Tête quasi colossale de Maximien Hercule
- Données biographiques
- Vers 240/250-310, empereur de 286 à 305 et de 306 à 310
- Date de création
- Après 293
- Matériau
- Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
- Dimensions
- H. 43 x l. 26 x P. 30,5 (cm)
- Numéro d’inventaire
- Ra 34 b
À la fin de l’année 284, Dioclétien devient empereur (Auguste). Confronté aux menaces de peuples étrangers sur le limes (frontière) ainsi qu’aux velléités d’usurpation du pouvoir de certains généraux, le souverain s’adjoint un co-empereur, Maximien, auquel est octroyé le titre de césar. Les deux gouvernants sont originaires d’Europe centrale : Maximien naquit en Pannonie, entre cinq et huit ans avant Dioclétien, originaire de Dalmatie.
En 286, Dioclétien élève Maximien au rang d’Auguste, titre qui en fait un empereur à part entière. Cette dyarchie, pouvoir à deux têtes, qui pouvait rappeler celle de Marc Aurèle et de Lucius Verus durant le siècle précédent, était cependant appelée à évoluer. Ainsi, le 1er mars 293, fait nouveau dans l’histoire institutionnelle impériale, fut institué un mode de gouvernement bien plus innovant encore : la Tétrarchie. Aux deux augustes, Dioclétien et Maximien, sont en effet associés deux césars. Maximien, auguste d’Occident, est alors épaulé par Constance Chlore tandis que Dioclétien, auguste d’Orient, est assisté de Galère. Maximien choisit pour protecteur Hercule, héros devenu immortel, et administre l’Italie, la Rhétie (province comprise entre le Danube et la Vénétie), l’Afrique et l’Espagne. Son césar, Constance Chlore, père du futur Constantin le Grand, se consacre, de son côté, aux provinces de Gaule et de Bretagne (actuels Pays de Galles et Angleterre).
Comme nous l’avons développé dans l’introduction de cette partie, l’ensemble du décor exécuté dans du marbre de Saint-Béat ainsi que ces quatre portraits dépendent certainement de l’époque de cette première Tétrarchie et témoigneraient d’une restauration fastueuse de la villa de Chiragan sous Maximien. La statue à laquelle appartenait cette tête devait atteindre deux mètres soixante-quinze de hauteur ; elle était donc plus grande que la seconde représentation, très fragmentaire, de cet empereur, qui correspond à un relief particulièrement impressionnant dont les lacunes sont aujourd’hui restituées graphiquement dans le musée.
L’Empereur, non content de considérer Hercule, devenu immortel, comme son dieu tutélaire personnel, légitimait également son pouvoir au moyen de liens familiaux directs avec lui. Il en fit le patron de sa famille, devenue herculéenne à son tour A. Eppinger, Hercules in der Spätantike : die Rolle des Heros im Spannungsfeld von Heidentum und Christentum (Philippika), Wiesbaden, 2015, p. 158.. Il faut enfin noter, sur ce portrait, le dessin des mèches de la frange, des tempes et de la barbe qui rappellent sans équivoque la tête de l’Hercule combattant Diomède du grand cycle sculpté, non loin duquel cette statue de Maximien devait avoir été élevée.
D’après J.-C. Balty, Les portraits romains , La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse, 2008, p. 33-53.
Bibliographie
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Pour citer cette notice
Capus P., "Tête quasi colossale de Maximien Hercule", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_34_b>.