Partie 4 L’antiquité tardive

Attis

0%
Attis
Attis
Attis
Attis
Attis
Date de création
Fin du IIIe siècle
Matériau
Marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne)
Dimensions
H. 95 x l. 79 x P. 43 (cm)
Numéro d’inventaire
Ra 34 l

Attis était, en Phrygie, le gardien du temple de la déesse Cybèle. Cette dernière en était très amoureuse. Dans un accès de jalousie, elle le rendit fou, le poussa à s’émasculer et le transforma ensuite en pin. À Rome, tous les 22 mars, la procession de l’« entrée de l’arbre » célébrait la mort du dieu. Un pin coupé, décoré de bandes de laine rouge et d’instruments de musique, était porté jusqu’au temple de Cybèle.

La tête du jeune anatolien de Chiragan a été comparée, à juste titre, à celle de la reine des Amazones, Hippolytè, représentée dans l’un des reliefs des Travaux d’Hercule J.-C. Balty, D. Cazes, Les portraits romains, 1 : La Tétrarchie, 1.5 (Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane), Toulouse, 2008, p. 126.. Ils se ressemblent beaucoup, en effet : même bonnet phrygien et traitement identique des cheveux bouclés. Il ne fait pas de doute que l’ensemble ait été réalisé par le même atelier de sculpteurs.

Les images de divinités sur bouclier représentent un thème fréquent dans l’art romain. Quatre siècles avant n. è., des dieux étaient ainsi figurés en Italie centrale. Cette association entre des entités divines et la forme circulaire de l’arme défensive trouvait ses fondements dans la célèbre description homérique du bouclier que la déesse Thétis offrit à son fils Achille Homère, Iliade, 7th century BC, XVIII, 478-617.. Dans le récit légendaire, l’arme précieuse avait valeur de symbole cosmique par l’évocation de la Terre, au moyen de la forme circulaire, entourée des flots d’Océan et peuplée par les hommes, constructeurs de cités, pacifiées ou impliquées dans de terribles conflits. Les dieux, en tant que maîtres et grands ordonnateurs des destinées humaines, participaient dans ce contexte au labeur des mortels et à leurs activités, en particulier belliqueuses. Symbole d’héroïsation et d’éternité, l’effigie sur bouclier (imago clipeata), qu’elle soit sculptée, gravée ou peinte, servira également, à Rome, les aspirations de glorification des empereurs.

Les tondi de Chiragan peuvent être rapprochés de la Portrait de Pindare de la série de bustes sur boucliers découverte à Aphrodisias (Carie, Asie Mineure), © Feridun F. Alkaya / FlickRsérie, datée de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, par R. Smith, découverte à Aphrodisias, en Carie R.R.R. Smith, « Late Roman Philosopher Portraits from Aphrodisias », The Journal of Roman Studies, 80, 1990, p. 127‑155, en partic. p. 127-155.. Peut-être parce qu’il s’agit là de portraits et non de représentations divines, ces œuvres orientales paraissent plus expressives que celles de Chiragan dont les visages sont en revanche stylistiquement très proches de celui de l’Hélios/Sol de l’Esquilin, inv. 623, © Ole Haupt, Ny Carlsberg Glyptotek, CopenhagueHélios de l’Esquilin, conservé à Copenhague. Plus longilignes, les têtes d’Aphrodisias, aux joues moins pleines, sont également dépourvues des profonds creusements circulaires au trépan des barbes et des chevelures, caractéristiques des têtes de la villa garonnaise. Les mèches, à Chiragan, sont infiniment plus complexes et réunies, pour un certain nombre d’effigies, par de nombreux petits ponts qui se détachent sur les sillons de séparation généreusement creusés au trépan. De nombreux fragments, conservés dans les réserves du musée, témoignent de l’importance de cette série d’imagines clipeatae (représentations sur boucliers) dans le cadre du décor comprenant, outre ces médaillons des dieux, les reliefs des Travaux d’Hercule et de grands pilastres couverts de rinceaux d’acanthe « habités ».

P. Capus

Bibliographie

  • Beckmann 2020 S.E. Beckmann, « The Idiom of Urban Display: Architectural Relief Sculpture in the Late Roman Villa of Chiragan (Haute-Garonne) », American Journal of Archaeology, 124, 1, p. 133‑160
    .
    p. 139
  • Cazes et al. 1999 D. Cazes, E. Ugaglia, V. Geneviève, L. Mouysset, J.-C. Arramond, Q. Cazes, Le Musée Saint-Raymond : musée des Antiques de Toulouse, Toulouse-Paris
    .
    p. 84
  • Du Mège 1835 A. Du Mège, Description du musée des Antiques de Toulouse, Toulouse
    .
    no 154
  • Du Mège 1828 A. Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le musée de Toulouse, Toulouse
    .
    no 67
  • Ensoli, La Rocca 2000 S. Ensoli, E. La Rocca (éd.), Aurea Roma : dalla città pagana alla città cristiana. Mostra, Palazzo delle esposizioni, Roma, 22 dicembre 2000-20 aprile 2001, Rome
    .
    p. 458, no 55
  • Espérandieu 1908 É. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 2. Aquitaine, Paris
    .
    p. 31, no 892, fig. 4
  • Joulin 1901 L. Joulin, Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane, Paris
    .
    no 58 B
  • Massendari 2006 J. Massendari, La Haute-Garonne : hormis le Comminges et Toulouse 31/1 (Carte archéologique de la Gaule), Paris
    .
    p. 252-253, fig. 134
  • Rachou 1912 H. Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d’épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse
    .
    no 34 b
  • Roschach 1892 E. Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : Musée des Augustins, Musée Saint-Raymond, Toulouse
    .
    no 34 e
  • Smith 1990 R.R.R. Smith, « Late Roman Philosopher Portraits from Aphrodisias », The Journal of Roman Studies, 80, p. 127‑155
    .
  • Ziéglé 2002 A. Ziéglé, L’Hercule de Bordeaux (Les chefs-d’oeuvre du Musée d’Aquitaine), Bordeaux
    .

Pour citer cette notice

Capus P., "Attis", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_34_l>.