Partie 2 Galerie des portraits
Buste cuirassé et drapé dans un paludamentum d’un haut fonctionnaire de l’Empire
- Date de création
- 220 - 235
- Matériau
- Marbre de Göktepe 3 (Turquie)
- Dimensions
- H. 80 x l. 67 x P. 38 (cm)
- Numéro d’inventaire
- Ra 71
Si le traitement « a penne » (c’est-à-dire en forme de petites plumes) des mèches de la chevelure apparaît dès les années 215 sur certaines effigies de Caracalla, il se maintient, selon les ateliers, jusqu’au règne de Dèce (249-251). Force est donc, dans le cas d’oeuvres anonymes, d’opter pour une fourchette chronologique relativement large qui laisse toute sa place aux différentes pratiques d’atelier.
Le buste toulousain étant celui d’un véritable « sosie » de Dèce, on en viendrait presque à se demander s’il ne pourrait s’agir d’un portrait de l’empereur antérieur de quelques années à la proclamation par les troupes de Pannonie en 249. Il faut pourtant se garder de toute proposition d’identification hâtive et simplement constater, une fois de plus, que l’on a là l’image d’un de ces fonctionnaires de l’entourage immédiat de l’empereur, ce qui, dans le contexte de Chiragan, ne surprendra guère.
Tête et buste, réunis depuis la restauration qui suivit immédiatement leur découverte, n’appartenaient pas à la même oeuvre. Il s’agit là d’un remontage moderne des sculpteurs toulousains pour la présentation des oeuvres dans la « Galerie des empereurs » de 1835. Le buste remonte à l’époque antonine, donc au siècle qui précède le type du portrait lui-même, comme en témoigne l’amorce des bras déjà assez nettement marquée, la largeur à hauteur des épaules et cette forme ovale que l’on retrouve sur plusieurs effigies d’Antonin le Pieux. Outre cette recomposition de l’époque moderne, la tête elle-même conserve la trace de reprises importantes, qui pourraient témoigner d’une véritable retaille dans l’Antiquité. Le pavillon de l’oreille gauche semble bien avoir été retaillé dans un portrait dont les oreilles, apparemment plus grandes, étaient en partie recouvertes par les boucles de la chevelure ; à l’arrière de l’oreille gauche, comme du côté droit, le grossier piquetage qui en cerne le contour diffère nettement du travail soigné des penne du reste de la coiffure. Enfin, la grosseur du cou par rapport à la tête, étroite, pourraient également s’expliquer par le remodelage systématique d’un portrait antérieur.
Cependant, le portrait est d’une grande qualité: subtilité du modelé du visage, intensité du regard, soin mis à détailler les penne de la chevelure et les mèches de la barbe prouvent la virtuosité des artisans de ces officines de l’Urbs (Rome) dans ce type de travail.
D’après J.-C. Balty 2020, Les Portraits Romains : L’époque des Sévères, Toulouse, p. 245-252.
Bibliographie
- Balty, Cazes 2021 J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : L’époque des Sévères, 1.3 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse. p. 39-41, 245-252
- Cazes et al. 1999 D. Cazes, E. Ugaglia, V. Geneviève, L. Mouysset, J.-C. Arramond, Q. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris. p. 140
- Du Mège 1835 A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse. no 223
- Du Mège 1828 A. Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le musée de Toulouse, Toulouse. no 137
- Espérandieu 1908 É. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 2. Aquitaine, Paris. no 977
- Joulin 1901 L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris. no 327
- Mesplé 1948 P. Mesplé, « Raccords de marbres antiques », La Revue des Musées de France, July. p. 157
- Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse. no 71
- Roschach 1892 E. Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : Musée des Augustins, Musée Saint-Raymond, Toulouse. no 137
Pour citer cette notice
Capus P., "Buste cuirassé et drapé dans un paludamentum d’un haut fonctionnaire de l’Empire", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_71>.