Empire, jusqu’à ses confins, cette image idéale fut rapidement diffusée.

Le portrait de Chiragan arbore la corona civica (« couronne civique »), composée de feuilles de chêne, symbole de Jupiter. Cet emblème honorifique fut décerné par le Sénat, en 27 avant n. è., lors de la cérémonie d’investiture de celui qui avait mis fin aux guerres civiles, rétabli la paix et assurait préserver les valeurs de la République oligarchique. Deux autres portraits, de même type et couronnés de chêne, conservés au Portrait d’Auguste du type de Prima Porta, Musée du Louvre Ma 1247 (MR 426), Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons CC BYmusée du Louvre et à la « Auguste Bevilacqua », Glyptothèque de Munich, Carole Raddato / Wikimedia Commons CC BY-SAGlyptothèque de Munich, ont été rapprochés de l’effigie de Chiragan. On notera, notamment, sur ces trois œuvres, comme sur bien d’autres, le crâne aplati à l’arrière ; il semble bien que ce trait récurrent sur les effigies en marbre de l’empereur représente l’une de ses caractéristiques physiques, à l’image, peut-être, de la bosse nasale, conforme à ce que rapporte Suétone Suétone, « Auguste », Vies Des Douze Césars, beginning of the 2nd century. dans sa description détaillée d’Auguste.

D’après J.-C. Balty 2005, Les portraits romains , 1 : Époque julio-claudienne, 1.1 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse, p. 73-98.

Bibliographie

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    p. 22-25

Pour citer cette notice

Capus P., "Buste d’Auguste couronné de chêne", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_57>.