Partie 2 Galerie des portraits
Tête de Septime Sévère
- Données biographiques
- 145 - 211
Empereur de 193 à 211 - Date de création
- Entre 193 et 195
- Type
- dit « de l’avènement »
- Matériau
- Marbre de Göktepe 3 (Turquie)
- Dimensions
- H. 34 x l. 24 x P. 24 (cm)
- Numéro d’inventaire
- Ra 120 a
Sénateur d’origine africaine, né à Leptis Magna (en Tripolitaine, actuelle Libye), Septime Sévère devient gouverneur de la province de Pannonie supérieure, au cœur de l’Europe. Suite à l’assassinat de l’empereur Commode, puis de celui de Pertinax, il est fait empereur par les légions du Danube. Il s’appuie sur ses armées et entreprend une marche sur Rome afin d’être légitimé et d’éliminer ses principaux rivaux.
Cette tête de grande qualité, conçue dans un atelier officiel de Rome, date de cette accession au pouvoir, en 193. Cette année fut riche en rebondissements d’ordre politique. Le 28 mars, Pertinax fut assassiné, après seulement quatre-vingt-sept jours de règne. Cet événement ouvre une période de troubles, analogue à celle que l’Empire avait connue en 69, après la liquidation de Néron. À Rome même, le jour de la mort de Pertinax, Didius Julianus fut proclamé empereur par les prétoriens et par le Sénat ; mais, dès le 9 avril, les légions de Pannonie supérieure élevèrent le gouverneur de la province, Septime Sévère, à la dignité impériale et, deux mois plus tard, ce dernier était à Rome où le Sénat avait fini par le reconnaître et où Didius Julianus venait d’être assassiné. En Orient, le gouverneur de Syrie, Pescennius Niger, avait, lui aussi, reçu de ses troupes le titre d’Augustus, dès avril 193, et s’était mis en route vers Rome. Sévère se porta à sa rencontre, le défit près de Cyzique (sur la côte méridionale de la mer de Marmara, ancienne Propontide) puis revint à Rome où l’attendait l’annonce d’une nouvelle rébellion, celle de Clodius Albinus, le gouverneur de Bretagne, qu’il avait cependant désigné comme Caesar en avril 193 et avec qui il avait partagé le consulat en 194. Déclaré ennemi public (hostis) en décembre 195, Albinus fut battu à Lyon en février 197 et tué dans sa fuite.
Ce portrait de Chiragan correspond au « type I » des portraits de l’empereur. Septime Sévère avait alors 38 ans : Coiffure et barbe courtes, trois mèches rondes sur le front, regard dirigé vers le haut et rotation de la tête vers la droite. La tête, de grande qualité, appartient à un groupe de cinq portraits trahissant, jusque dans les moindres détails, l’existence d’un original commun et respectivement conservés à Toronto (Royal Ontario Museum, inv. 933.27.4), Toulouse (Musée Saint-Raymond, inv. Ra 120 a), Saint-Pétersbourg (Musée de l’Ermitage, A 3184), Londres, Bonhams Antiquities (vente du 3 avril 2014) et Melbourne (National Gallery of Victoria, inv. 1490/56). L’exemplaire de Toronto, provenant d’Ostie, est le plus complètement conservé. À ce groupe de base de cinq portraits, il convient sans doute d’associer une tête colossale d’Istanbul (Musée archéologique, inv. 46), couronnée de chêne, ainsi qu’une tête de Tyr, aujourd’hui au musée de Beyrouth (Musée national, inv. DGA 13204) couronnée de laurier . Les différences observées sur ces deux derniers portraits s’expliquent par les pratiques différentes des ateliers orientaux mais aussi par les difficultés que dut rencontrer la diffusion de cette première image premier de l’empereur dans les provinces.
Sur ces portraits du premier type iconographique de Septime Sévère, les cheveux sont assez nettement plus courts et plus près du crâne que sur les deux types suivants, où de longues mèches bouffantes sur les tempes, un front plus lisse et des arcades sourcilières moins marquées donnent un caractère très différent au personnage ; les oreilles sont découvertes. C’est bien l’empereur soldat, en lutte contre ses concurrents à l’Empire, qui est ici figuré ; les types suivants auront une tout autre signification. Par rapport à eux également, on notera une direction et une acuité différentes du regard, qui en font davantage un homme d’action : porté vers la droite sur ces effigies de l’avènement, il n’est pas encore tourné vers le haut comme sur certains exemplaires des « type de l’adoption » et « type Sérapis » où se perçoit cette affirmation d’un contact maintenu avec les dieux.
D’après J.-C. Balty 2020, Les Portraits Romains : L’époque des Sévères, Toulouse, p. 85-93.
Bibliographie
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Pour citer cette notice
Capus P., "Tête de Septime Sévère", dans Les sculptures de la villa romaine de Chiragan, Toulouse, 2019, en ligne <https://villachiragan.saintraymond.toulouse.fr/ark:/87276/a_ra_120_a>.